Nostalgie: The Guardian se rappelle au bon souvenir de Belloumi

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On ne peut pas remonter le temps, ni changer l’histoire, sinon on aurait bien aimé faire dévier quelques trajectoires de footballeurs qu’on aurait mis dans un autre milieu et dans un autre contexte.

Qu’est-ce qu’aurait donné, par exemple, la carrière de Lakhdar Belloumi, s’il avait pu s’expatrier et rejoindre un grand club européen ? Une question qui revient souvent chez les anciens qui ont vu l’artiste à l’œuvre. Une frustration que le quotidien britannique, The Guardian a ravivé, hier, en consacrant un papier à l’équipe d’Algérie de 82, insistant notamment sur son exploit en Coupe du monde face à la RFA et sur le deuxième but sublime inscrit par Belloumi. Le journal s’étonne comment un joueur aussi génial, l’un des plus doués de sa génération, sinon le plus doué, inventeur de la passe aveugle dans les années 80, est resté un peu méconnu au niveau mondial et n’a participé qu’à une seule Coupe du monde. Comment, il n’a pas pu faire carrière en Europe ? Il faut savoir que le contexte de l’époque était complètement différent de celui d’aujourd’hui. Au temps de Belloumi, il était interdit à un joueur algérien d’aller monnayer son talent à l’étranger, avant l’âge de 27 ans. Cela parait absurde aujourd’hui, mais c’était la loi érigée par les politiciens qui se sont toujours immiscé dans les affaires du football. Certains joueurs ont pu la contourner en jouant en Europe avec des fausses identités ou rester une année sans jouer pour ensuite être qualifiés, mais Belloumi ne pouvait pas le faire. Ce qu’ignore le journaliste du Guardian est que Belloumi aurait pu jouer à Barcelone au début des années 80. Il l’a confié hier au site spécialisé algérien Lescore.info. «C’était à la fin du match contre le Nigéria pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 1982. Helenio Herrera (l’un des entraîneurs les plus marquants de sa génération, alors coach du Barça, ndlr),  est venu spécialement me superviser à Constantine pour négocier mon transfert. On s’est vu après le match, il m’a alors proposé de jouer au Barça. Je lui ai fait savoir que la loi de la Fédération algérienne de football ne permettait pas aux joueurs algériens d’évoluer à l’étranger avant l’âge de 27 ans. Il n’en revenait pas. Mais comme il me voulait à tout prix, il a insisté à ce que je l’accompagne au siège de la Fédération pour essayer d’avoir une dérogation pour moi. Je me souviens qu’on est allé voir le secrétaire général de la FAF, le regretté Moulay. Il lui a expliqué que ce n’était pas possible parce que la «loi ne le permettait pas», se remémore-t-il avec amertume. On imagine un peu sa grande déception, surtout qu’il était sollicité par le meilleur entraîneur du monde de l’époque. «C’est normal parce que c’était quand même le FC Barcelone qui me voulait. Et dire que j’ai failli jouer avec Diego Maradona qui avait rejoint le Barça juste après le mondial 82. Je ne sais pas ce que cela aurait donné sur le terrain… Malheureusement, il y a eu cette loi décrétée par Boumediene et qui a bloqué avant moi de grands joueurs algériens comme Lalmas, Hadefi, Bencheikh et beaucoup d’autres», regrette-t-il.Il est vrai qu’un duo Maradona-Belloumi dans la même équipe et au sommet de leur art, aurait probablement marqué l’histoire du football. Mais le destin en a décidé autrement.

Ali Nezlioui