Après les accords americains d’entente historiques avec Israël: La question palestinienne divise les Arabes et les Européens

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Le concept «Grand Moyen-Orient» rassemble toute la stratégie américaine dans une région qui recèle plus de la moitié des réserves prouvées de pétrole et le tiers des réserves de gaz. En outre, cette region met les Etats-Unis dans une meilleure position par rapport à une Chine qui sera de plus en plus dépendante des importations pétrolières, surtout de la région du Golfe.

L’histoire de cette région utilise-t-elle l’expression anglaise Moyen-Orient plutôt que celle de Proche-Orient retenue par l’Académie française ? en s’efforçant de rendre intelligibles les événements qui n’ont cessé de l’agiter. Cette Zone stratégique de première importance, le Proche-Orient n’a cessé d’être au centre de la scène internationale depuis le début du  XIXe siècle. Objet des rivalités et des marchandages entre ce qu’on appelait les puissances des années -1900 – Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie, – Le Proche-Orient, qui a fait l’objet d’un partage entre  Paris et Londres après la Première Guerre mondiale, est devenu, depuis la Seconde, un enjeu essentiel entre Moscou et Washington. Il l’est toujours.  En outre les Européens sont particulièrement sensibles au conflit israélo- arabe et à la «guerre du pétrole», la montée des nationalismes arabe, turc, iranien, l’implantation sioniste en Palestine, la révolution nassérienne consacrant la renaissance de l’arabisme, auquel vient se superposer maintenant la vague islamique, les heurts entre pays développés et puissances industrielles. Aujourd’hui , le projet américain  du Grand Moyen-Orient s’appuie sur des outils économiques, tels que la promotion de la croissance économique, ainsi que la micro-finance et la privatisation. Il s’agit d’un plan concret destiné au Moyen-Orient et qui tente de prendre en compte tous les domaines, y compris économiques pour guider la région vers la démocratie sans se soucier des droits du peuple palestinien.

Le projet américain du GMO (Grand Moyen-Orient) Le projet américain du GMO (Grand Moyen-Orient) propose la création rapide d’une zone de libre-échange entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient comme celle qui ont été négociée avec Israël et la Jordanie, il y a moins d’une dizaine d’années. A cette fin, les Etats-Unis proposent de commencer par établir des traités bilatéraux d’investissement ainsi que des accords sur le commerce et les investissements avec les gouvernements de la région. Dans le cadre de négociations avec des pays engagés dans une politique de libéralisation de l’économie, ils proposent d’accompagner ce projet d’une offre d’assistance à la construction et à l’expansion des capacités économiques pour intégrer le commerce mondial. L’un des buts des Etats-Unis est de créer une société financière du Moyen-Orient qui aidera les petites et moyennes entreprises à acquérir des capitaux. Afin de réformer les régimes commerciaux, d’améliorer le climat des échanges et de l’investissement, et de renforcer les droits de la propriété, les Etats-Unis proposent une assistance technique Trump célèbre l’alliance entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn Les Palestiniens, eux, dénoncent un «coup de poignard dans le dos» de la part de ces pays, accusés de pactiser avec l’Etat hébreu sans attendre la naissance de leur Etat. Le président américain, Donald Trump, et le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se sont rencontrés  le  15 septembre 2020 à la Maison-Blanche. Le président Américain déclare : «Après des décennies de divisions et de conflits, nous sommes témoins de l’aube d’un nouveau Moyen-Orient.» Le président américain, Donald Trump, a ainsi salué la signature des accords d’entente historiques entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn, lors d’une cérémonie organisée en grande pompe à la Maison-Blanche. Déjà la signature des accords précédents  avec d’autres pays de la région est considéré pour l’Etat hébreu l’établissement formel de relations diplomatiques avec ces pays, et la première percée diplomatique de ce type depuis les traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie, en 1979 et 1994.

Après les Emirats, le royaume du Bahreïn reconnaît Israël Récemment, le président américain a déclaré que «sept ou huit pays» arabes supplémentaires, «y compris les gros», s’apprêtaient à conclure «très bientôt» des accords de normalisation de leurs relations avec Israël. «Je pense qu’Israël n’est plus isolé», a-t-il commenté.  Trump qui annonce : «J’ai parlé avec le roi d’Arabie Saoudite» et son pays suivra «le moment venu» ce même mouvement. La cérémonie  s’est déroulée de gauche à droite, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn,  Abdel Latif Al-Zayani, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le président américain, Donald Trump, et le ministre des Affaires étrangères émirati, Cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, exposent les accords signés depuis le jardin de la Maison-Blanche, le 15 septembre, à Washington. Devant une assistance fournie, malgré la pandémie Covid-19, le chef du gouvernement israélien n’a pas été avare de compliments à l’égard de son «ami» Donald Trump, avant de lancer, en arabe, à ses nouveaux interlocuteurs : «Assalamu Alaykum» («Que la paix soit avec vous»). Il est en revanche resté muet sur le sort des Palestiniens, grands absents  mardi, même si les ministres des Emirats et de Bahreïn ont rappelé leur cause. Les Palestiniens, eux, dénoncent un «coup de poignard dans le dos» de la part de ces pays qu’ils accusent de pactiser avec l’Etat hébreu sans attendre la naissance de leur propre Etat. Pour le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, il n’y aura «aucune paix» au Proche-Orient sans la «fin de l’occupation» israélienne et «le respect des pleins droits du peuple palestinien». A Ghaza, sous blocus israélien, et en Cisjordaine (à Naplouse, à Hébron mais aussi à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne), des centaines de manifestants se sont mobilisés contre l’accord signé à Washington, qu’ils estiment être une «trahison» à leur cause. «Non à la normalisation avec l’occupant» israélien, «Les accords de la honte» ou encore «Trahison», pouvait-on lire sur des banderoles. Amorcé avec la prise de conscience vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, les limites de la politique passée ont conduit Washington à mettre en avant un objectif : la transformation en profondeur de la région par sa démocratisation. Bien entendu, au lendemain des attentats, il était nécessaire avant tout de briser les capacités de nuisance des groupes terroristes djihadistes (à commencer par al Qaïda), mais cette action, symbolisée par la campagne militaire en Afghanistan conduite à l’automne 2001, est parue insuffisante. Une solution de conciliation peut se dessiner grâce au GMO, malgré une Europe qui a montré sa divergence lors de la guerre contre l’Iraq. L’Europe a toujours prôné le partenariat et la réforme démocratique dans ses relations avec les pays de la Méditerranée. Elle ne pourrait pas donc pas s’opposer à leur projet. La réforme politique des pays arabes et musulmans est considérée plus d’une manière intéressée sur ses retombées au plan de la  sécurité américaine.

Ahsene Saaid