La télévision d’Etat iranienne a diffusé vendredi des images des débris du drone de la Marine américaine abattu la veille par les forces aériennes de l’Iran.
La chaîne IRIB 1 a présenté une courte séquence avec un journaliste interrogeant le général Amirali Hajizadeh commandant en chef de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution devant des débris alignés par terre ou sur des présentoirs.
« Les débris flottaient, nous les avons récupérés à la surface dans nos eaux territoriales », a déclaré le général. Selon la télévision, les images ont été tournées dans une « base » des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, dont la localisation n’a pas été précisée. Le général a ajouté que d’autres parties du drone avaient coulé.
Jeudi, des échanges verbaux houleux ont été échangés entre Washington et Téhéran au sujet dudit incident. Alors que les Etats-Unis nient que son drone a percé le ciel iranien, l’Iran affirmait qu’il en disposait de preuves irréfutables. Les tensions entre les deux pays ont monté d’un cran ces dernières semaines suite à la décision unilatérale des Etats-Unis de renoncer au traité sur le nucléaire iranien signé en mai 2015 et de relancer les sanctions économiques à l’encontre de Téhéran
l’Iran dénonce à l’ONU une action américaine « provocatrice »
L’Iran a dénoncé jeudi une action américaine « provocatrice » et « très dangereuse » contre son « intégrité territoriale », après la destruction par son armée d’un drone américain dans son « espace aérien », dans une lettre au chef de l’ONU et au Conseil de sécurité.
« Je vous écris pour vous informer d’une nouvelle action très dangereuse, provocatrice et illégale des forces militaires américaines contre l’intégrité territoriale de l’Iran », a écrit l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU Majid Takht Ravanchi.
Dans sa missive, l’Iran –qui s’abstient de demander une réunion en urgence du Conseil de sécurité– souligne ne pas « chercher la guerre » mais affirme « se réserver le droit de prendre toutes mesures appropriées contre les violations de son territoire qu’il est déterminé à défendre vigoureusement au sol, en mer et dans les airs ».
Téhéran affirme aussi que le drone américain abattu jeudi a mené une opération d’espionnage dans le détroit d’Ormuz et, lors de son retour, « est entré dans l’espace aérien iranien » ce qui a entrainé une riposte de la défense aérienne iranienne à son encontre.
La lettre iranienne se conclut par une demande faite aux Nations unies d’intervenir pour que les Etats-Unis « mettent un terme à leurs actions illégales et déstabilisatrices dans la région déjà volatile du Golfe ».
L’Iran averti qu’il défendrait son territoire contre toute attaque des Etats-Unis
L’Iran a averti vendredi qu’il défendrait son territoire contre toute attaque des Etats-Unis après avoir abattu un drone américain. Les Affaires étrangères iraniennes ont indiqué vendredi avoir des « preuves irréfutables » montrant que le drone Global Hawk avait violé l’espace aérien iranien. Dans un appel téléphonique « d’urgence », le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi a fait passer un message à Washington par le biais de l’ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en l’absence de relations diplomatiques entre Téhéran et Washington depuis 1980.
L’Iran « ne cherche pas la guerre », a dit M. Araghchi. Mais il a mis en garde « les forces américaines contre toute mesure inconsidérée dans la région » et affirmé que l’Iran défendrait « résolument son territoire contre toute agression », selon un communiqué des Affaires étrangères.
Alors que le face-à-face entre les deux pays ennemis fait craindre un embrasement, le quotidien New York Times, citant de hauts responsables militaires américains, a affirmé que le président américain avait initialement approuvé des frappes contre « une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles », en riposte au drone abattu, avant de faire machine arrière.Des compagnies aériennes évitent le détroit d’Ormuz après que l’Iran a abattu Drone américain.
Des compagnies aériennes ont décidé d’éviter le détroit d’Ormuz, situé dans la zone où l’Iran a abattu un drone militaire américain, ont-elles fait savoir vendredi. « L’incident avec le drone est une raison pour ne pas survoler le détroit d’Ormuz pour le moment. Ceci est une mesure de précaution », a déclaré dans un communiqué la néerlandaise KLM, ajoutant que la sécurité était « la priorité absolue » de la compagnie.
Les Pays-Bas sont encore meurtris par le crash de l’avion du vol MH17 de la Malaysia Airlines abattu en 2014 au-dessus de la zone de conflit armé dans l’est séparatiste de l’Ukraine par un tir de missile. Les 283 passagers, dont 196 Néerlandais, et les 15 membres de l’équipage avaient été tués.
Malaysia Airlines a indiqué éviter également la zone. « La sécurité est d’une importance capitale pour Malaysia Airlines », explique-t-elle. Le transporteur aérien Qantas a aussi pris des mesures: « Nous sommes en train d’ajuster les trajets de vol au dessus du Moyen-Orient pour éviter le détroit d’Ormuz et le golfe d’Oman jusqu’à nouvel ordre », a déclaré la compagnie. La décision devrait affecter les vols entre l’Australie et Londres, mais cela ne devrait pas rallonger le temps de trajet, selon la compagnie. « A cause des tensions en cours, certains de nos vols pourraient prendre des itinéraires un peu plus longs pour éviter le détroit d’Ormuz », a déclaré de son côté un porte-parole de Singapore Airlines.
Ces annonces interviennent alors que Washington a interdit jeudi soir aux compagnies aériennes américaines le survol de l’espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d’Oman « jusqu’à nouvel ordre » après que l’Iran a abattu un drone militaire américain. Le tir de missile contre le drone tôt jeudi matin a été qualifié d' »énorme erreur » par le président américain Donald Trump, tandis que l’Iran a assuré vendredi disposer de preuves « irréfutables » montrant que le drone était entré dans son espace aérien, contrairement à ce qu’affirme Washington.
Les Etats-Unis ont justifié les restrictions émises jeudi par une augmentation des activités militaires et la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l’aviation civile accompagné d’un risque d' »erreur d’identification ».