Sonatrach ayant toujours respecté ses engagements internationaux et étant un fournisseur fiable, l’Algérie suit avec une extrême attention la proposition d’achat des actions de la société espagnole Naturgy  par le   groupe énergétique émirati,TAQA d’environ 40%,  où Sonatrach est un acteur majeur de l’approvisionnement en gaz naturel du marché espagnol  d’environ 33%  le premier trimestre 20204  et  se pose cette question si cette éventuelle cession d’actions aura l’accord du gouvernement espagnol et est -elle une opération purement commerciale ou si elle sous entend des visées autres de la part des Emiraties à l’encontre de l’Algérie, ce qui nuirait à ses intérêts stratégiques.

1-La cession d’actions est une pratique normale conforme au droit du commerce international mais  des pays ont privilégié leurs intérêts nationaux avec pour finalité de mieux prendre en compte les préoccupations de sécurité nationale découlant de certaines transactions immobilières ou investissements et que  parfois des clauses précises sont prévues dans les contrats lors de la cession des actions comme la minorité de blocage et le droit de préemption qui est l’avantage qui est donné à quelqu’un, soit par la loi soit par une disposition contractuelle de pouvoir se substituer à l’acquéreur d’un droit ou d’un bien pour en faire l’acquisition à sa place et dans les mêmes conditions que ce dernier . D’ où l’’importance de bien rédiger les contrats internationaux de connaître toutes les  conséquences de tel article ou annexe  afin d’éviter des litiges et donc des pénalités   Cependant Il faut se rendre à l’évidence  que le  monde est dominé par les marchés financiers   que  nous sommes à l’ère de la mondialisation avec d’importantes transactions boursières au niveau mondial où les échanges sur les marchés actions se sont élevées en 2023 à plus de 100.000 milliards de dollars, presque l’équivalent du PIB mondial, certains gouvernants préconisant une taxe mondiale sur les transactions financières qui pourrait rapporter plus de 400 milliards de dollars US par an.   Cependant, des clauses contractuelles ne sont pas une fin en soi , la solidité de telles clauses n’étant  pas évidente lorsque l’entreprise avec laquelle on  contracte est cotée en Bourse.  D’où l’importance pour l’avenir  d’être un acteur (direct ou indirect) sur les marchés des capitaux internationaux. Rien n’empêche l’Algérie  d’investir directement ou indirectement dans n’importe quelle entreprise européenne ou occidentale et des  fonds comme TAQA, l’Algérie peut  en créer à plusieurs occasions. Si on prend  l’exemple  de l’époque où l’Algérie  voulait racheter à tout prix Djezzy (et à gros prix), ce rachat  ayant  d’ailleurs couté cher  racheté au gros prix compte tenu de la position de négociation défavorable dans laquelle l’Algérie  s’était mis  alors qu’on aurait pu acheter pratiquement l’équivalent en termes de parts par le biais de la holding OTH cotée au Caire et Londres.  Cela devrait s’appliquer  aux  entreprises publiques, mais aussi pour les perspectives des entreprises privées. De façon singulière, les entreprises algériennes sont confinées dans le rôle de cibles, si demain on s’ouvre au marché international  peuvent  être rachetées par des entreprises étrangères qui  peuvent s’implanter en Algérie et leur prendre des parts de marché alors que  les entreprises algériennes ne peuvent pas faites des acquisitions à l’étranger ou créer des filiales à l’étranger.   Et le problème n’est pas un problème de réserves de change ( 69 milliards de dollars au 31/12/2023) qui ne sont qu’une richesse virtuelle  du capital argent qu’il s ‘agit de transformer en capital productif. L’Algérie  a tout pour s’ouvrir, mais cela suppose d’être réaliste laissant jouer le dynamisme des managers  publics et privés, les compétences nationales existent et on le constate par la réussite de bon nombre d’algériens à l’étranger que cela  soit dans les  affaires ou la recherche scientifique ,   loin des carcans bureaucratiques du passé qui risquent d’isoler l’Algérie des nouvelles mutations

