Coronavirus: Baisse «historique» du trafic aérien Mondial

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Five Ryanair 737-800 Nose to Tail at Boeing Field K64174

«Le trafic aérien mondial a enregistré en mars la plus forte baisse de son histoire récente avec une chute de 52,9% par rapport à la même période de l’année dernière, retombant au niveau de 2006», a annoncé, mercredi, l’Association internationale du transport aérien (Iata).

«La demande, mesurée en kilomètres-passagers payants (RPK), a plongé de 52,9% par rapport à il y a un an. Il s’agit de la plus forte baisse de l’histoire récente» des compagnies aériennes, a précisé dans un communiqué l’Iata dont les 290 compagnies aériennes membres sont durement frappées par les fermetures de frontières décidées partout dans le monde pour freiner la propagation du coronavirus. «Mars a été un mois désastreux pour l’aviation. Les compagnies ont progressivement ressenti l’impact croissant des fermetures de frontières et des restrictions de circulation, y compris sur les marchés intérieurs, liées au coronavirus», a commenté le directeur général de l’Iata, Alexandre de Juniac, cité dans le communiqué. «La demande a été au niveau de celle de 2006, mais nous avons le double en flotte et en employés», a-t-il noté. «Pire, a-t-il poursuivi, nous savons que la situation s’est encore détériorée davantage en avril et la plupart des signaux sont en faveur d’un lent rétablissement».

