Dialogue pour une sortie de crise: Plusieurs partis et organisations affichent leur adhésion

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forum national à Alger pour promouvoir le dialogue. Toufik Doudou / PPAGENCY

 

 

Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont affiché leur adhésion à la démarche de dialogue, initiée par le Forum de la société civile et appuyée par la présidence de la République.

A cet effet, tout le monde s’accorde à dire que ces personnalités nationales qui conduiront le processus du dialogue inclusif  doivent être « probes, indépendantes et crédibles ». Il s’agit pour autant d’une lourde responsabilité, dans la mesure où la mission de ces personnalités consiste à faire réussir le dialogue devant aboutir au consensus tant souhaité pour une élection présidentielle libre, transparente et crédible.

L’initiative du Forum de la société civile pour le changement qui a proposé une liste de personnalités nationales pour mener le dialogue pour une sortie de crise a été accueillie favorablement par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, ce qui augure d’un début encourageant en vue du règlement de la crise politique que connait l’Algérie.

Bensalah a qualifié de « pas positif » l’initiative du Forum de la société civile pour le changement, affirmant que des consultations seront engagées pour la « constitution de ce panel » dont la composition définitive sera annoncée « prochainement ».

Le chef de l’Etat a pris connaissance du contenu de la communication faite par le Forum de la société civile pour le changement et considère qu’il s’agit d’un « pas positif » dans le sens de la concrétisation de la démarche proposée par l’Etat. M. Bensalah a considéré, à ce titre, cette proposition « de nature à servir de base pour la constitution du panel de personnalités nationales appelées à mener le processus de facilitation du dialogue ».

 « Comme souhaité par nos concitoyens et comme l’avait souligné le chef de l’Etat, ces personnalités devraient être crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale. Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle », a souligné la présidence de la République.

Selon la même source, « les personnalités proposées par le Forum, sont de ce point de vue, et sous réserve de leur disponibilité, pleinement éligibles à l’accomplissement de cette noble mission au service de notre pays ».

Satisfaite de la démarche de la société civile pour tenter de trouver une solution à la crise, la présidence de la République a fait savoir, à ce titre, que « des consultations seront, donc, entreprises en vue de parvenir à la constitution de ce Panel dont la composition définitive sera annoncée prochainement ».

« En prenant cette louable initiative, la Société civile, apporte ainsi une contribution concrète à l’amorce d’un dialogue constructif et de bonne foi, auquel n’a cessé d’appeler le chef de l’Etat », a-t-on ajouté.

La présidence de la République a réaffirmé, dans ce contexte, que « ce dialogue, prôné également par notre Armée nationale populaire et sur lequel a insisté à maintes reprises le vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’ANP, qui s’est engagé à l’accompagner, reste l’unique moyen pour construire un consensus fécond, le plus large possible, de nature à permettre la réunion des conditions appropriées pour l’organisation, dans les meilleurs délais, de l’élection présidentielle, seule à même de permettre au pays d’engager les réformes dont il a tant besoin ».

Le président du Forum de la société civile pour la changement, Abderrahmane Arar, avait dévoilé, mercredi, une liste de 13 personnalités nationales, proposée par le Forum, pour mener la médiation et le dialogue avec la participation de tous, sur les propositions politiques pour une solution à la crise que vit le pays, et ensuite, tenir une conférence nationale inclusive pour adopter les résultats du dialogue assortis de garanties et un engagement à les mettre en œuvre.

Des personnalités nationales, des anciens responsables, des militants des droits de l’Homme, des syndicalistes, des académiciens et des personnalités de la société civile figurent sur cette liste. Il s’agit, entre autres, de l’ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN) Karim Younès, de la constitutionnaliste Fatiha Benabbou, de l’avocat Mustapha Bouchachi, de l’économiste Smail Lalmas, du sociologue Nacer Djabi, du syndicaliste Lyès Merabet, de l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, de l’ex-ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb El-Ibrahimi ou encore de la moudjahida Djamila Bouhired.

 Si la plupart des personnalités proposées par le Forum pour mener le dialogue ont donné leur accord de principe, Mouloud Hamrouche et Djamila Bouhired ont démenti toute association à cette initiative. Bouhired a affirmé, dans un communiqué, que personne « n’a demandé son avis » sur sa participation à cette initiative et qu’elle n’avait « donné son accord à personne », alors que Mouloud Hamrouche s’est dit « pas concerné » par cette liste et que personne « n’a pris attache » avec lui.

Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi, le Forum a reconnu que Djamila Bouhired, Mouloud Hamrouche et Taleb El-Ibrahimi n’ont pas été dûment contactés pour faire partie de l’instance de médiation et que les noms de ces personnalités ont été ajoutés à la liste, à son initiative.

Selon le Forum, ces trois personnalités ont été choisies en raison de leurs poids sur le plan politique et leur militantisme, mais surtout parce qu’elles sont « consensuelles ». Pour rappel, des partis politiques, des personnalités nationales, des élites universitaires ainsi que des associations se sont rencontrés récemment à l’école supérieure d’hôtellerie et de restauration d’Ain Benian (Alger) au sein d’un forum national pour tenter de promouvoir le dialogue, en vue de parvenir à une solution à la crise politique actuelle. Ce forum, dont les travaux ont été coordonnés par l’ancien ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi, visait à promouvoir le cadre du dialogue, sa conduite, ses mécanismes sous la forme d’une Instance nationale d’organisation et de supervision des élections, ainsi que tous les détails et les modalités de sa création, sa composition et les garanties de son indépendance.

Lors de ce forum, les participants ont échangé leurs visions et leurs points de vue sur la base d’un dialogue global qui doit aboutir à la mise en place des garanties pour un scrutin transparent, régulier et crédible.

Ils ont également souligné que seule la satisfaction de ces exigences est de nature à amener les Algériens à voter et que les hommes de bonne volonté dans la classe politique au sein du pouvoir doivent accepter d’aller vers un compromis solide, estimant que l’histoire du passage d’une démocratie formelle à une démocratie réelle « se construit maintenant ».

C’est la gravité de la situation et le devoir de patriotisme qui ont motivé des chefs de partis, les principaux syndicats autonomes, des personnalités politiques, des élites universitaires, des associations, corporations et des organisations estudiantines à engager une initiative politique destinée exclusivement à proposer au peuple algérien et à ses dirigeants une plate-forme visant à amorcer un dialogue inclusif et responsable, a-t-on expliqué, relevant que cet effort de participation à la concrétisation des aspirations des Algériens, sortis en masse pour réclamer une véritable transformation politique, « n’est pas porté par une motivation partisane ou idéologique, mais par la prise de conscience de la gravité du moment, des perspectives économiques inquiétantes et des menaces réelles aux frontières ».

Les propositions émanant de ce forum ont été soumises au pouvoir, ainsi qu’aux élites et aux autres forces politiques pour pouvoir trouver des convergences entre toutes les offres de dialogue faites jusque-là.

T. Benslimane