Tunisie: Le filon algérien qui rapporte gros

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C’est un fait assez rare pour être souligné. Jamais un club étranger n’a recruté autant de joueurs algériens. Ils sont en effet six : Bedrane, Chetti, Benguit, Bensaha, Meziani et Tougaï à porter actuellement les couleurs sang et or de l’ES Tunis.

Un nombre qui pourrait augmenter dans les jours, voire dans les heures à venir, puisqu’aux dernières nouvelles les dirigeants de l’Espérance sont en contacts avec un attaquant algérien, dont on ignore le nom pour le moment. Il serait appelé à remplacer Anice Badri transféré cette semaine en Arabie saoudite. Une forte communauté algérienne au point où les supporters des autres clubs tunisiens surnomment désormais l’EST,  le Tarraji El Djazairi ! C’est un honneur pour nous, car l’Espérance est double détentrice du trophée de la Ligue des champions africaine. Deux sacres auxquels Youcef Belaïli a grandement contribué avant d’aller louer ses services du côté de l’Arabie saoudite. Ceci explique peut-être cela. Ce penchant des clubs tunisiens pour le joueur algérien n’est pas nouveau, mais il faut dire qu’il s’est accentué suite à l’adoption par la Tunisie du principe de la libre circulation des joueurs nord-africains au sein des pays de l’UNAF. En d’autres termes, nos joueurs ne sont plus considérés comme des étrangers chez nos voisins de l’Est. Mais le contraire n’est pas valable, du moment que la FAF refuse jusqu’à présent d’appliquer le principe de la réciprocité. Ce n’est d’ailleurs même pas à l’ordre du jour. Cela profite évidemment à nos voisins qui n’hésitent pas à venir piller notre championnat en débauchant nos meilleur espoirs pour ensuite les revendre au prix fort récoltant au passage des bénéfices énormes. Le beurre et l’argent du beurre, au moment où les clubs algériens formateurs de ces talents récoltent des broutilles. L’on se rappelle du cas Baghdad Bounedjah qui n’intéressait pratiquement personne en Algérie, si ce n’est Boualem Charef qui est allé le chercher dans son petit club, le RCGO, pour le faire signer à l’USMH qu’il coachait à l’époque. Même à El Harrach, il n’était pas assez coté. Personne chez nous n’a vu en lui le joueur qu’il allait devenir. Ce sont les Tunisiens de l’Etoile du Sahel, les premiers à flairer le bon coup. Ils l’ont acheté pour une bouchée de pain, pour le revendre deux ans plus tard, un million de dollars au club qatari d’Al Sadd. Tout le monde est sorti gagnant dans cette transaction, sauf les Algériens qui se sont fait «pigeonner». Visiblement, ils n’ont pas retenu la leçon, puisqu’ils continuent de se faire duper avec en sus leur consentement. Karim Aribi, l’actuel goaleador de la Ligue des champions africaine avec l’ES Sahel, est en train de connaître la même trajectoire. Après avoir bourlingué d’un club à un autre ici en Ligue 1, sans qu’on ne découvre chez lui son sens inné de buteur hors pair, ce sont encore une fois les Tunisiens de l’ES Sahel qui vont nous le montrer. Visiblement, ils connaissent la valeur de nos joueurs et savent détecter leur talent mieux que nous. Il est vrai que nul n’est prophète en son pays, mais il faut avouer que chez nous, on a plus tendance à dénigrer et à critiquer qu’à reconnaître les qualités d’un joueur. C’est même une mode qui s’est propagée sournoisement dans les plateaux de télévision. On dévalorise à tout-va pendant que les Tunisiens se frottent les mains, car la filière algérienne loin de se tarir, est devenue un véritable filon pour eux.

Ali Nezlioui