«97% des rumeurs sur l’Algérie proviennent de pays voisins»: Tebboune fustige les lobbys médiatiques

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas mâché ses mots, et a été catégorique en battant en brèche les rumeurs colportées contre sa personne, notamment celles en lien avec son état de santé, précisant qu’elles avaient pour source des sites électroniques dans un pays voisin diffusant depuis l’Europe.

Lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux, diffusée lundi soir, le chef de l’Etat s’est dit révolté contre ces personnes «sans foi ni loi» prétendant que «je n’étais pas malade et que j’avais été victime d’une attaque». Il a affirmé dans ce sens :  «97% de ces rumeurs émanent de l’étranger, et vous en connaissez bien la provenance. Nous avons les informations et nous connaissons ces sites, au nombre de 98. Ils sont chez nos voisins et diffusent depuis la France et l’Espagne». Evoquant son état de santé qui l’a obligé à une absence de quatre mois, le président de la République a rappelé qu’il s’était engagé avec le peuple à la transparence et qu’il n’avait pas changé, se disant «attristé par les rumeurs qui circulent». Il a fait savoir, en outre, que les revendications du Hirak populaire authentique ont été satisfaites pour la plupart, estimant que le peuple est sorti pour commémorer le 2e anniversaire du Hirak, alors qu’une partie est sortie pour d’autres raisons qui « ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique». Il a rappelé, dans ce cadre, que les revendications du Hirak authentique ont été satisfaites pour la plupart, telles que l’annulation du 5e mandat, le changement du Gouvernement et la dissolution du Parlement. Interrogé sur une revendication portée par la majorité des démocraties dans le monde et appelant à une gouvernance «civile» et à laisser la politique aux politiciens, le président de la République a indiqué que ce slogan «n’a pas changé depuis 15 ans, soit depuis que cette catégorie a commencé à suivre des stages dans des pays africains et européens où on leur enseigne comment renverser le système de l’intérieur en utilisant le slogan Etat civil et non militaire et autres». «Le régime algérien est bien défini aujourd’hui. Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préféré un changement institutionnel», a fait savoir le Président Tebboune, qui a assuré que «quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont dirigés vers les urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions». Et d’ajouter :  «Le nombre des habitants des zones d’ombre et enclavées s’élève à 8,5 millions d’habitants qui constituent un véritable appui au président de la République», soulignant qu’il honorera les 54 engagements pris envers le peuple algérien lors de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019». Par ailleurs, le président de la République a affirmé que l’Armée nationale populaire (ANP) a atteint «un niveau de professionnalisme qui la tient à l’écart de la politique. C’est une armée disciplinée qui applique les instructions du président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale».  L’ANP est mon plus fort soutien. «Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires», a-t-il soutenu, appelant à ce propos l’arrestation d’individus munis d’armes blanches lors des dernières marches. «Ce sont l’Armée et les services de sécurité qui veillent à protéger le peuple pour qu’il puisse s’exprimer librement», a expliqué le président de la République. Déplorant les rumeurs sur son état de santé et sa prétendue démission, le chef de l’Etat a nié avoir un conflit avec l’institution militaire, affirmant qu’il ne décevra pas le peuple qui a placé sa confiance en sa personne.

