Fatigue extrême, et si c’était une carence en vitamine D ?

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La fatigue extrême est au centre de l’attention ces dernières années. Stress, anxiété, problèmes de famille, pression au travail… Accéder à un vrai sommeil et se reposer la nuit semble parfois mission impossible. Mais en réalité, ma situation était sensiblement différente…

Pendant des mois, j’ai ressenti un épuisement comme jamais auparavant, qui montait en intensité jusqu’au milieu de journée. Dès midi, je me sentais totalement vidée de toute mon énergie, je ne pouvais plus me concentrer au travail (il m’arrivait d’écrire et de devoir vérifier mille fois ce que j’avais écrit parce que je ne m’en souvenais plus). À cela s’est ajoutée une forte chute de cheveux, en dehors des changements de saison propices à ce phénomène. Le plus étrange, c’est que je dormais 8 heures par nuit. Je me reposais correctement. Je mettais ma fatigue sur le compte du stress, qui ne manquait pas de me bouffer mes journées… Dans mon esprit, c’était normal, passager. Eh bien je me trompais. Cette année-là, j’ai fait des analyses de sang via mon généraliste, qui se sont révélées normales. Mais à l’été, ayant consulté mon endocrinologue pour d’autres raisons, je me suis aperçue que je souffrais d’une carence en vitamine D, une vitamine essentielle pour la santé. On estime que 90% de la population pourrait être atteint sans le savoir d’un déficit de vitamine D, une hormone vitaminique pourtant cruciale pour notre bien-être quotidien. «Il est rare qu’une personne sache qu’elle souffre d’une carence en vitamine D sur la base de symptômes», explique Isabel Viña Bas, praticienne en endocrinologie et nutrition et fondatrice d’IVB Wellness Lab. «En effet, ces symptômes sont si subtils qu’ils sont souvent attribués à une fatigue ou à nos modes de vie actuels. Ainsi, les symptômes les plus courants qui peuvent indiquer une carence sont les suivants : douleurs osseuses, faiblesse musculaire et, chez les enfants, retard de croissance, jambes arquées, humeur maussade… Dans les cas de carences plus sévères (valeurs sanguines inférieures à 10 ng/ml), on note des infections récurrentes, en particulier des infections respiratoires.» À cela s’ajoutent des chutes de cheveux, des altérations de l’humeur (états dépressifs, anxieux, agitation, troubles du sommeil…) — bien entendu, l’ensemble de ces signes ne sont pas constatés chez tous les patients. Quoi qu’il en soit, surveiller son taux de vitamine D est primordial, symptômes ou non. «Jusqu’à il y a 10 ans, la seule importance attribuée à la vitamine D était son rôle dans la bonne santé des os, étant donné qu’elle favorise l’absorption intestinale du calcium, et la production de phosphore. Mais on sait aujourd’hui que la vitamine D représente jusqu’à 1/3 du génome humain, et qu’elle est impliquée dans des fonctions clés telles que la modulation du système immunitaire. Elle intervient également dans la modulation des hormones et des neurotransmetteurs impliqués dans le développement neurologique et l’humeur», indique la docteure Viña. Le docteur Antonio Hernández, formulateur médical chez Be Levels, une marque espagnole de compléments alimentaires, ajoute que «la carence en vitamine D peut avoir un effet négatif sur la santé. Certains états inflammatoires associés à une fatigue chronique, à des pathologies auto-immunes ou à des syndromes liés à une immunosuppression peuvent être exacerbés par une carence en vitamine D. De même, la vitamine D agit au niveau neuronal et si déficit profond il y a, on peut constater une plus grande prédisposition aux troubles neurocognitifs, ainsi qu’à l’anxiété et à la dépression».

Comment savoir si on a un faible taux de vitamine D ?

