L’investissement agricole dans le Sud: Une option stratégique de l’Etat

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Le gouvernement s’attèle actuellement à l’élaboration du cadre juridique et règlementaire relatif à l’encadrement de l’investissement agricole au Sud, et ce par la création de mégapoles intégrées pour le développement des filières stratégiques, a indiqué, hier à Adrar, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, ajoutant que l’objectif était d’assurer la sécurité alimentaire et l’exportation de l’excédent.

Cette annonce est intervenue lors des travaux de la rencontre nationale sur l’investissement agricole dans les wilayas du sud, organisée sous le haut patronage du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en présence de membres du gouvernement, de walis des wilayas du sud, d’organisations patronales, d’agriculteurs et de professionnels. Les mégapoles intégrées doivent commencer par la production agricole, passant par la transformation, l’emballage et le transport pour aboutir au produit final, a précisé M. Cherfa. Pour ce faire, le ministre a préconisé « le développement des industries manufacturières, en leur fournissant des intrants agricoles produits localement, citant en particulier les huiles, le sucre, la poudre de lait, les céréales, les légumes secs et le coton destiné à l’industrie textile ». Il s’agit d’une « nouvelle vision » à même d’assurer la sécurité alimentaire, à travers le développement de ces mégapoles agricoles appelés à couvrir les besoins nationaux et exporter l’excédent, a-t-il souligné. Mettant en avant l’importance de ces projets stratégiques en vue de réaliser « un saut qualitatif » dans les domaines de la production et de la transformation, M. Cherfa a souligné que ces mégapoles agricoles intégrées « sont à même de créer une dynamique pour réaliser le développement socioéconomique et renforcer la sécurité alimentaire ». Dans ce sillage, le ministre a appelé les investisseurs locaux et étrangers à « adhérer massivement » à cette démarche pour promouvoir l’investissement agricole au Sud, rappelant qu' »un couloir vert leur sera consacré pour bénéficier du foncier ou d’autres facilitations pour le forage de puits ou le raccordement au réseau d’électricité ».Dans ce cadre, M. Cherfa a rappelé les orientations du président de la République, données lors des assises nationales sur l’agriculture, organisées en février 2023, concernant la mise en place d’un système incitatif au profit des exploitants qui réalisent une production agricole deux fois/an et le financement par des banques, des projets agricoles structurants jusqu’à 90 % de leur coût. Il a également rappelé les avantages prévus dans la nouvelle loi sur l’investissement , ainsi que la révision des lois encadrant des aspects importants du secteur agricole, la mise en place d’un cadre pour l’octroi d’agrément aux bureaux d’études spécialisés dans le domaine agricole, l’achèvement de l’opération d’assainissement du foncier agricole, l’amendement du texte de loi sur la création des coopératives agricoles, outre l’autorisation d’importation du matériel agricole rénové et autres mesures. Par ailleurs, M. Cherfa a indiqué que le secteur agricole en Algérie avait enregistré au cours des quatre dernières années des résultats « très positifs », rappelant sa contribution de plus de 14,7% au PIB en 2022, en réalisant une production agricole de près de 4.550 mds da, tandis que le taux de couverture nationale des besoins alimentaires par la production locale a atteint 75 %. La superficie des terres agricoles dans les régions du Sud représente 7% de la surface agricole nationale totale utilisée (SAU), selon le ministre qui a mis en avant la contribution « significative » de ces terres à l’approvisionnement du marché national en produits agricoles notamment les céréales (11%), les légumes (26,4%) et les pommes de terre (32%).Le ministre a en outre fait savoir que la contribution des régions du Sud à la valeur globale de la production agricole était d’environ 26%, ajoutant que la réalisation des objectifs fixés pour les cultures stratégiques était encore « loin », consistant notamment en la réduction de la facture d’importation de céréales, du sucre, de l’huile de table, des fourrages, du lait en poudre et du coton. A ce propos, le ministre a estimé que cette rencontre organisée sous le slogan « L’agriculture dans le Sud, force de notre sécurité alimentaire » a été l’occasion d’évaluer la mise en œuvre des objectifs tracés en matière d’investissement agricole, ainsi que de revoir certains aspects de la réglementation de l’investissement et de simplifier les procédures administratives au profit des opérateurs pour accélérer le rythme de réalisation, notamment après l’attribution du troisième portefeuille foncier à l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS), en prévision du lancement d’un nouveau portefeuille. S’agissant du raccordement des exploitations agricoles au réseau d’électricité, M. Cherfa a indiqué que ce programme avait enregistré un rythme de réalisation « satisfaisant », avec le raccordement de 38.000 exploitations agricoles sur une distance de 17.400 km depuis le début de l’opération fin 2020 jusqu’à ce mois-ci, saluant dans ce cadre les efforts du ministère de l’Energie et des Mines et ceux du ministère de l’Hydraulique en matière d’octroi des autorisations de forage de puits.Il a également loué les efforts du ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique qui a assuré la mécanisation pour les grandes surfaces.Outre l’intérêt majeur accordé par le Président de la République à l’Agriculture et aux professionnels du secteur, une évidence chez lui, le secteur ayant réalisé un développement notable en trois ans avec une contribution de 14,7% au Produit intérieur brut (PIB), les Algériennes et les Algériens aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, désormais accoutumés à un président orateur avec une capacité de conviction, s’intéressent aussi à ses discours pour l’intérêt particulier qu’il accorde aux détails, ce qui l’a placé en position de garant, par les faits et gestes, du quotidien et du bien-être du citoyen, une priorité absolue. Ces détails sur lesquels revient le Président de la République dans ses discours, émanent de sa profonde conscience du poids de la responsabilité placée en sa personne par le peuple algérien lorsqu’il l’a élu le 12 décembre 2019. Il œuvre ainsi inlassablement et sans relâche avec les hommes d’Etat dévoués, pour ne pas entamer cette confiance qui constitue son capital, ce qui explique son intérêt à tout ce qui touche aux citoyens en particulier et à ne pas se contenter des grands axes. Les exemples dans ce cadre sont bien nombreux: les entrevues périodiques du président de la République avec les représentants de la presse nationale se veulent un autre exemple du souci du détail chez le président de la République, notamment lorsque ces détails concernent le pouvoir d’achat, les salaires des travailleurs, les projets des jeunes particulièrement, et les préoccupations des partenaires sociaux et des opérateurs économiques.Ses orientations et directives ont pour objectif de corriger, de rattraper et parfois redresser certaines politiques des responsables et des gestionnaires pour qu’elles puissent cadrer avec les exigences des citoyens et des 54 engagements, pierre angulaire du processus d’édification continue de l’Algérie nouvelle.

