Il y a lieu d’analyser les impacts des décisions récentes des taxes douanières du président Trump concernant 18O pays et pour l’Algérie qui était jusque-là de 18,9%, passant à 30%, ce qui aura un impact directement et indirectement sur l’économie algérienne fortement dépendante de la rente des hydrocarbures.
1.- C’est qu’il y a réciprocité puisque ’Algérie taxe déjà fortement certains produits américains à plus e 30% et bon nombre d’autres produits de l’Europe afin de préserver ses réserves de change et protéger sa production nationale entre 2O2O/2O24, comme elle a mis en place des tarifs préférentiels pour certains pays dans le cadre d’accords réciproques. En rappelant que vers les années 2OO4, les échanges commerciaux bilatéraux, étaient environ 8,5 milliards de dollars, et depuis avec la production de pétrole et de gaz de schiste , selon l’ambassade des USA à Alger le volume des investissements directs a triplé étant estimé en 2O23 à 6 milliards de dollars et en 2O24 selon le FMI les échanges ont atteint 3,5 milliards de dollars. Les importations en provenance des USA en 2O24 ont été de 1 milliard de dollars et l’Algérie a exporté vers les États-Unis pour 2,5 milliards de dollars de biens composé essentiellement d’hydrocarbures- produits pétroliers raffinés ou bruts, des engrais azotés, très accessoirement le ciment, certains produits sidérurgiques et agricoles. Avec ces surtaxes, à moins d’un accroissement proportionnel de la productivité interne, ces produits peuvent n’être plus compétitifs par rapport aux autres pays qui ont eu un taux largement inférieur. En attendant de plus amples précisions, cependant, selon le Figaro fr du 05 avril 2O25 , certains biens sont toutefois exemptés de cette surtaxe douanière, à savoir le pétrole, le gaz, le cuivre, l’or, l’argent, le palladium, le bois de construction, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importées ne sont pas non plus concernés, car ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières. Si cette nouvelle se confirme, l’impact est limité sur les exportations d’hydrocarbures en direction des USA environ 2/ 2,2 milliards de dollars pour 2O24 soit entre 4/ 5% du volume total de Sonatrach, mais impactant les exportations hors hydrocarbures. Dans le cas où cela toucherait les hydrocarbures , les exportations algériennes ne seront pas concurrentiels du fait que d’autres pays pétroliers ont eu une taxe beaucoup plus faible et cela démontre que le marché naturel de l’Algérie est dans l’espace euro méditerranéen et africain mais devant avoir des entreprises compétitives pour faire face au produits occidentaux, ,asiatiques et de non nombre de pays émergents ayant des prix compétitifs , et très accessoirement l’Asie avec un coût de transport très élevé devant contourner toute la corniche de l’Afrique .
2.-Mais le plus grand impact pour l’Algérie et la majorité des pays mono exportateurs d’hydrocarbures brut et semi brut de ces taxes douanières est sur la détermination du cours des hydrocarbures et l’impact d’une baisse de la valeur du dollar, (les produits hydrocarbures étant majoritairement libellées en dollars , diminuant le pouvoir d’achat de la partie réserves de change libellée en dollars), qui est la décroissance de l’économie mondiale où pour parer à cette situation où selon l’agence Reuters uniquement le S&P 500 a perd 5 000 milliards de dollars en deux jours à cause de la chute des tarifs douaniers de Trump. 50 États sont entrés en négociation avec la Maison Blanche pour espérer échapper à ces mesures. Les investisseurs anticipant alors des hausses de prix dans quasiment tous les secteurs, une évolution qui s’inscrit dans la lignée de la chute du marché à Wall Street aux Etats-Unis qui a connu la pire semaine depuis la crise du Covid-19, où en Europe , le CAC 4O ayant perdu 7%, la Bourse de Paris moins de 5,2 %, celle de Francfort moins de 6,3 %, celle de Londres moins de 4,8 %.. Dans la matinée du 07 avril 2025, le marché boursier asiatique est en chute libre où en Inde, la baisse atteint 3%, à Tokyo 7%, à Singapour 6%, et à Taiwan 10%. Cela a eu un impact sur le cours des hydrocarbures où les USA sont devenus le premier producteur mondial avec plus de 13 millions de barils jour devant la Russie et l’Arabie Saoudite avec entre 1O et 11 millions barils et exportateur important de GNL L’OPEP représente 33% de la production commercialisée mondiale et avec l’OPEP+ avec le rôle déterminant de la Russie et de l’Arabie Saoudite, les autres pays étant marginaux, environ 5O% et donc 5O% se faisant hors OPEP+. Le problème posé surtout avec la récente entente Russie-USA et les bonnes relations USA -Arabie Saoudite après la dernière décision du 3 avril 2O25, l’OPEP+ ayant annoncé une augmentation graduelle de la production de 411.000 barils par jour misant une consommation de 105,2 millions de barils jour pour en 2025 , mesure qui a pris effet à compter du mois de mai 2025 sera-t-elle remise en cause ?. Et qu’en sera-t-il pour l’Algérie entre 2023/204 ne dépassant pas 45O.000-500.000 barils par jour d’exportation sur une production totale d’environ 950.000, idem pour le gaz naturel sur une production de 105 milliards de mètres cubes gazeux, plus de 55% d’exportation, la différence production exportation étant destinés à la consommation intérieure en croissance ? Du fait à la fois des effets des droits de douane , l’augmentation de la production de l’OPEP+ , le cours du pétrole a été coté le 07 avril 2O25 à 64,19 dollars pour le Brent et 60,61 dollars pour le Wit, une baisse de près de 8/1O dollars en référence au mois de février :mars 2O25 et le prix du gaz représentant plus de 35% des recettes en devises de l’Algérie après avoir dépassé 5O euros , le prix du MWh de gaz en France sur le marché PEG est de 33.048 €/MWh pour le contrat année 2026, alors qu’il s’élevait à 43.863 €/MWh le 11/02/2025 pour le même contrat futur.
