Libération des 52 otages américains: Signature des Accords d’Alger entre les USA et l’Iran

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De Paris, par Albert Farhat

Une prise d’otages et une grande crise entre les États-Unis et la République Islamique d’Iran nécessite la médiation algérienne qui y jouera un rôle très important.

Alors que les USA accueillent depuis le 22 octobre le shah d’Iran, exilé au Mexique après la révolution islamique de janvier 1979, 400 étudiants s’attaquent à l’ambassade américaine de Téhéran. Après 2h de sièges, ils envahissent les lieux et prennent 63 personnes en otage ainsi que des membres de l’administration. Leurs revendications sont claires : la libération des otages se fera en échange de la livraison du shah pour qu’il soit jugé en Iran. Mais les États-Unis ne souhaitent pas livrer leur ancien allié qu’ils reçoivent pour raisons médicales. Et encore moins céder devant Khomeiny, soupçonné d’être responsable de cette opération. Treize otages seront libérés durant les premières semaines, alors que 52 devront attendre un dénouement qui prendra 444 jours. Mais l’histoire est réelle. Et il se trouve que les deux pays en crise, ont porté leur choix sur l’Algérie pour la médiation de la crise.

Du moins pour la seconde phase,

L’intermédiaire doit être plus qu’un simple canal de communication entre les deux pays en conflit. Il se doit de préparer la voie à une solution qui soit susceptible d’être acceptée par les deux antagonistes en circonscrivant le champ de la négociation et en réduisant les différences entre les positions des uns et des autres.

Pour se faire, le gouvernement algérien met en place une « cellule volante » d’experts de haut rang, qui vont, à partir d’Alger, assurer la communication entre le gouvernement américain et le gouvernement iranien, en se rendant selon les besoins, tantôt à Washington, tantôt à Téhéran.

Le choix des négociateurs est en l’occurrence très important. Les médiateurs doivent des conditions précises : se situer à un niveau élevé de leur hiérarchie respective (qu’ils soient investis d’une autorité suffisante aux yeux de leurs futurs interlocuteurs), avoir une grande expérience en négociation internationale pour faire face, de manière immédiate, aux situations imprévues et posséder des connaissances techniques en divers domaines pour trouver des solutions adaptées à des problèmes de nature différente.

Le choix s’est porté officiellement sur trois personnalités : Abdelkrim Gheraïeb, ambassadeur d’Algérie à Téhéran, Redah Malek, ambassadeur d’Algérie aux États-Unis et Seghi Mostefaï, directeur de la Banque d’Algérie, avec pour responsable (négociateur) ministre des Affaires Étrangère, Mohamed-Seddik Benyahia. Le chef de mission est le Commandant Si Salah numéro 2 et secrétaire général de la puissante sécurité militaire.

Les trois médiateurs commencent leur travail.

D’abord, faire l’inventaire des points d’accord et des points de désaccord pour délimiter de façon réduite le champ de la négociation. Puis, examiner les propositions des deux parties et éliminer si besoin les éléments qui poseraient problème d’un côté ou de l’autre. Enfin, trouver les moyens d’une relance lorsque la négociation butte face à des obstacles qui semblent insurmontables. Et justement, les négociations bloquent sur un point précis, lié au « chiffrage » financier des avoirs iraniens saisis par les USA.

Les médiateurs Algériens proposent alors l’idée d’une Déclaration algérienne qui exposerait les « obligations indépendantes » des États-Unis et de l’Iran et qui se substituerait à la forme classique de l’Accord bilatéral. L’Iran accepte et quelques jours plus tard revient à de meilleurs sentiments pour ce qui est du « chiffrage » de ses avoirs. L’Algérie règle aussi les modalités du transport des otages américains et le 18 janvier sont signées les Accords d’Alger. La libération des otages a eu lieu le 20 janvier 1980, après 444 jours de détention et quelques dizaines de minutes après le premier discours présidentiel du républicain Ronald Reagan élu en remplacement du démocrate Jimmy Carter, quelques mois auparavant. Les otages rejoignent leur pays le 27 janvier 1980 après un tour à la base aérienne de Wiesbaden en Allemagne.