Crise politique:  Benflis « convaincu » que l’option de la présidentielle  reste la « meilleure solution »

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 Le président du parti « Talaie El Hourriyet », Ali  Benflis, a réitéré hier sa « profonde conviction » que la tenue de  l’élection présidentielle dans les meilleurs délais reste « la voie la moins  longue, la moins risquée et la moins coûteuse pour le pays » sur tous les plans.

« En mon âme et conscience, je suis intimement convaincu que la voie de la  présidentielle est la voie la moins longue, la moins risquée et la moins coûteuse pour le pays politiquement, sécuritairement, économiquement et socialement », a-t-il affirmé dans un entretien accordé au quotidien Le Soir  d’Algérie. L’ancien chef du gouvernement a estimé, à ce titre, que la réédition du scénario de l’annulation du scrutin présidentiel du 4 juillet dernier est « aisément évitable ». « Il s’agit simplement, au moyen d’un dialogue national apaisé, confiant et  crédible, de réunir toutes ces conditions dont la teneur est désormais notoirement connue au plan politique comme aux plans institutionnel et légal », a-t-il préconisé. Ali Benflis a réfuté, dans ce contexte, les allégations sur l’existence d’un deal entre lui et l’état-major de l’armée, soulignant qu’il « n’est pas  un rallié tardif à l’option de la présidentielle » et qu’il en a été « l’un des précurseurs ». « Mon option pour la présidentielle ne se base pas sur un calcul, elle part d’une conviction profonde », a-t-il ajouté. Evoquant la voie et les moyens de la réalisation effective de l’objectif global de changement de régime auquel aspirent les Algériens, le président  du parti « Talaie El Hourriyet » a réaffirmé sa préférence pour l’option de la présidentielle au dépens de la Constituante, même s’il reconnaît qu’ « aucune de ces deux voies et aucun de ces deux moyens n’offre à lui seul de certitudes absolues quant au changement de régime ou à son maintien ». « La présidentielle n’est pas intrinsèquement destinée à reproduire le  régime en place, tout comme la Constituante n’est pas intrinsèquement munie du pouvoir de le changer par un coup de baguette magique. Et l’inverse est tout aussi vrai », a-t-il soutenu. Il a estimé, à ce propos, que « la rupture radicale, le changement de régime politique, la transition démocratique et la nouvelle Constitution de la République peuvent provenir tout autant de la présidentielle que de la  Constituante ». « La différence entre les deux options n’est pas là, elle est ailleurs. Je résume cela en deux phrases simples et intelligibles. La présidentielle est la voie de sortie de crise la moins longue, la moins risquée et la moins coûteuse pour le pays. La Constituante, par contre, est la voie la plus longue, la plus dangereuse et la plus coûteuse », a-t-il plaidé. Il en veut pour preuve les difficultés déjà rencontrées pour constituer le  panel des personnalités appelé à mener le dialogue national inclusif, estimant qu’il sera encore plus difficile de se mettre d’accord sur la composition de l’instance qui incarnera la Présidence de l’Etat et qui devrait convoquer la Constituante. « Un consensus autour d’une telle instance relèverait du miracle », a-t-il souligné. « Et je ne parle pas ici d’un point important qu’on ne peut passer sous silence ». Il s’agit de la convocation d’une Constituante par une autorité désignée,  c’est-à-dire non élue et donc à la légitimité pour le moins bancale, sinon douteuse. Si tel devrait être le cas, l’on pourra alors tout dire au sujet de la Deuxième République, dont il est question, sauf qu’elle repose sur une Constitution gagnée à la force de moyens démocratiques irréprochables », a-t-il ajouté. 

Donner sa chance au dialogue national

 

L’ancien chef du gouvernement a soutenu, à ce propos, que « la place du  changement de régime politique, la transition démocratique et la nouvelle  Constitution de la République sont dans le mandat de transition que le peuple algérien confiera au prochain président de la République ».  « Tout autre place serait trop lourde de périls pour y engager un Etat déjà fragilisé et affaibli », a-t-il mis en garde. Soulignant la nécessité de trouver une solution durable et définitive à la  crise actuelle, Ali Benflis a mis l’accent sur l’importance de « donner sa chance au dialogue national ». « Il ne faut pas se cacher la vérité et admettre que l’échec du dialogue national ferait véritablement entrer le pays en territoire inconnu et  l’exposer à des dangers redoutables », a-t-il averti. « Il ne faut pas se précipiter à le ranger au rayon des occasions manquées », a-t-il encore ajouté, énumérant, dans ce contexte, quatre grandes occasions qui se sont offertes sans être saisies de manière  opportune et effective. Il s’agit, selon Ali Benflis, de « la démission du président de la République qui aurait dû entraîner immédiatement dans son sillage celles des figures emblématiques de l’ancien régime politique aux commandes des principales institutions du pays ». Il y a eu ensuite, a-t-il poursuivi, « la démission du président du Conseil  constitutionnel qui a ouvert une autre fenêtre d’opportunité qui s’est vite refermée sans qu’il en soit tiré profit ». Le président du parti « Talaie El Hourriyet a cité, ensuite, l’annulation du scrutin du 4 juillet dernier. Il a estimé, à ce titre, que c’est « à la fin du mois d’avril, ou tout au début du mois de mai dernier, qu’un véritable dialogue national aurait dû s’ouvrir sous la conduite de  personnalités nationales indépendantes et crédibles avec pour mission d’assurer la tenue de l’élection présidentielle dans des conditions irréprochables ». « Pourtant, il aura fallu attendre jusqu’au 3 juillet dernier, c’est-à-dire jusqu’à l’ultime moment, pour que la Présidence de l’Etat admette son échec et propose une nouvelle approche politique de sortie de crise », a-t-il déploré. Il a regretté, enfin, le retard pris dans la constitution du panel de  personnalités à l’effet d’ouvrir un dialogue national. Pour Ali Benflis, « sans des mesures d’apaisement et de confiance, il y a tout lieu de craindre que le dialogue national ne vienne s’ajouter, à son tour, à la liste déjà fournie des occasions que le règlement de la crise actuelle aura manquées. Les conséquences en seraient alors incalculables ». 

M.T