Élection présidentielle du 4 juillet prochain: Said Sadi : «« Ce serait un vrai désastre politique pour le pays »

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Said Sadi prend une nouvelle fois position contre l’élection présidentielle du 4 juillet prochain que le pouvoir tente d’imposer.

« Ce (…) serait un vrai désastre politique pour le pays », averti-il. « Si nul ne peut dire comment va se traduire concrètement le mouvement du 22 février, il faut être un dangereux aventurier pour croire que la société algérienne va encore se laisser canaliser dans les fosses politiques gérées par des hyperprésidents où on a fait macérer la génération d’après-guerre », ajoute-t-il. Face à l’offensive du pouvoir, le fondateur du RCD appelle à ignorer ses messages : « Leur monde est mort mais ils refusent de l’admettre. Il n’y a pas lieu de leur livrer combat. Le débat est impossible. La seule réponse à opposer à ces prêches antiques est de les ignorer ». « Il est donc indispensable de placer des barrières étanches entre ceux qui adhèrent à la revendication du changement de système et ceux qui cherchent à le ressusciter ou à en proroger l’impéritie. Ces deux attitudes sont exclusives l’une de l’autre. Et opérer cette décantation est déjà une manière d’avancer et de gagner du temps », poursuit-il. Said Sadi se montre optimiste concernant l’avenir de la révolte populaire actuelle qu’il estime différente de « l’explosion d’octobre 1988 ». « Le caractère violent et éruptif de la première ne pouvait pas déboucher sur un mouvement durable. Emmené par un élan dominé par les jeunes, parmi lesquels les étudiants ne tarderont pas à être le fer de lance, le mouvement du 22 février a pu se donner, grâce aux réseaux sociaux, un minimum de lisibilité politique ; ce qui lui a permis de gagner l’ensemble du pays, entrainant derrière lui la quasi-totalité des catégories sociales », explique-t-il. « La cible du mouvement qui demeure le démantèlement du système est à la fois stratégiquement pertinente, elle soulève le vrai problème du pays, et tactiquement efficace puisqu’elle fédère le plus grand nombre. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis, jusque-là, de déjouer toutes les manœuvres de provocation et de division », ajoute-t-il. Said Sadi se dit opposé une structuration du mouvement populaire. « Ce serait une erreur. En tout cas pour l’instant. Tant que l’état-major ruse en feignant de croire qu’il y a possibilité de trouver dans le cadre d’institutions caduques une issue à une impasse qui en est la conséquence, le mouvement doit demeurer une puissance collective insécable fixée sur son objectif premier : la sortie d’un système politique obsolète et prédateur », détaille-t-il. « On ne part pas de rien. Dans le feu de la mobilisation citoyenne des propositions réalistes et judicieuses ont émergé. Une présidence collégiale dont le nombre et la composition reste à définir est une garantie de sa résistance contre les pressions ou les tentations. Un gouvernement de transition formé de techniciens chargés des affaires courantes, une commission dont la mission est de convoquer les acteurs politiques et sociaux devant prévoir et gérer les mécanismes d’une transition démocratique, l’organisation des élections législatives avant la présidentielle font consensus dans les rangs du mouvement…. C’est déjà beaucoup. D’autres sujets peuvent venir s’ajouter à ce viatique. La mobilisation populaire doit rester de mise pendant toute cette période pour dissuader ou neutraliser les manœuvres contre-révolutionnaires », poursuit Said Sadi.« Dans la foulée de la révolution citoyenne, la situation est donc bien plus claire que ne le laissent sous-entendre les apparatchiks recyclés en arbitres autoproclamés ou suggérés par le pouvoir réel. Il reste à dissiper les malentendus, évacuer les confusions et prévenir les pièges. L’heure des grands choix a sonné », conclut-il.

S.L