Le sommet des pays exportateurs de gaz à Alger du 29 février au 02 mars 2024: Quelle stratégie pour l’Algérie ?

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Cette présente contribution trace les axes directeurs de mon intervention à la radio publique  -Radio Algérie Internationale le 06 janvier 2023 de 12/13h.

Les cours du pétrole et du gaz connaissent en ce début de janvier 2024  une forte baisse, le pétrole étant   coté le 06 janvier 2024 à  78,90 dollars le Brent et 73,95 dollars le Wit et le prix de cession du gaz sur le marché libre ayant atteint  le point haut du 09/01/2023 57,8 euros le MWh  étant coté à  )  32.858 euros le /MWh,  un  bas niveau. Dans ce cadre , crée en 2001, le sommet des pays exportateurs de pétrole  se tiendra à Alger du 29 février au 02 mars 2024 afin de déterminer la future politique gazière mondiale au sein de l’irréversible transition énergétique

1.-Le FPEG est constitué de 11 pays membres : 5 en Afrique (Algérie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria) ; 2 au Moyen-Orient (Iran, Qatar) ; 3 en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela) ; et la Russie.  Par ailleurs, 7 pays non-membres ont un statut d’observateur : l’Angola, l’Azerbaïdjan, les Émirats arabes unis, l’Irak, la Malaisie, la Norvège et le Pérou. Les dix premiers réservoirs de gaz dans le monde sont la Russie 47800  milliards de mètres cubes gazeux   ,l’Iran ,  33500 le Qatar 24300, les USA 8714, l’Arabie saoudite 8602, Turkménistan  7504,Emiraties 6091,Venezuela 5701, Nigeria 5284 , et le Mozambique arrivant à la 10ème position  l’Algérie 4500  dont les réserves rentables  pour un prix moyen de 50 dollars le mégawattheure est de 2500 milliards de mètres cubes gazeux , données du conseil des ministres  courant 2021. Selon les données de 2022 publiées par Statista, voici les pays qui produisent le plus de gaz au monde et leur niveau de production sur l’année : Etats-Unis : 1 027 milliards de m3. Russie : 699 milliards de m3. Iran : 244 milliards de m3. L »on doit  éviter toutes mauvaises interprétations  concernant le niveau des réserves de gaz ou de pétrole : premièrement , les réserves se calculent par rapport au vecteur prix international et au cout :si le prix est de 100 dollars le mégawattheure exemple, les réserves se  rapprochent  du  niveau des réserves ; mais si le prix est de 50, les réserves sont divisées par  deux et ne pas oublier que l’on doit  injecter dans les puits  entre 20/25% du gaz pour ne pas épuiser l’extraction. Deuxièmement le prix du gaz  ne répond pas comme celui du pétrole à  l’’offre et la demande à un jour T, le marché du pétrole étant  un marché mondial , le marché du gaz  segmenté géographiquement du fait de la prépondérance des canalisations environ 70% et le marché du GNL 30% étant un marché régional , .d’où l’importance des contrats à  moyen et long terme car l’investissement est lourd et à rentabilité à moyen et long terme.

