Ligue 1: Vers le financement direct des clubs par l’Etat

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Après le changement du système de compétition adopté à l’unanimité par les membres de l’assemblée générale de la FAF, voici venir le parrainage prochain des clubs de l’élite par des entreprises publiques.

Une annonce faite, hier matin, sur les ondes de la Radio Chaîne III, par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Bernaoui. Une information qui a déjà circulé ces derniers jours et confirmée donc par le premier responsable du secteur.

C’est en quelque sorte un retour vers le futur. Les pouvoirs publics comptent de nouveau s’impliquer directement dans la prise en charge financière des équipes de la Ligue 1 exactement comme l’Etat l’a fait en 1976 à l’époque de la fameuse réforme sportive. Il faut savoir que ces derniers temps de nombreuses voix se sont élevés, à juste titre d’ailleurs, pour dénoncer le parti-pris des autorités du pays qui ont pris sous leurs ailes des clubs comme le MCA, le CSC, la JSS ou encore le CRB en laissant les autres se débrouiller par leurs propres moyens souvent dérisoires en ces temps de crise. Par leur intervention injuste et inappropriée, elles ont provoqué une situation de déséquilibre artificielle, créant un sentiment de frustration et de révolte chez les moins nantis. Cherif El Ouezzani, le manager et coach du MCO, l’a crié haut et fort récemment lors de sa dernière intervention médiatique, en relevant l’iniquité du partage de la manne financière entre les clubs. Il estime que son équipe qui n’a rien à envier aux autres en termes de popularité et de prestige, principal repré- sentant de surcroit la deuxième ville du pays, mérite tout aussi d’être prise en charge convenablement, puisque on n’est jamais sorti de l’ère de l’assistanat. Abdelkrim Medouar, le président de la LNFP, a également évoqué ce problème dans plusieurs de ses interventions. Chaque fois, les autorités sont interpellées par les acteurs du ballon rond pour leur venir en aide financièrement. Même les supporters s’y sont mis de la partie en organisant des sit-in exigeant que leurs clubs soient financés par des entreprises ou des sociétés étatiques. C’est la preuve de l’échec total du professionnalisme chez nous, après près d’une dizaine d’années de son introduction. Si tout le monde veut revenir à une gestion désuète appartenant à une autre époque, celle du socialisme pur et dur des années 70, il faudra se poser des questions sur l’avenir de nos clubs et leur pérennité. On ne règle pas un problème en créant d’autres plus complexes. Si la réforme de 1976 dont les bienfaits sur le mouvement sportif national en général ne peuvent pas être contestés, l’expérience ne peut être cependant renouvelée aujourd’hui, car les conditions économiques et sociales sont complètement différentes. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’elle a été abandonnée après avoir atteint sa date de péremption. Aujourd’hui, devant l’impasse et ne sachant plus comment financer leurs clubs, les dirigeants se tournent vers l’Etat-providence dont le financement n’a jamais cessé à travers des subventions et autres budgets alloués aux associations sportives. Mais à présent, on lui demande de s’impliquer davantage et directement surtout qu’on lui reproche de faire dans les deux poids et deux mesures. Il leur était plus sage de ne pas s’immiscer dans les affaires du football, mais les pouvoirs publics ne pouvaient s’en empêcher pour des considérations purement politiques et pour s’assurer la paix sociale. D’ailleurs, l’on se demande si la sortie médiatique du ministre de la Jeunesse et des Sports n’entre pas dans cette logique, surtout à l’orée de la tenue des élections présidentielles, contestées d’autre part par la rue.