Ankara a fait part mardi à Washington de son « malaise » de s’être vu adressé un ultimatum américain début juin au sujet de l’acquisition par la Turquie de missiles S-400 russes, soulignant « l’importance de continuer à travailler en vue d’une solution » et de « maintenir un dialogue basé sur le respect et l’amitié mutuels », ont rapporté des médias locaux citant le ministère turc de la Défense.
Dans une lettre adressée mardi à Washington en réponse à cet ultimatum, Ankara a « de nouveau insisté sur son malaise vis-à-vis de cette approche et de la formulation non conforme à l’esprit de l’alliance », ont indiqué les mêmes sources citant un communiqué du ministère de la Défense. Le chef du Pentagone, Patrick Shanahan, a adressé il y a un peu moins de deux semaines à son homologue turc une lettre donnant à la Turquie jusqu’au 31 juillet pour renoncer à l’achat de systèmes de défense russes S-400, que Washington considère comme « incompatibles » avec le nouvel avion furtif américain F-35 qu’Ankara veut aussi acquérir.
« Si, d’ici le 31 juillet, la Turquie n’a pas renoncé au système russe de défense antiaérienne S-400, les pilotes turcs s’entraînant actuellement aux Etats-Unis sur le F-35 seront expulsés », a menacé Washington. Le personnel turc du consortium international qui fabrique le F-35 sera remplacé et les contrats de sous-traitance attribués à des entreprises turques pour la fabrication du F-35 seront annulés à la même date. Dans sa lettre, le ministère turc de la Défense dit avoir insisté sur « l’importance de continuer à travailler en vue d’une solution » et de « maintenir un dialogue basé sur le respect et l’amitié mutuels ».
Lors d’une conversation téléphonique la semaine dernière, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar s’était plaint à M. Shanahan, qualifiant la formulation de la lettre de « déplacée » et « pas conforme à l’esprit de l’Alliance » atlantique, dont les deux pays sont membres. Malgré les mises en garde américaines, la Turquie a souligné qu’elle ne renoncera pas à l’achat des S-400 russes. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi déclaré ce weekend que les missiles russes commenceraient à arriver en Turquie « dans la première moitié de juillet ».