Ce thème stratégique pour le devenir de l’Algérie dont cette intervention doit beaucoup aux nombreux amis ingénieurs et économistes de hauts niveaux ayant exercé ou exerçant d’importantes responsabilités au sein des secteurs mines- énergie soit à l’étranger ou en Algérie , fruit également de quarante années en tant que directeur d’études au sein des Ministères de ‘l’industrie de l’Energie , expérience loin des théories abstraites.
Ce thème pose la problématique de la gouvernance de l’entreprise inséparable des liens dialectiques entre les mutations de la gouvernance mondiale, de la gouvernance nationale, de la gouvernance territoriale. La structuration est la suivante
1.-Les principes fondamentaux de la gestion des projets
2- La problématique de la gestion du fer de gara Djebilet
3.-Les enjeux géostratégiques et économiques du gazoduc Nigeria -Europe
4.-Comment améliorer la gestion de Sonatrach face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales
Les principes fondamentaux de la gestion des projets pour éviter les surcouts
Plusieurs Conseils des ministres avec des directives ont été consacrés à une meilleure maîtrise des dépenses et de suivi des projets et ce afin d’éviter, selon les données du Premier ministère reprises par l’APS fin 2021, tous ces assainissement répétés des entreprises publiques 250 milliards de dollars durant les trente dernières années) et les différentes réévaluations (entre 60/70 milliards de dollars durant les 10 dernières années) dont plus de 80% sont revenues à la case de départ qui constituent un gouffre financier et cela a continué entre 2O21 et 2024. Rappelons que dans plusieurs conseils des ministres, le président de la publique a donné des instructionspour le respect des délais dans la réalisation des projets et qu’un organe avait été mis en place le 17 mars 2024 sous l’autorité du directeur de cabinet de la présidence de la république un organe de suivi et de réclamations du blocage des projets afin de lutter contre l’hydre bureaucratique qui touche certains ministères, wilayas et institutions de l’Etat et en sont les activités de cet organisme depuis ? Afin d’éviter des actions conjoncturelles de peu d’effets à moyen et long terme, devant différencier selon le langage militaire tactiques et stratégie, il est souhaitable que cet organe s’insère au sein d’une véritable planification stratégique collant avec la réalité de la société algérienne et des nouvelles mutations mondiales. Car la régulation est souvent confondue avec le monopole néfaste qui provoque des pénuries régulières, en étouffant les entreprises pour leur fonctionnement (85% des matières premières et équipements des entreprises publiques et privées provenant de l’extérieur en 2023) avec des hausses de prix de 100 à 200% pour les produits non subventionnés comme les pièces détachées. Certes, le marché pour certains produits est approvisionné, mais l’important n’est pas là devant le relier au pouvoir d’achat dont le salaire réel . Où en sont les grands projets structurants qui devaient voir le jour en 2022/2023 . Pris dans l’euphorie et épaulés par certains soi-disant experts organiques pour reprendre la formule du philosophe italien Gramsci, des responsables ont avancé 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures fin 2023, et 12/13 en 2024.alors que valeur selon les statistiques officielles est passé de 7 milliards de dollars en 2O22, à 5 en 2O23 et 4,6O en 2O24 dont 67% sont des drivées d’hydrocarbures car pour pouvoir exporter dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, il faut avoir au préalable des entreprises compétitives et dresser la balance devises nette au profit de ‘l’Algérie en soustrayant du chiffre d’affaire exportable, les bonifications des taux d’’intérêts, les différentes aides, et les matières premières importées en devises et le pri bas du gaz où la consommation intérieure approche les exportations actuelles, où sur une production de 120 milliards de mètres cubes gazeux en 2024, 20% ont été réinjecté dans les puits pour éviter leur épuisement, 55% ont été exportés et 45% représentent la forte consommation intérieure renvoyant d’ailleurs à l’épineux problème des subventions. Tout projet doit montrer clairement la hiérarchie des objectifs, les résultats escomptés par secteur, ainsi que la portée, les indicateurs de performance, les indicateurs des objectifs et des échéanciers précis et enfin l’hypothèse de risques. Or, le contrôle de la qualité de gestion doit avoir pour finalité l’appréciation des conditions d’utilisation et de gestion des fonds gérés par les services de l’Etat ainsi que les établissements et organismes publics et l’évaluation des projets, programmes et politiques