Droits TV: La Ligue s’en remet toujours à l’ENTV !

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Ce jeudi, la Ligue nationale de football a aplani son différend avec l’Etablissement public de télévision (EPTV), en signant «un accord pour assainir la situation du contrat de sponsoring des championnats de football professionnel».

«Cet accord porte sur les deux saisons précédentes et celle de 2020/2021, ce qui permettra aux deux parties d’entrevoir l’avenir sous de meilleurs auspices», a écrit la Ligue sur son site officiel, reconduisant de facto le contrat entre les deux parties. Ainsi, la LNF cède officiellement les droits de retransmission du championnat de la Ligue 1 pour la saison 2020-2021 à la télévision publique. On n’en sait pas plus sur les termes et les modalités de cet accord. Les deux parties se sont contentées d’annoncer la nouvelle sans plus de détails. Comme c’est souvent le cas, tout se fait en catimini et parfois dans l’opacité. Des accords tacites imposés d’en haut pour des considérations strictement politiques étroites, loin des normes commerciales et économiques régissant ce genre de tractations. Visiblement, les médias publics sont toujours les premiers servis et privilégiés lorsqu’il s’agit d’acheter les droits télévisuels du championnat national. La concurrence est bannie depuis des années. La Ligue contrainte d’accepter les «miettes» proposées par l’ENTV, n’a jamais cherché à vendre son «produit» ailleurs. En dehors de toute compétition, il est difficile, voire impossible de promouvoir ou de mettre en avant le championnat local. Ce qui explique en grande partie la médiocrité des retransmissions télévisuelles du championnat local. Des images pixélisées appartenant à une autre époque, des commentaires stéréotypés et des émissions insipides et ternes, rien n’encourage à regarder les rencontres du championnat dont le niveau déjà laisse beaucoup à désirer. Avec la concurrence étrangère, l’on comprend dès lors la désertion du public algérien qui préfère aller voir ailleurs. On ne peut pas lui en vouloir. Il faut dire aussi que tout le monde s’en moque. Personne ne se soucie de la qualité, car la survie de notre championnat n’en dépend pas. Encore une fois, les pouvoirs publics, à cause de leur ingérence, tiennent le mauvais rôle dans ce dossier. Leur emprise et leur souci de tout contrôler empêchent toute évolution ou émancipation. Le football reste l’otage des autorités, mais personne ne s’en plaint vraiment. Dans ce deal entre «amis», tout le monde ou presque trouve son compte. On n’a en revanche aucune considération, ni du respect pour le public. Que du mépris affiché, comme en témoigne cette manière brute de couper en plein direct la retransmission d’un match pour passer le sacro-saint journal télévisé. Dans les accords signés avec la Télévision publique, la LNF ne s’est jamais souciée à exiger la qualité, alors que l’un de ses rôles principaux est justement de promouvoir sa compétition. C’est toujours la télévision qui impose sa loi, en décidant de retransmettre tel ou tel match sans aucune objectivité. Il lui est arrivé même de ne diffuser aucune rencontre au cours d’une journée sans qu’elle soit rappelée à l’ordre par les instances du football. En étant seule sur le marché, elle se comporte à sa guise. Une situation qui malheureusement ne risque pas de changer de sitôt.

Ali Nezlioui