Austrian Airlines demande une aide publique La compagnie autrichienne Austrian Airlines (AUA), filiale de l’Allemand Lufthansa, demande une aide publique de 767 millions d’euros afin de surmonter l’impact de l’épidémie de Covid-19, a indiqué, ce mardi, l’entreprise. «Nous avons déposé ce soir une demande officielle d’aide d’Etat», a déclaré à l’agence de presse APA le porte-parole d’AUA, Peter Thier, mentionnant ce montant de 767 millions d’euros. Une partie de la somme demandée est constituée de prêts remboursables, l’autre partie étant des subventions directes qui doivent encore être négociées, selon le porte-parole. Ces aides entreraient dans le cadre du fonds de 15 milliards d’euros récemment créé par l’Etat autrichien pour venir en aide aux entreprises via une nouvelle agence de financement baptisée COFAG. Au total, le gouvernement autrichien a prévu 38 milliards d’euros de mesures de soutien à l’économie pour affronter la crise économique liée à la pandémie. Austrian Airlines, dont la quasi totalité des avions sont cloués au sol depuis le 18 mars et au moins jusqu’au 3 mai, avait annoncé la semaine dernière la réduction de 25% de sa flotte à l’horizon 2022, conséquence du choc encaissé par le transport aérien. La compagnie autrichienne avait ajouté ne pas espérer avant 2023 un retour de la demande à un niveau comparable à celui précédant la crise. L’aide demandée par AUA fait partie des discussions plus larges menées par sa maison-mère, Lufthansa, avec les pouvoirs publics pour éviter la faillite. Le premier groupe européen de transport aérien pourrait recevoir des aides de l’Etat allemand, à hauteur de 9 à 10 milliards d’euros, selon l’agence de presse allemande DPA, qui cite des sources gouvernementales. Lufthansa est également en discussion avec les gouvernements de Belgique et de Suisse, autres pays où le transporteur est implanté. Le gouvernement autrichien, dirigé par les conservateurs et les écologistes, souhaite assortir son aide d’une contrepartie environnementale. Celle-ci pourrait notamment comprendre une réduction des court-courriers et un investissement dans les carburants verts. Selon le quotidien autrichien Kurier, les discussions de Vienne avec Lufthansa porteraient également sur une prise de participation de l’Etat autrichien dans le groupe allemand, qui n’y serait pas favorable. Quelque 7000 personnes sont actuellement salariées d’AUA, qui n’a pas détaillé l’impact sur l’emploi de la restructuration à venir. La compagnie aérienne «Icelandair» se sépare de 2000 employés La compagnie aérienne islandaise Icelandair a annoncé mardi se séparer de 2000 employés, en raison des «graves répercussions» de la pandémie de nouveau coronavirus sur les secteurs de l’aviation et du voyage. «Pour faire face à la situation, le groupe Icelandair prend des mesures importantes (…) y compris une réduction considérable du nombre d’employés et des changements à sa structure organisationnelle», a déclaré la compagnie, dans un contexte de crise sanitaire qui continuera de toucher les voyages aériens, dit-elle, «dans un avenir imprévisible». Icelandair se prépare ainsi à une «période prolongée d’opérations minimales». Cette réduction d’effectif touche en particulier les membres d’équipage, les services de maintenance et les opérations au sol. Le groupe précise que «la majorité des employés restants continuent à travailler à temps partiel» et que ceux travaillant à temps plein ont dû subir des réductions de salaire. «Ces mesures sont très douloureuses mais nécessaires», a réagi le PDG de la compagnie Bogi Nils Bogason, cité dans un communiqué. Et de poursuivre : «en dépit de la réduction significative de nos effectifs, nous conservons les opérations de base nécessaires et maintenons la flexibilité et la souplesse nécessaires pour répondre rapidement lorsque la demande commencera à augmenter». En 2018, Icelandair comptait quelque 4600 employés et avait transporté 4,4 millions de passagers, selon la compagnie. Prêts à Air France : d’autres compagnies réclament aussi l’aide de l’Etat Des compagnies aériennes françaises ont réclamé lundi à leur tour l’aide de l’Etat avec «un fonds d’un montant d’un milliard d’euros», après le soutien de 7 milliards accordé à Air France pour faire face à la crise du coronavirus. D’autres compagnies «rencontrent les mêmes difficultés qu’Air France et sont tout aussi soucieuses de renouveler leurs flottes pour améliorer leur compétitivité et participer à la transition écologique», a affirmé le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) dans un communiqué. «Pourquoi Air France est-elle la seule compagnie française à bénéficier d’un tel soutien?», demande à l’Etat le syndicat qui regroupe huit compagnies aériennes françaises, basées en métropole et dans les territoires ultra-marins, ainsi que des sociétés d’assistance aéroportuaire. Le «soutien massif» en faveur du groupe Air France «pour un montant historique de 7 milliards d’euros» représente «près de 45% du chiffre d’affaires annuel de la compagnie» (16,6 milliards en 2019, NDLR), poursuit-il. Cette aide permettra à Air France «non seulement de faire face à la crise Covid-19, mais aussi d’honorer ses commandes d’avions nouveaux». «Elle lui permettra aussi de restructurer son réseau aérien court/moyen-courrier pour affronter la concurrence étrangère qui