Les neufs déterminants du cours du pétrole: Entre tensions géostratégiques et fluctuation de la croissance de l’économie mondiale

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Les prix du pétrole suite au, gonflement des stocks aux États-Unis cumulé à des signaux économiques laissant craindre le  fléchissement  de l’économie en Chine  et des aux Etats-Unis, ainsi que de l’Europe principaux clients, prenant toujours le dessus sur les craintes géopolitiques ont clôturé le 16 novembre 2023 à 76,75 dollars le Brent et 72,28 dollars le Wit.

Pour le prix de cession du gaz naturel , très fluctuant  alors qu’il était coté à 342 euros le mégawattheure en aout 2022 du fait du conflit  en  Ukraine, il a été coté à) 73 euros en janvier 2023,  le 23 octobre 2023 à 56,603 euros et le 15 novembre 2023 à 46,883 euros .Plusieurs facteurs interdépendants  déterminent le cours à la fois du pétrole et du gaz  qui n’est pas nécessairement  connectés au cours du pétrole 

Premièrement.

Les gisements sont  très inégalement répartis, environ 60% sont localisés au Moyen-Orient : l’Arabie saoudite 266,57 milliards de barils, l’Iran 157,53, l’Irak 143,09, le Koweït 101, 50 et les Émiratis 97,80 milliards de barils et toute  toute déstabilisation de cette région aurait donc des impacts sur le cours du pétrole . L’histoire pétrolière mondiale, de 1971 à 2023, montre d’importantes fluctuations avec de pics variant de 25 à 100%. Ainsi en 1971, nous avons un cours bas, puis une hausse en 1973, un cours bas en 1978, une hausse en 1980, une relative stabilisation entre 1990 et 1997, une nouvelle hausse en 2001, une baisse en 2005, un cours bas en 2008, haut en 2009 puis en 2015,cours bas en 2020 et, depuis 2022, un cours en hausse. Mais les facteurs géostratégiques souvent imprévisibles comme cela est le cas actuellement   au Moyen Orient, région qui recèle  les premières réserves influant sur les prix montrant qu’  aucun expert sérieux ne pouvant donner des prévisions au delà de deux à trois ans.

Deuxièmement.

 les trois zones géographiques qui tirent actuellement la croissance de l’économie mondiale sont la Chin/Inde , les USA et l’ Europe qui représentent plus de 60% du PIB mondial. ,  après avoir crû de 3,3% en 2022 le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser de 3% en 2023 ,qui tablait auparavant sur une croissance de 2,7%, mais  devrait ralentir à 2,7% en 2024, soit un niveau inférieur aux prévisions de juin (+2,9%), les  Etats-Unis devant afficher une croissance économique de 2,2%en 2023 contre  au 1,6% envisagé auparavant et pour 2024, la croissance américaine est attendue à 1,3% contre 1,0% prévu en juin 2023,  l’économie américaine permettant  de contrebalancer la faiblesse observée en Chine et en zone euro, notamment en Allemagne où une récession est attendue. En effet, l’OCDE prévoit une hausse de 5,1% du PIB chinois en 2023 et de 4,6% en 2024,  contre des prévisions précédentes respectivement de 5,4% et de 5,1% e tune baisse  de croissance de la zone euro, à 0,6% en 2023  contre 0,9% attendu précédemment, et à 1,1% pour 2024, les eux poids lourds de l’Europe à savoir l’Allemagne devant enregistrer respectivement une contraction de 0,2% en 2023 puis un accroissement de 0,9% et pour la France 1% en 2023 et t1,2% pour 2024  et ce .  en raison de l’effet du durcissement de la politique monétaire , bien que  l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’OPEP a revu à la hausse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2023 qui s’achemine vers 102,2 millions de barils en 2023  contre 99,57 mb/j en 2022.

Troisièmement.

