Enfants autistes maltraités à Constantine: 9 personnes arrêtées, l’enquête en cours

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L’enquête dans l’affaire des enfants autistes victimes de violence et de maltraitance dans un centre non agréé pour la prise en charge de cette catégorie à Constantine a été entamée avec les neuf  personnes appréhendées pour «déterminer toutes les circonstances et identifier toute éventuelle personne impliquée», a indiqué, ce dimanche après-midi, le procureur de la République près le tribunal de Ziadia.

«L’enquête avec les 9 suspects arrêtés, une personne se présentant comme un psychologue, un gestionnaire de ce centre fictif, un individu non qualifié en plus de 6 autres individus présentés comme étant des éducateurs se poursuit pour mettre toute la lumière sur cette affaire», a déclaré Abdelfatah Kadri dans un point de presse. Il a dans ce sens ajouté que le supposé psychologue, le gestionnaire et la personne non qualifiée ont été arrêtés à titre préventif jusqu’à l’achèvement des investigations préliminaires, précisant que les enquêtes sont en cours pour confirmer le statut des personnes présumées être des éducateurs. «Des instructions ont été données aux instances sociales et administratives concernées à l’effet de prendre en charge les enfants, victimes de violences corporelles, notamment et un médecin légiste a été mobilisé pour éclairer le parquet sur ce volet», a fait savoir le procureur de la République. «Le premier constat fait état de l’ouverture à la ville de Constantine, dans une maison individuelle apparentant à un particulier, d’un centre privé pour la prise en charge spécialisée d’enfants souffrant d’autisme sans autorisation ou agrément», a-t-il dit, soulignant que le centre, dépourvu des moindres conditions d’hygiène et de sécurité, accueillait 31 enfants autistes (filles et garçons) âgés entre 6 ans et 11 ans placés par leurs parents pour des soins pour des sommes allant de 150.000 DA et 250.000 DA à verser de manière cyclique. Le même intervenant a indiqué que les personnes impliquées seront présentées devant les instances judiciaires compétentes en vue de prendre les mesures réglementaires qui s’imposent, une fois l’enquête en cours achevée. Pour rappel, suite à une alerte lancée par le réseau NADA, saisi par un des parents 31 enfants souffrant d’autisme ont été «libérés» par la Gendarmerie dont 20 ont pu rejoindre leur domicile. «Au total, 20 enfants autistes parmi les 31 victimes de violence et de maltraitance de la part des membres d’une association non agréée de prise en charge des enfants aux besoins spécifiques, «libérés» samedi par les services de la Gendarmerie nationale à Constantine ont rejoint leur famille», a indiqué, ce dimanche, la directrice de l’Action sociale (DAS), Samia Gouah. «Ces enfants sont issus des wilayas de Djelfa, El Bayadh, Ghardaïa, Sétif, Batna, et de Mila, en plus de 2 cas de Constantine», a précisé la même responsable, relevant que quatre enfants présentaient des «brûlures profondes» sur diverses parties du corps et des hématomes qui ont nécessité leur évacuation à l’hôpital. Elle a ajouté que les parents de ces enfants autistes avaient signé, lors de l’admission de leurs enfants dans cet établissement non agréé, un engagement leur interdisant la visite pour «une période de plus de 20 jours pour des besoins thérapeutiques», relevant qu’à «aucun moment une demande d’agrément pour cette association n’a été déposée auprès des services de la Direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de Constantine». De son côté, le président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (NADA), Abderrahmane Arar, a fait état d’un «déficit flagrant» en matière de prise en charge de cette catégorie vulnérable d’enfants. «Il est primordial de lutter contre la bureaucratie et donner la possibilité à ces enfants d’accéder aux établissements ouverts par l’Etat et de profiter d’une prise en charge adéquate», a-t-il soutenu.

Malia Sahli