2- Supposant de connaître les nouveaux mécanismes économiques et financiers internationaux en perpétuelle évolution ,  l’Algérie grâce à ses compétences  nationales ,  sa diaspora  et en intégrant les nombreuses compétences internationales notamment asiatiques en chômage ,  et  son capital argent , pourrait  favoriser la  joint-venture. Celle-ci  désigne  un contrat de collaboration entre deux ou plusieurs entreprises dans le but de mettre en commun une stratégie (mutualisation des coûts et des risques) étant considéré   comme un instrument d’investissement direct international facilitant le transfert de technologie et les  compétences sur des bases équitables , permettant également des entrées appréciables en devises  ,  mais ce qui suppose  la collaboration avec  des co-entreprises avec   des firmes de renom qui maîtrise les technologies  et  qui ont accès marchés internationaux. Les expériences de  certains pays du Golfe sont intéressantes,  ayant assimilé  les mécanismes boursiers internationaux et le  management stratégique  , combinant  les compétences étrangères  car limités pour leurs compétences nationales et leur capital-argent,  exemple  le Qatar dont la population ne dépasse pas celle  d‘une wilaya moyenne en Algérie, pour le complexe sidérurgique Bellara ou récemment le contrat pour la poudre de lait. D’où l’importance  de la  nouvelle politique économique en Algérie qui devrait s’articuler autour de cinq axes directeurs : Premièrement, la forte croissance peut revenir, mais suppose la conjugaison de différents facteurs : une population active dynamique, un savoir, le goût du risque et des innovations technologiques sans cesse actualisés, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d’attirer du capital et une ouverture à l’étranger. Deuxièmement, les actions coordonnées et synchronisées dans le temps exigent le courage de réformer vite et massivement, non des plâtrages conjoncturelles, avec comme support une planification stratégique pour le moyen et le long terme, car le principal défi du XXIème pour l’Algérie sera la maîtrise du temps où toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Cela passe par une refonte progressive de l’Etat par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant la transition de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, conciliant les coûts sociaux et les coûts privés, étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures. Troisièmement, l’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de créer, de partager et d’oser. La majorité des Algériens dont le revenu est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doivent savoir que l’avenir de l’emploi et de leur pouvoir d’achat n’est plus dans la fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. Quatrièmement,   pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit d’abord mettre en place une véritable économie de la connaissance, développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français, du chinois à l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche devant synchroniser la recherche théorique ,fondement de l’innovation à la pratique et favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont : le numérique, la santé, la biotechnologie, les industries de l’environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population. Cinquièmement, toute Nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit annuellement, si elle veut éviter la dérive sociale. Il s’agira de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, en intégrant la sphère informelle plus de 30/35% du PIB que l’on ne combat pas par des mesures bureaucratiques administratives ayant comme effet son extension (voir Pr A. Mebtoul- revue mensuelle Politis El Moudjahid de septembre 2023 et American Herald Tribune 2018).

En conclusion, tout investissement, qu’il soit national ou étranger repose d’abord sur la CONFIANCE et le  respect du droit.   L’impact dans les relations internationales de tout pays est fonction de  son poids économique reposant sur une économie diversifiée qui réponde aux normes internationales Aussi,  il y a urgence pour l’Algérie des stratégies d’adaptation et de profondes réformes car le monde a profondément changé n’étant plus aux années 1970/2000 L’Algérie a toutes les potentialités  pour devenir un pays pivot au sein des espaces euro méditerranéens et africains   et nous permettre d’être ambitieux. Mais devant éviter de s’enfermer dans un rôle qui ne nous laisse d’autres perspectives que de subir les aléas de la conjoncture pétrolière et gazière  qui ne dépend pas  d’une décision interne  mais de facteurs  externes, les expériences historiques montrant clairement  que le développement durable se fonde sur la  bonne gouvernance et la valorisation du savoir.Et cette epérience devraite etre médité par l’Algérie mais également par bon nombre de pays notamment africains  afin de sauvegarder leurs intérêts nationaux .

A.M

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