L’historien français Benjamin Stora a affirmé que l’armée française avait utilisé du napalm contre des Algériens et incendié des villages entiers durant la Guerre de libération nationale.
Dans un entretien accordé à la chaîne Canal Algérie, Benjamin Stora est revenu sur des faits graves révélés dès 1991 dans son documentaire Les années algériennes. À l’époque, des pilotes français avaient témoigné avoir utilisé, en 1959, des armes chimiques – notamment le napalm – dans la région du Constantinois. »Ces pilotes avaient témoigné que des Algériens ont été brûlés vivants », a-t-il déclaré, soulignant la brutalité de la répression coloniale. L’historien a déploré l’absence de réactions officielles en France après la diffusion de son documentaire. Il a comparé ces événements à l’extermination des populations autochtones en Amérique au XIXe siècle, relevant toutefois une différence majeure : alors que les États-Unis ont reconnu et enseigné ces faits aux nouvelles générations, la France n’a commencé à aborder sérieusement l’histoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie que depuis une vingtaine d’années. « Ce n’est que maintenant que l’on découvre ce qui s’est réellement passé durant la Guerre d’Algérie », a-t-il souligné, dénonçant la chape de plomb qui a longtemps pesé sur cette période. Aujourd’hui, l’utilisation prohibée d’armes chimiques par la France coloniale en Algérie suscite une forte polémique. Benjamin Stora estime que les nouvelles générations, en quête de vérité, se montrent de plus en plus désireuses de connaître cette part occultée de l’histoire. Cependant, il pointe du doigt la réticence de la France à reconnaître pleinement son passé colonial et à valoriser le courant anticolonialiste, qualifiant cette situation de « bataille de mémoire ». Avec ces nouvelles déclarations, l’historien relance un débat essentiel sur la nécessité d’une reconnaissance officielle et d’un travail de mémoire approfondi sur les crimes coloniaux commis en Algérie.
Hakima H./Ag