Hommage: Saïd Amara, un monument du football algérien s’en va

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L’une des dernières étoiles de la glorieuse équipe du FLN s’est éteinte, hier, emportant avec elle un pan de l’histoire du football national. Personne n’est éternel, mais Saïd Amara restera dans les mémoires comme l’homme humble, affable et courtois.

Des qualités qu’il a incarnées jusqu’au dernier souffle de sa vie consacrée presque entièrement au pays. D’abord en tant que footballeur talentueux puis comme éducateur émérite et pédagogue respecté qui a formé de nombreuses générations de joueurs. Aujourd’hui, il est allé rejoindre dans le firmament ses anciens camarades laissant orphelins les derniers survivants de la fantastique équipe qui a ébahi le monde et porté très haut le nom de l’Algérie défiant et narguant la puissance du colonisateur français. Un modèle qui a inspiré et inspire encore tous les joueurs ayant porté le maillot national. Le dernier hommage lui a été rendu par le sélectionneur des Verts, Djamel Belmadi qui a confié combien l’influence et l’aura de l’équipe FLN a compté dans ses décisions et dans sa détermination. Elle demeurera une force spirituelle inébranlable, même lorsque son dernier représentant quittera ce bas monde. Dans les moments d’exaltation, d’euphorie, de joie, mais aussi de tristesse et de déception, ceux qui défendent les couleurs nationales sur le terrain, auront toujours dans un coin de leur tête, une pensée aux Bentifour, Zitouni, Aribi, Kermali, Soukhane, Ibrir et tous les autres, sans lesquels il n’y aurait peut-être pas d’Histoire. Saïd Amara, en tant que membre influent de sa génération, ne s’est jamais caché assumant pleinement son rôle de pionnier ayant largement contribué dans la progression dans notre football postindépendance.  Ses connaissances, sa riche expérience accumulée dans son pays et en France ont profité à de nombreuses générations. Dans le début des années 80, alors qu’il entraînait le MCO, il est apparu sur le petit écran dans le sillage d’un reportage consacré au club oranais, pour nous annoncer fièrement  la naissance de deux futures grandes stars du football algérien, au moment où personne encore ne les connaissait vraiment. Il s’agissait de Belloumi et de Bensaoula. Ces gens là se trompaient rarement, car ils étaient habités d’un sens inné et inouï de dénicheur de talent. Car ils étaient eux-mêmes des footballeurs hors-pair. Une génération passionnée et passionnante, malheureusement en voie d’extinction. Chaque fois que l’une d’elle disparaisse, une étoile s’éteint dans le ciel. Du reste, il n’en subsiste que quelques unes dont l’éclat s’étiole au fil des années, mais qui continuent de nous éclairer par leur sagesse et demeurent pour nous des repères auxquels on se tourne dès qu’on se perd. Malheureusement, celle de Saïd Amara ne brillera plus jetant une ombre se propageant insidieusement par la force et la traîtrise du temps invincible et insurmontable.  Mais le souvenir de Saïd Amara ne s’effacera de sitôt.

Ali Nezlioui