3.-Il faut être réaliste , l’Algérie devant très attentive à tous ces impacts Car, les recettes de Sonatrach représentant l’essentiel des recettes en devises sont passées de 6O milliards de dollars en 2O22, à 5O en 2O23 , des estimations provisoires entre 43/44 milliards de dollars pour 2O24 pour un cours moyen de 75 dollars. Qu’en sera-t-il si le cours moyen pour 2O25 est inférieur à 7O dollars, le déficit budgétaire, source d’inflation, prévu pour 2O25 étant déjà très élevé étant estimé par la loi de finances 2O25 à 61,72 milliards de dollars au cours actuel . Cette dépendance vis-à-vis de la rente des hydrocarbures est d’autant plus inquiétante pour plusieurs raisons :
-Les banques commerciales et d’investissement opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, mais par les avances récurrentes (tirage et réescompte) auprès de la Banque d’Algérie et les entreprises publiques déficitaires sont refinancées par le Trésor toujours via les recettes de Sonatrach. Cet assainissement a coûté 250 milliards de dollars durant les trente dernières années à fin 2O2O ( source APS) et cela a continué entre 2O21/2O24 via toujours la rente des hydrocarbures
– la technique de triangularisation de la matrice du produit intérieur brut PIB d montre clairement que majorité des entreprises privées et publiques , que ce soit pour leur investissement ou leur exploitation courante, sont entièrement dépendantes de la «monnaie hydrocarbures » et que le taux de croissance via la dépense publique qui influe sur le taux d’emploi et donc sur le taux de chômage dépendant de cette rente
– elle permet l’allocation chômage, une généreuse politique généreuse des transferts sociaux comme tampon social mais mal ciblées et injuste, bénéficiant à toutes les catégories sociales, évaluées pour 2O23 et 2O24 à plus de 5OOO milliards de dinars soit au cours actuel 37,32 milliards de dollars ainsi que l’augmentation de la prochaine l’allocation touristique évaluée à 4 milliards de dollars /an selon la déclaration du Ministère des Finances en date du 3O mars 2O25
– elle permet 98% des recettes en devises y compris les dérivées d’hydrocarbures inclus dans la rubrique hors hydrocarburée pour près de 65/7O% évalués à 6,9 milliards de dollars en 2O22, 5, O1 en 2O23 et selon les premières estimations du premier semestre 2O24 par l’ONS allant vers 4,3 milliards de dollars en 2O24 et par ricochet les réserves de change estimées à plus de 7O milliards de dollars fin 2O24.
En conclusion, pour l’équilibre budgétaire ,le niveau du baril selon les rapports du FMI et de la Banque mondiale en référence aux lois de finances 2O24/2O25 devrait se situer entre 125/12O dollars le baril selon les lois de finances 2O24/2O25 , en cas d’un baril tournant entre 55/65 dollars , il y a risque de puiser dans les réserves de change à moins d’un afflux massif des IDE et d’un accroissement substantiel du volume exportable mais tributaire de profondes réformes structurelles afin de s’adapter aux nouvelles mutations géostratégique sécuritaires et économiques et aux aléas de la conjoncture internationale. L’objectif de la réforme globale (symbiose entre efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale) en plus des tensions géostratégiques aux frontières de l’Algérie, est de redonner confiance à la population algérienne, condition de sa mobilisation pour relever les nombreux défis ce qui renvoie aux a ouvrages d’un des fondateurs de l’Economie Adam Smtih.et de la sociologie moderne Ibn Khaldoun. qui ont posé les liens dialectiques entre morale et développement et qui concerne plus généralement la nécessaire refonte des relations internationales, et donc à la crise actuelle.