Une université privée?

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Est-il judicieux d’ouvrir des universités privées? Autrement dit, sommes-nous prêts à cette éventualité quand on sait que l’enseignement supérieur a toujours été « la chasse gardée» de l’Etat? Certes l’ouverture des autres cycles scolaires au secteur privé a donné des résultats mitigés et si certains établissements ont convenablement rempli leur mission, d’autres par contre ont privilégié le côté «business» et ont fait plus dans l’affairisme que la pédagogie. Dès lors on comprend les hésitations des pouvoirs publics à consentir à une telle expérience. Cependant, il ne faut pas se voiler la face, le secteur privé est inéluctable. D’abord parce que c’est dans l’ordre des choses et si tous les autres domaines sont privatisables à l’instar de l’industrie, le tourisme, l’agriculture, la santé, pourquoi l’enseignement supérieur ne le serait-il pas? Ensuite parce que l’université est en ce moment sujette à bien des controverses, devenue l’apanage d’un fonctionnariat et du carriérisme au lieu et place d’éminents chercheurs et d’universitaires chevronnés. Aussi l’ouverture au secteur privé doit se faire avec une feuille de route très précise et confiée à d’éminents spécialistes. Entre temps, il faudra songer à revoir intégralement la situation actuelle de l’université que tout le monde s’accorde à qualifier de préoccupante. Régulièrement, des contributions d’universitaires reconnus, mettent l’accent sur l’état de déshérence qui a atteint cette institution censée produire de la pensée et de la connaissance  en s’inscrivant dans une quête universelle du savoir. Or politisée à l’extrême, elle est devenue l’arène de confrontations idéologiques, le lieu-dit des passe-droits, des consécrations aux plus hauts grades par l’ancienneté et non les travaux de recherche, et aussi hélas, le carrefour de toutes les violences puisque des enseignants sont constamment agressés. Alors, privatiser d’accord mais surtout réformer sérieusement l’université publique.