Covid-19: La vaccination avec AstraZeneca serait-elle dans la tourmente ?

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Dans le même temps que l’Allemagne et la France, l’Italie a suspendu, ce lundi, à titre de précaution, l’administration du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 sur l’ensemble de son territoire, après le signalement d’effets secondaires.

La décision, prise par Emmanuel Macron, le président français, a été annoncée après la suspension du vaccin en Allemagne et en Italie, et en attendant un avis sanitaire européen prévu ce mardi. Jusqu’à présent, les autorités sanitaires reconnaissent qu’il n’y a aucun lien avéré entre l’apparition de caillots sanguins et ce vaccin, à part l’enchaînement chronologique. Par ailleurs, l’agence du médicament italienne, AIFA, «a décidé à titre de précaution et de manière temporaire, dans l’attente d’une décision de l’EMA», l’Agence européenne des médicaments, «d’interdire l’utilisation du vaccin AstraZeneca sur tout le territoire national», a indiqué un communiqué de l’AIFA. La Norvège a, quant à elle, annoncé, ce lundi, la mort par hémorragie cérébrale d’une soignante de moins de 50 ans, hospitalisée après avoir reçu une injection du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca, sans qu’un lien entre les deux puisse être établi à ce stade.

C’est le deuxième cas analogue mortel signalé en quelques jours dans le pays nordique, qui a suspendu jeudi «par précaution» le vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois. Samedi, les autorités sanitaires norvégiennes avaient fait état de l’hospitalisation de trois membres du personnel soignant souffrant de thrombopénie (quantité anormalement basse de plaquettes sanguines), de saignements et de caillots sanguins. Présentés comme relativement jeunes, tous avaient auparavant reçu une première injection du vaccin d’AstraZeneca. L’un de ces trois soignants, décrit comme une femme de moins de 50 ans jusqu’alors «en bonne santé», a succombé dimanche des suites d’une hémorragie cérébrale. «Nous ne pouvons ni exclure ni confirmer que cela a quelque chose à voir avec le vaccin», a déclaré un responsable de l’Agence norvégienne des médicaments.

Depuis une semaine, il y a rarement une journée sans qu’un pays suspende tout ou partie du vaccin d’AstraZeneca en circulation.

L’Autriche a lancé le mouvement le 8 mars en suspendant un lot de vaccins après la mort d’une infirmière. Depuis, d’autres pays, dont l’Italie, ont suspendu des lots isolés. Le Danemark, la Norvège et l’Islande sont allés plus loin en suspendant tous les lots du vaccin d’AstraZeneca, suivis par les Pays-Bas et l’Allemagne. Hors d’Europe, la République démocratique du Congo, l’Indonésie et la Thaïlande ont reporté leur campagne de vaccination. Les autorités sanitaires ont de nombreuses fois réagi à des cas où des personnes vaccinées ont développé des problèmes sanguins parfois mortels, soit des difficultés à coaguler, soit la formation de caillots sanguins (thrombose). Mais les autorités concernées le reconnaissent : il n’y a pour l’instant aucun lien avéré entre ces problèmes de santé et le vaccin d’AstraZeneca, à part l’enchaînement chronologique. Si celui-ci est suspendu, c’est le temps de s’assurer qu’un tel rapport n’existe pas.

Le directeur de l’Oxford Vaccine Group, qui a codéveloppé le produit, a mis en avant l’absence de données avérées sur le lien supposé avec l’apparition de caillots sanguins chez des patients. Il y a «des preuves très rassurantes qu’il n’y a pas d’augmentation du phénomène de [formation de] caillots sanguins ici au Royaume-Uni, où la plupart des doses en Europe ont été administrées jusqu’à présent», a déclaré, lundi, le professeur Andrew Pollard. Dans un communiqué publié dimanche, AstraZeneca a mis en lumière le fait qu’«environ 17 millions de personnes dans l’Union européenne et au Royaume-Uni ont maintenant reçu [le] vaccin, et le nombre de cas de caillots sanguins signalés dans ce groupe est inférieur aux centaines de cas auxquels on pourrait s’attendre dans la population générale». L’examen de ces données «n’a apporté aucune preuve d’un risque accru d’embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde ou de thrombocytopénie». Yasmine Derbal