2-Concernant la stratégie gazière de l’Algérie, selon Kadri Simson, la Commissaire européenne à l’énergie, s’exprimant lors de la deuxième édition du Forum d’affaires Algérie-UE sur l’énergie, les 11 et 12 octobre 2022 à Alger, l’Union européenne (UE) est prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie, celle-ci ayant toujours été un fournisseur important et fiable de gaz naturel pour l’UE. Pour cela l’Algérie axe sa stratégie autour de trois axes entrant dans le cadre de la transition énergétique . Premier axe, améliorer l’efficacité énergétique qui constitue un gaspillage et développer  les l’investissement dans les hydrocarbures traditionnels dont le gaz énergie plus propre que le pétrole, qui constitueront encore pour longtemps la principale entrée en devises , accroitre les prospections ( 50% de la superficie n’étant pas encore exploitée)  pour découvrir de nouvelles réserves avec pour objectif tant pour courir la consommation intérieure  qui approche les exportations actuelles ( plus e 40 milliards de mètres cubes gazeux) renvoyant à la nécessaire révision de la politique des subventions ciblées ,l’augmentation des volumes de gaz à l’exportation vers des pays lointains  à travers le GNL  et vers l’Europe à travers les canalisations  dont Medgaz   capacité 10,5 milliards de mètres cubes gazeux et Transmed 33/24 milliards de mètres cubes gazeux  ,qui ont connu un accroissement  en 2023 passant de 11% entre 2021/2022 à  13%   en 2023.Il s’agira   en de réduire davantage les émissions de méthane et le torchage, ce qui rendrait plus de gaz disponible pour le commerce. Plusieurs projets qui doivent approvisionner l’Europe permettront de développer les exportations du gaz par canalisation en attendant la mise en œuvre fonction à la  fois de la géostratégie et du cout économique, dont le  projet du gazoduc trans-saharien NIGAL, d’une longueur de 4 128 kilomètres (qui suppose la résolution du conflit au Niger) et d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes ; le projet de Galsi, via la Sardaigne et la Corse, gelé depuis 2012 et qui annonçait alors une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse (cf. conférence du Pr A.Mebtoul à la CCI de Corse et son déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet). Selon les données de l’Opep, le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de m3 en 2022, en passant de 8 milliards de m3 à 10 milliards m3, tandis que les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, ont atteint 23,5 milliards de m3 en 2022 contre 21,5 milliards m3 en 2021. Le deuxième axe est le développement  des  énergies renouvelables, l’Algérie disposant  d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le Ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2% ) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Le Ministère  de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables, ce qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW. Cependant, il reste à mobiliser un financement européen important du Fonds européen pour le développement durable, en coopération avec les banques de développement comme la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Le troisième axe est le développement de l’hydrogène vert dont il conviendra de déterminer le cout  et le futur prix au niveau international . L’Algérie se propose, selon le Ministère de l’Energie, d’investir de 20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 2040 autour de l’hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2040( voir mebtoul elwatanweb 12/2023).

En conclusion, le monde devant connaître une profonde mutation, notamment avec les impacts du réchauffement climatiques des espaces euro-méditerranéen et africain, la coopération entre l’Algérie et l’Europe ainsi que d’autres partenaires  devra être axée sur la nécessaire transition énergétique (nouveau modèle de consommation) et numérique.Le   monde devrait connaître un profond bouleversement entre 2024/2030 (transition numérique et énergétique), avec de nouvelles recompositions du pouvoir mondial et l’émergence de nouvelles puissances économiques. Des stratégies d’adaptation sont nécessaires pour l’Algérie tant dans le domaine économique que militaire, le caractère social de l’Etat ne signifiant pas populisme . D’où l’urgence du renouveau du service public et l’optimisation de l’effet de la dépense publique où l’handicap majeur de toute société est l’intervention autoritaire, vision du passé, des pouvoirs publics, ce qui ne saurait signifier la fin du rôle de l’Etat stratégique en économie de marché en tant que régulateur et protecteur des plus démunis. En fait, l’objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de Droit, base du retour à la confiance passant par des actions concrètes de lutte contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèles occultes qui remplacent les relations contractuelles. En de mois du 01 janvier 2024 évitons toute sinistrose. Pour ma part, sans démagogie, , j’ai un grand espoir pour le redressement national, l’Algérie ayant toutes les potentialités pour devenir un pays émergent  étant un acteur stratégique  à la fois sécuritaire et économique au niveau de l’espace euro méditerranéen et africain. La réussite dépend avant tout des Algériens eux-mêmes, car  il n’y a pas de citoyens sans projet social et il n’y a pas de projet politique et économique durable qui ne soit pas lié à un projet social.  Ce bouleversement mondial influera sur les méthodes de gestion des États, par ailleurs exposés aux nouveaux dangers systémiques dont  les catastrophes naturelles, les  pénuries d’eau douce et  les cyberattaques. (voir interview Pr Mebtoul 06/01/2023 Radio Algérie Internationale)

A.M