Il faut rappeler à ce titre que les Assises nationales de l’agriculture ont été sanctionnées par une série de recommandations axées sur la nécessaire numérisation de la gestion du secteur agricole, l’extension des périmètres irrigués et la régularisation foncière.

Les participants aux Assises nationales de l’agriculture, placées sous le thème « Agriculture: pour une sécurité alimentaire durable », ont recommandé, au terme de leurs travaux, la généralisation des efforts de numérisation dans le secteur agricole pour une meilleure gestion des données, la modernisation des moyens de production et le développement des filières stratégiques. Ils ont également souligné la nécessité de renforcer les ressources humaines en matière de formation, de recherche et d’orientation, et d’encadrer les jeunes porteurs de projets, en coordination avec le ministère de l’Economie de la connaissance, des start-up et des micro-entreprises. Les participants ont en outre préconisé l’intensification de la production de semences tout en préservant les ressources génétiques nationales, à travers l’achèvement de la réalisation de la Banque nationale des ressources génétiques le deuxième semestre de 2023, après la création, l’année dernière, de la Banque nationale des semences. L’accent a également été mis sur l’importance d’intensifier la création de « grandes exploitations intégrées » pour la production de céréales et de fourrage et l’élevage de vaches laitières, et d’encourager les investissements nationaux et étrangers dans ce cadre. Concernant le foncier agricole, les participants ont insisté sur le « principe de la terre à ceux qui la cultivent », appelant à améliorer le climat des transactions foncières, conformément aux dispositions de la loi 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, et son décret exécutif, notamment s’agissant de la cession du droit de concession et de la sortie de l’indivision. S’agissant du dossier d’extension des périmètres irrigués, les participants ont recommandé de créer une instance nationale spécialisée dans l’irrigation agricole chargée de la gestion et de l’exploitation rationnelle des ressources en eau destinées à l’irrigation.Ils ont également appelé à mettre en place un nouveau système d’appui aux projets relatifs à l’utilisation des énergies renouvelables dans les opérations d’irrigation, notamment dans les régions du Sud, ainsi qu’un plan d’urgence pour l’exploitation de barrages et de retenues collinaires au niveau des périmètres agricoles, en vue de faire face aux changements climatiques et aux périodes de sécheresse. Quant à la valorisation des produits agricoles et la résorption de l’excèdent de production, il a été proposé la création de cartographies pour déterminer les filières agricoles spécialisées dans l’industrie de transformation, en fonction des zones et pôles agricoles spécialisés dans chaque produit et la création d’un établissement répondant aux standards internationaux spécialisé dans le conditionnement, la commercialisation et l’exportation des produits agricoles. Il a été également préconisé d’œuvrer à la promotion des produits agricoles pour être aux normes internationales et leur attribuer le label Qualité dans le cadre de l’encouragement de l’exportation.Ces recommandations sont issues des travaux de quatre ateliers qui ont duré plusieurs mois, auxquels ont pris part plus de 440 experts et professionnels représentant 15 secteurs, ayant porté sur « les moyens et les facteurs de production », « la promotion des filières stratégiques », « l’organisation et l’accompagnement » et « l’économie forestière et le barrage vert ».

T. Benslimane