sera encore plus vive au sortir de la crise», poursuit le syndicat, précisant que le chiffre d’affaires global des autres compagnies aériennes françaises représente environ 15% de celui d’Air France. «Le Scara demande donc qu’un fonds d’un montant d’un milliard d’euros, proportionnel à ce qu’Air France a obtenu de l’Etat, soit mis en place en urgence», poursuit-il. Le Scara regroupe les compagnies Air Tahiti, Ewa, Air Calédonie, Air Tahiti Nui, ASL, Air Saint Pierre, Air Corsica et Air Austral, ainsi que les entreprises Aerostravia, Groupe IGS et Alyzia. Les gouvernements français et néerlandais ont annoncé vendredi des aides pour les deux branches du groupe Air France-KLM, dont l’activité est quasiment à l’arrêt -hors rapatriements et acheminement de fret- depuis plusieurs semaines après la fermeture des frontières partout dans le monde pour freiner la propagation du coronavirus. Air France bénéficiera de 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l’Etat et de 3 milliards de prêt direct, avec en contrepartie des engagements sur l’amélioration de sa rentabilité et sur la réduction de ses émissions de CO2. Le gouvernement néerlandais projette pour sa part d’aider KLM à hauteur de deux à quatre milliards d’euros sous forme de prêts et garanties. La compagnie allemande Condor recevra un demi-milliard d’euros d’aide La compagnie aérienne charter allemande Condor, filiale du voyagiste en faillite Thomas Cook, va recevoir 550 millions d’euros de prêts garantis par les pouvoirs publics allemands, pour faire face à l’impact de la pandémie de nouveau coronavirus.» La Commission européenne a donné son accord» à ces garanties, qui seront accordées par l’Etat fédéral et l’Etat régional allemand de Hesse, ont indiqué lundi le ministère de l’Economie et l’entreprise, dont le projet de rachat par le polonais LOT a été abandonné mi-avril. Après le voyagiste TUI, Condor profite ainsi d’un plan d’aide aux entreprises de plusieurs centaines de milliards d’euros annoncé mi-mars par le gouvernement allemand qui inclut des prêts «sans limites» garantis via la KfW, la banque publique allemande. Fragilisée par le dépôt de bilan de sa maison mère, Thomas Cook, en septembre, Condor avait survécu plusieurs mois grâce à un premier prêt relai à hauteur de 380 millions d’euros garanti par l’Etat allemand, qui sera refinancé à hauteur de 256 millions d’euros. Annoncé en janvier, le projet de rachat de Condor par la compagnie polonaise LOT a été abandonné mi-avril, alors que le secteur aérien traverse une crise historique du fait de la pandémie de coronavirus. Comme Condor, Lufthansa, premier groupe aérien européen, pourrait également recevoir des aides de l’Etat allemand, à hauteur de 9 à 10 milliards d’euros, selon l’agence de presse allemande DPA, qui cite des sources gouvernementales. Cela se ferait via une prise participation de l’Etat allemand au capital du groupe. Lufthansa affirme perdre actuellement un million d’euros «par heure». Airbus subit une perte de 481 millions d’euros au 1er trimestre L’avionneur européen Airbus a plongé dans le rouge au premier trimestre, en affichant une perte de 481 millions d’euros pour le premier trimestre 2020, ce qui reflète les effets de l’épidémie de coronavirus, «la plus grave crise jamais rencontrée par l’industrie aéronautique», qui l’empêche notamment de livrer une partie de ses appareils. Airbus a publié mercredi une perte nette de 481 millions d’euros pour les trois premiers mois de l’année, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 281 millions d’euros, en baisse de 49%. Le chiffre d’affaires a lui affiché une baisse de 15,2%, à 10,6 milliards d’euros, «reflétant l’environnement difficile affectant le marché de l’aviation commerciale», affirme le groupe dans un communiqué. «Nous avons vu un démarrage solide de l’année sur les plans commercial et industriel mais nous constatons rapidement l’impact de la pandémie de Covid-19 dans nos comptes», a affirmé le président Guillaume Faury, cité dans le communiqué, en évoquant «la plus grave crise jamais rencontrée par l’industrie aéronautique». S’il a enregistré 290 commandes nettes sur la période, l’avionneur européen a livré 122 appareils, 40 de moins que l’an passé. Il a produit 60 autres avions qui n’ont pu être livrés aux clients en raison de l’épidémie de Covid-19. Avec leurs flottes clouées au sol par la pandémie, les compagnies aériennes clientes cherchent à préserver ce qu’elles peuvent de liquidités qui s’évaporent. «Il y a beaucoup de demandes de reports» de livraisons d’avions, a confié Guillaume Faury lors d’une conférence de presse téléphonique. L’avionneur dit en revanche ne pas avoir subi d’annulation de commande «liée au Covid-19». Airbus, qui a livré 863 appareils en 2019, a annoncé début avril qu’il baissait ses cadences de production d’environ un tiers pour s’adapter à la nouvelle donne. Airbus a en effet consommé 8 milliards d’euros de trésorerie au premier trimestre, dont 3,6 milliards pour le paiement d’amendes en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à l’issu d’un accord conclu en janvier dans des affaires de corruption. L’avionneur avait annoncé le 23 mars avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit pour porter ses liquidités disponibles à 30 milliards d’euros contre 20 milliards précédemment.

Malia S. /Ag.