L’action de l’OPEP représentant  34% de la production mondiale et l’OPEP+ compte pour environ 51% de la production mondiale de pétrole. La production de pétrole des 13 membres l’Opep  a diminué de 836.000 barils sur un mois pour atteindre une moyenne de 27,31 millions de barils par jour et surtout l’annonce des coupes dans les productions et exportations russes et saoudiennes dont les capacités pour chacun de ces deux pays dépassent 10/11 millions de barils par jour. En effet, la Russie et l’Arabie saoudite ont continué de réduire leur production de pétrole jusqu’à la fin de 2023, l’Arabie saoudite de 1 million de barils par jour (bpj) pour la période d’octobre à décembre 2023, la production du royaume pour les mois d’octobre, de novembre et de décembre 2023 sera d’environ neuf millions de bpj selon son ministère de l’Énergie et la Russie a annoncé sa décision de maintenir la réduction de ses exportations de pétrole de 300 000 barils par jour jusqu’à la fin de l’année 2023.

Quatrièmement.

la production des USA où les   compagnies américaines  sont devenues le  premier exportateur de GNL en Europe entre 2022/ 2023, ont largement profité de cette hausse des prix , les USA étant un des plus grand producteur mondial grâce au pétrole et gaz de schiste. Ainsi, du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) qui a bouleversé toute la carte énergétique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à  plus de 11 millions de barils jour. Les Etats-Unis, importateur par le passé, sont devenus le plus grand producteur de pétrole brut devant l’Arabie saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, pesant ainsi sur le marché mondial du GNL.

Cinquièmement.

En plus du conflit actuel au Moyen Orient, avec des convoitises de gaz  au bord de Gaza, souvent oublié ,  l’on doit tenir compte du conflit en Ukraine qui a bouleversé toute la carte énergétique avec la décision du G7 plus l’Australie de plafonner prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril et les dérivées à compter de février 2023, ainsi que la décision de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure.Avant le conflit en Ukraine , à travers le North Stream (abandonné) et le South Stream la capacité était de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, plus de 45% avant les tensions et depuis ces canalisations fonctionnent en sous capacités avec l’annulation du North Stream 2, la demande européenne a fortement baissé en 2022, plus de 46%, expliquant d’ailleurs les tensions énergétiques en Europe, la Russie se tournent actuellement vers l’Asie dont la Chine et l’Inde à des prix préférentiels avec de nouvelles canalisations dont le projet canalisation Sibérie Chine (notre interview au quotidien El-Khabar 19/10/2023) .

Sixièmement.

Il faut prévoir le retour à terme, sur le marché de la Libye, sous réserve d’une stabilisation politique, des réserves de 42 milliards de barils de pétrole et plus de 1500 milliards de mètres cubes gazeux, pour une population ne dépassant pas 6,5 millions d’habitants, pouvant facilement produire plus de 2 millions de barils/jour; l’Irak, pouvant aller vers plus de 7 millions/jour et l’Iran, s’il y a accord sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, et possédant le deuxième réservoir de gaz traditionnel mondial, plus de 35 000 milliards de mètres cubes gazeux, derrière la Russie 45 000 et avant le Qatar 20 000.

Septièmement.

Les nouvelles découvertes dans le monde en offshore en Méditerranée orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région, et en Afrique dont le Mozambique (plus de 4000 milliards de mètres cubes gazeux) qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique.

Huitièmement.

 L’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse ou baisse du dollar, pouvant entraîner un écart de 10/15%  et les stocks américains et  les stocks chinois ont un impact sur la volatilité des cours .

Neuvièmement.

  Facteur déterminant entre 2025/2030/2040, politiques de la transition énergétique seront déterminantes pour un nouveau modèle de consommation énergétique mondial axé sur les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. D’ici 2025/ 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique USA/ Chine/Europe/Inde dont les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, devraient dépasser les 4000 milliards de dollars par an. Bon nombre de compagnies réorientent déjà leurs investissements dans ces segments rentables à terme, les industries moins polluantes. L’humanité sera confrontée à l’avenir au danger dévastateur du réchauffement climatique car si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe/USA , il faudrait cinq fois la planète, d’où l’urgence d’une transition énergétique maîtrisée.

En conclusion, en raison tant d’évènements géostratégiques souvent imprévisibles que des nouvelles mutations énergétiques mondiaux entre 2025/2030/2040, fonction de rapports de force dont le poids des lobbys pétroliers, aucun expert ne peut prédire l’évolution des cours du pétrole à un horizon lointain.

A.M