Le diagnostic ne peut être posé que grâce à une prise de sang, si votre médecin demande à mesurer cette prohormone. Ce test peut être demandé par les médecins de famille ainsi que par tous les médecins impliqués d’une manière ou d’une autre dans les différentes fonctions de cette hormone-vitamine, tels que les endocrinologues, rhumatologues, pédiatres, gynécologues, gériatres, traumatologues ou internistes. La décision finale de demander des valeurs sanguines de vitamine D appartient au médecin qui, après avoir évalué les conditions individuelles de chaque patient, décide si, à son avis, l’évaluation du taux de vitamine D est nécessaire pour établir l’état de santé du patient, ou si elle peut aider dans le processus diagnostic ou thérapeutique. «Si le médecin n’exige pas cette mesure, le patient est en droit de lui demander pourquoi. Le praticien doit fournir à son patient une justification pertinente à ce sujet, poursuit l’experte, qui souligne qu’il «existe différentes situations dans lesquelles il est invariablement nécessaire de mesurer le taux de vitamine D : lorsque l’on traite des personnes ayant des antécédents de chutes et de fractures apparemment non traumatiques, des femmes enceintes et allaitantes, des femmes en ménopause, des personnes atteintes de maladie cœliaque ou de syndromes malabsorptifs (pancréatite, mucoviscidose), des personnes prenant certains médicaments tels que les glucocorticoïdes, des enfants et des adultes dont l’indice de masse corporelle est supérieur à 30 kg/m2…»

À partir de quel taux souffre-t-on d’une carence en vitamine D ?

Des valeurs inférieures à 30 ng/mL indiquent une insuffisance, et des valeurs inférieures à 20 ng/mL sont considérées comme une carence (mes analyses ont établi que mon taux était à 14,1 ng/mL). La consommation d’aliments riches en cette vitamine et les bains de soleil de quelques minutes par jour ne sont pas forcément suffisants. Le médecin peut donc recommander la prise de suppléments afin de s’assurer que les apports journaliers sont assez importantes pour ramener les niveaux à la normale. Le docteur Hernández insiste sur le fait qu’on «ne recommande pas l’inclusion d’une supplémentation en vitamine D à moins que la faible concentration de vitamine D dans le sang soit avérée». En d’autres termes, si vous vous sentez fatigué ou si vous avez des douleurs musculaires et que vous pensez souffrir d’un faible taux de vitamine D, consultez votre médecin pour qu’il effectue des tests. Vos symptômes peuvent être dus à autre chose, et le recours à des suppléments si ce n’est pas nécessaire peut être contre-productif.

Quelle quantité de vitamine D faut-il prendre ?

Si vous cherchez des suppléments de vitamine D, plusieurs options sont possibles, mais toutes les doses ne sont pas forcément conseillées, selon les experts. Comme l’explique le docteur Hernández, «la quantité quotidienne recommandée par les directives médicales se situe entre 400 et 800 UI par jour, même s’il est vrai que de plus en plus d’études montrent qu’il existe un déficit en vitamine D dans de nombreuses tranches d’âge de la population et que ces doses peuvent se révéler insuffisantes. Nous ne pensons pas qu’il soit prudent de porter nos capsules aux 4000-5000 UI que l’on trouve dans d’autres formats ; la quantité recommandée par le médecin est plus facile à contrôler avec des doses de 2000 UI». Par ailleurs, selon Isabel Viña Bas, «il n’existe pas de protocole défini pour augmenter les doses en fonction du degré de carence en vitamine D». Cependant, un taux de vitamine D ne chute pas du jour au lendemain, donc il ne faut pas non plus se précipiter pour l’augmenter. On préférera toujours une augmentation lente et régulière sur le long terme à une augmentation rapide et intermittente. Il est beaucoup plus important de maintenir les niveaux atteints plutôt que de les augmenter très rapidement puis de les voir chuter une fois le traitement fini (ce qui est souvent le cas lorsque l’on prend de grandes quantités de vitamine D, qui ne peuvent pas être maintenues dans le temps).

Pendant combien de temps faut-il prendre des suppléments ?

