Le tribut de la liberté

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Il est toujours utile de rappeler en cette Journée internationale de la presse, le lourd tribut payé par les journalistes durant les années sanglantes où l’on n’était pas sûr de revenir sain et sauf chez soi. Dès les premiers attentats -qui ont eu lieu avant l’interruption du processus électoral, faut-il le préciser- les journalistes n’ont pas tergiversé en faisant tout simplement leur travail et l’on se souvient qu’à cette époque de nombreux commentaires fustigeaient cette violence inouïe en mettant au placard la sacro-sainte objectivité souvent confondue avec la neutralité. D’ailleurs, c’est cette prise de position tranchée contre le terrorisme qui coûtera la vie à de nombreux confrères horrifiés par les actes barbares de ceux-là qui agissaient au nom de la religion. Fallait-il se taire en donnant juste l’information et en respectant ainsi la fameuse «éthique» qui imposait des limites à ne pas franchir ? Les balles assassines d’un côté et l’épée de Damoclès de l’autre, brandie par les pouvoirs publics qui sévissaient en fermant carrément les journaux en leur reprochant d’avoir divulgué des informations sécuritaires. Ainsi pris entre deux feux, les journalistes ont quand même continué à faire leur métier non pas de façon détachée, mais en se positionnant courageusement du côté de la population et des forces de sécurité quotidiennement ciblées par les attentats. Au point de se faire traiter de supplétifs de l’Armée par les officines étrangères pressées de voir capituler l’Algérie dans l’obscurantisme. On se souvient de ces missions étrangères qui venaient s’enquérir de l’identité des auteurs des massacres, donnant ainsi du blé à moudre aux partisans du fameux «qui-tue qui». Ainsi, hormis quelques journaux inféodés à la nébuleuse islamiste et dont les chroniqueurs jouaient sournoisement de l’amalgame entre laïcs-mécréants et démocrates, le reste de la corporation continua à se battre contre la barbarie. Avec le bilan macabre qu’on sait.