«L’Algérie est une force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous préserverons notre prolongement stratégique en Afrique ou ailleurs», a-t-il soutenu, soulignant que l’ANP ne sera pas envoyée à l’étranger, il faut admettre que «notre mission étant d’ aider nos voisins à surmonter les étapes difficiles et les crises qu’ils traversent». Et d’ajouter que l’Algérie «œuvre actuellement à retrouver ses forces et son leadership au plan régional, dans le respect de la souveraineté d’autrui, sans renoncer à sa souveraineté et à ses positions». L’Algérie «n’est sous le protectorat d’aucun pays», a martelé le chef de l’Etat, indiquant qu’il existe un autre pays dans la région «qui applique ce qu’on lui dicte». Sur un autre registre, le président Tebboune a mis l’accent sur l’impératif de rationnaliser les dépenses et d’encourager la production et l’investissement nationaux afin de relancer l’économie nationale et d’assurer au pays une situation financière confortable. L’Algérie «n’est pas dans une situation d’aisance financière, mais elle est toutefois en mesure d’honorer ses engagements financiers grâce à la maîtrise de ses dépenses, notamment celles des importations», a souligné le président Tebboune. «Je n’irai pas jusqu’à dire que nous sommes dans une situation d’aisance financière, mais nous sommes en mesure d’honorer nos engagements financiers. Il est vrai que nos réserves de change oscillent entre 42 à 43 Mds USD mais nous avons réduit les importations et réalisé des recettes pétrolières de 24 Mds USD, en dépit de la pandémie», a-t-il encore soutenu. Evoquant les craintes d’un recours du pays au Fonds monétaire international en raison du recul de ses réserves de change, il a estimé que ces craintes «s’appuient à l’ère de la rente lorsque la facture des importations s’élevait à 60 Mds USD, dont 15 milliards de surfacturation et 25% d’importations pas du tout indispensables». «En matière d’importation, les besoins du pays en produits alimentaires essentiels ne dépassent pas les 8 Mds USD annuellement», a-t-il fait savoir. Cependant, a-t-il poursuivi, «certains n’ont pas compris que nous ne devons importer que ce dont nous avons besoins», a-t-il expliqué, affirmant que c’est précisément la non- rationalisation des importations qui l’a amené à demander au Premier ministre de mettre fin aux fonctions de l’ancien directeur général d’Air Algérie. Rappelant que ce dernier avait lancé un appel d’offres pour des marchandises non essentielles, en dépit des instructions de rationalisation des dépenses. Il a affirmé que de tels comportements doivent cesser. A une question sur le taux d’inflation et son impact sur le pouvoir d’achat du citoyen, M. Tebboune a considéré que le taux d’inflation enregistré en Algérie «n’est pas au point de conduire à la privation». Par ailleurs, le président de la République a mis l’accent sur l’importance d’encourager la production nationale, saluant les réalisations du secteur de l’agriculture, en dépit des répercussions induites par la pandémie Covid-19. «Avec plus de 25 Mds USD, c’est la première fois depuis l’indépendance que les recettes du secteur agricole dépassent celles des hydrocarbures», a-t-il fait observer, ajoutant : «Nous n’avons importé ni légumes ni fruits». En réponse à une question sur le projet du nouveau code de l’investissement, le président de la République a indiqué que la première mouture n’a encore été présentée ni au gouvernement ni au Conseil des ministres, soulignant que la nouvelle politique de l’investissement repose sur la suppression de tout ce qui a trait à l’idéologie pour ne maintenir que les aspects purement économiques.

Ce projet vise à faciliter l’investissement, a-t-il ajouté, mettant en avant la suppression de la règle 49/51 relative à l’investissement étranger pour les secteurs non stratégiques, tout en accordant la priorité à l’investissement national. «Ce qui m’intéresse, c’est l’investissement des Algériens», a déclaré M. Tebboune, appelant, dans ce cadre, les rencontres qu’il avait tenues avec les représentants du Patronat. S’agissant du secteur bancaire, le chef de l’Etat a fait état de la poursuite de l’audit des banques publiques, fustigeant, l’absence de l’esprit commercial chez ces banques. «Nos banques sont de simples guichets publics sans aucun esprit commercial», a-t-il déploré, ajoutant que la banque qui ne prend pas de risques n’est pas une banque. Pour le président de la République, le changement des méthodes de gestion des banques ne peut être opéré du jour au lendemain. Concernant le développement des zones d’ombre, il a réitéré qu’il demeure une priorité s’inscrivant dans le cadre d’un programme économique, constitutionnel et idéologique, d’autant que les régions rurales ont toujours été les plus affectées durant les différentes étapes historiques qu’a traversées l’Algérie.

  1. Benslimane