Ligue 1: Un championnat à deux vitesses

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Dans notre édition d’hier, nous évoquions les clubs qui s’activent sur le marché des transferts en dépensant sans compter pour certains  d’entre eux. Pas de limite, puisque les fonds existent grâce au concours exponentiel des sociétés nationales qui les parrainent  sur ordre des pouvoirs publics, faut-il le préciser.

Il faut savoir que ces clubs, qui se disent «grands», ne peuvent pas survivre sans l’apport financier direct ou indirect de l’Etat. Cela ne les empêche pas de se comporter comme des nababs sur les plateaux de télévision, méprisant et dédaignant les autres équipes qui n’ont pas la chance d’être soutenus par les autorités. L’iniquité qui prévaut au niveau de la Ligue 1 est sans pareille et ne peut être justifiée par aucune façon, sinon par le fait accompli décidé arbitrairement. Ces règles du jeu biaisées étant établies, tout le monde veut naviguer sous la bannière de l’Etat en multipliant les appels du pied pour avoir leur part du gâteau. Mais la plupart d’entre eux n’obtiendront que des promesses sans lendemain, car il semble que les dés sont jetés.  On a créé artificiellement un championnat à deux vitesses, où les clubs riches s’affichent ostensiblement en proposant des sommes hallucinantes à des joueurs en pré-retraite. Au moment où d’autres n’ont pas de quoi payer de l’eau minérale à leurs joueurs. «Le salaire mensuel d’un joueur du MCA équivaut à notre budget pendant un mois», a déclaré le coach de Chelghoum Laïd, lorsque son équipe a tenu en échec le Mouloudia sur son terrain.  Le prétentieux président du CRB, Mehdi Rabhi, dont le club a failli disparaître, il y a quelques années, avant d’être sauvé in extremis par Madar, a expliqué maladroitement sur un plateau de télévision que le limogeage de son coach Nabil Kouki aurait coûté au CRB une somme équivalente du budget annuel d’un club comme l’USM El Harrach. On n’aurait rien dit si cet argent provenait de ses propres deniers ou ceux de ses collaborateurs, mais sachant que le CRB est financé 100% par l’Etat, on trouve cette sortie plutôt déplacée pour ne pas dire insultante. Aujourd’hui, on se met à la place des dirigeants d’El Bayadh qui viennent de remettre leur démission collective. Malgré, une méritoire quatrième place au classement de la Ligue 1, ils savent qu’il leur sera impossible de rééditer cet exploit à cause d’une situation financière délicate. Ils ont organisé une conférence de presse dans laquelle ils dénoncent la politique du deux poids, deux mesures.  Ils ne sont pas les seuls dans cette situation délicate. Le NC Magra, l’USM Khenchela, le MCO, dont les joueurs ne savent plus à quel saint se vouer, souffrent terriblement sur le plan financier. Pourquoi cette injustice flagrante ? Soit on finance tous les clubs, soit on les laisse se débrouiller par leurs propres moyens. On saura dès lors qui est un «grand» club et qui ne l’est pas.

Ali Nezlioui