C’est l’un des doutes que j’ai eus lorsqu’on m’a diagnostiqué une carence. Dois-je en prendre uniquement en    hiver ? Jusqu’à ce que je fasse une nouvelle analyse de sang et que les valeurs soient normales ? Non. «Une fois qu’il y a eu une insuffisance ou une carence en vitamine D, celle-ci doit être prise de manière plus ou moins chronique. Car, dès lors qu’une insuffisance en vitamine D est constatée analytiquement sans avoir de cause précise, l’origine de cette insuffisance est multifactorielle (pollution, inclinaison des rayons du soleil sur la peau, rayons du soleil sur la peau, etc.).» Il est donc très difficile de savoir avec certitude si la carence en vitamine D est due à la pollution, à l’inclinaison des rayons du soleil, aux perturbateurs hormonaux au niveau de la peau et aux multiples voies métaboliques impliquées dans les différentes étapes d’absorption, d’activation et de transport de la vitamine D. Il est tout aussi difficile de déterminer à quelle étape de la synthèse de la vitamine D se situe le problème. Circonscrire un traitement dans le temps, par exemple à l’hiver, revient à supposer que la seule cause de l’absence de taux de vitamine D serait le manque de soleil, alors qu’en réalité, il y a certainement beaucoup d’autres facteurs. «Ainsi, en cas de doute, on recommande un apport chronique de quantités adéquates de vitamine D, étant donné l’insuffisance récurrente de vitamine D dans la population générale, y compris chez les enfants et les adolescents», préconise la docteure Viña.

L’importance de la K2 et du magnésium

Autre leçon que j’ai tirée de mon expérience : il est essentiel de prendre de la vitamine D en même temps que de la K2. Or, tous les suppléments n’incluent pas cette dernière. La vitamine K2 «empêche le calcium alimentaire que nous absorbons grâce à la vitamine D3 de s’accumuler dans les artères, au lieu d’aller vers les os, où il doit œuvrer à construire le squelette», explique-t-on chez IVB Wellness Lab. En outre, le magnésium joue également un rôle important. «Des niveaux adéquats de magnésium intracellulaire sont essentiels au bon fonctionnement de la vitamine D dans plusieurs domaines ; il augmente l’absorption intestinale de la vitamine D, favorise le transport de la vitamine D dans le sang et contribue à l’activation de la vitamine D dans le foie et les reins, ce qui permet d’obtenir la substance réellement agissante : la 1,25 dihydroxyvitamine D3, ou calcitriol», conclut la docteure Viña. Toutes ces valeurs nécessitent des analyses.

Taux souhaité de vitamine D: Quels effets ?

Tout cela est à prendre au cas par cas. Comme le rappelle Antonio Hernández, «dans de nombreux cas, il ne faut pas s’attendre à un quelconque effet bénéfique à des fins cliniques, étant donné qu’un grand nombre de personnes ont des taux de vitamine D faibles et ne présentent aucun symptôme associé». Me concernant, je présentais des symptômes : fatigue extrême, manque de concentration et perte de cheveux. J’ai noté une amélioration très rapide, notamment sur les deux premiers symptômes. Si mon endocrinologue n’avait pas eu le réflexe de demander le dosage de cette vitamine, j’aurais peut-être continué à souffrir de ces symptômes plus longtemps, pensant qu’ils étaient dus au stress ou à un mauvais sommeil. Or, comme le rappelle l’expert, «le fait de prévenir la chute de la vitamine D dans le sang a un potentiel thérapeutique préventif, notamment auprès des femmes en situation de post-ménopause, pour lesquelles il est crucial d’observer des concentrations adéquates de vitamine D afin de leur garantir une densité minérale osseuse correcte, et ainsi prévenir des ostéoporoses. Et ce principe de précaution pourrait valoir pour bien des profils ; il existe certains symptômes et signes cliniques associés à la dépression du système immunitaire qui peuvent être inversés à court terme s’ils sont partiellement liés à la carence en vitamine D.