publiques. Souvent on constate l’absence de maîtrise dans la gestion des projets qui font l’objet de surcoûts et de réévaluations permanentes, d’où la faiblesse de l’impact de ces projets en termes de rentabilité et de retour sur investissements. Les déficiences observées dans le processus budgétaire et les goulets d’étranglement institutionnels ont entraîné systématiquement une mauvaise exécution des programmes d’investissement. Toutes ces insuffisances ont abouti à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans la réalisation. Parmi les carences importantes observées dans ce registre, le décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et celui de fonctionnement et les écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés. Ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes concernés. Les nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans la faiblesse de la préparation technique du personnel d’exécution et la qualité des projets qui sont généralement faibles et inégales et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes. Pour s’adapter à la nouvelle configuration des relations internationales, l’action gouvernementale doit définir clairement les objectifs stratégiques. Il s’agit de se poser les bonnes questions : comment se pose le problème ? Quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie) ? Quelles sont les contraintes socioéconomiques, financières et techniques internes ? Quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents, et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe ? Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? L’on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets capitalistiques dont le seuil de rentabilité, si le projet est lancé en 2022, ne sera réalisable que dans 7/8 ans ‘à horizon, des projets moyennement capitalistiques, avec un seuil de rentabilité au bout de 4/5 années et des projets faiblement capitalistiques (PMI/PME) au bout de 2/3 années. L’on devra tenir compte des nouvelles mutations mondiales qui seront dominées par ce que Jacques Attali nomme les «industries de la vie» : la santé, l’alimentation, l’écologie, l’hygiène, l’éducation, la recherche, l’innovation, la sécurité, le commerce, l’information, la culture ; et bien d’autres, ces segments étant capables d’augmenter leur productivité, et donc d’améliorer sans cesse leur capacité de satisfaire la demande sociale nouvelle, fonction de nouveaux comportements. Il s’agit d’éviter la vision bureaucratique, de croire que l’élaboration de lois sont la seule solution alors que la solution durable est de s’attaquer aux blocages du fonctionnement de la société avec des actions concrètes sur le terrain loin des discours et promesses utopiques. En conclusion, des organes techniques ont peu d’efficacité sans une mobilisation et participation citoyenne . Le manque de planification stratégique, collant avec les aspirations de la société, fonction d’un système d’information fiable en temps réel, peut occasionner à l’Etat des pertes qui peuvent se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, tout en favorisant la mauvaise gestion et la corruption. Il s’agit de ne pas confondre le tout-Etat, solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination, avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, mais qui suppose un degré de compétences élevés pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles augurent de profonds bouleversements entre 2025 et 2030. D’une manière générale pour le développement de l’Algérie , il ne suffit pas de faire des lois (mentalité du bureaucrate), mais de s’attaquer à l’essence du blocage qui est l’écosystème, la bureaucratie qui bloque les énergies créatrices donc le développement, favorise les délits d’initiés, dont les surfacturations en devises et en dinars, renvoyant à la bonne gouvernance et de l’urgence d’une coordination sans faille des institutions de contrôle, dont la Cour des comptes en hibernation, politiques et techniques afin de relancer l’économie nationale et assurer la nécessaire cohésion sociale. Et à ce titre je voudrai mettre en relief deux importantes bonnes décisions qui ont été prises en ce mois de mai 2025 récemment en espérant qu’elles ne seront pas avorté par des entraves bureaucratiques.
Premièrement, la nouvelle loi minière qui entend encourager les investissements étrangersOutre l’annulation de certaines mesures en vigueur dans le cadre de l’actuelle loi comme la règle des 51/49%, le texte, dont l’APS a consulté une copie, comprend une série de dispositions dans la cadre de l’investissement et l’exploitation et la valorisation des divers métaux en facilitant les procédures, dans la perspective d’une nouvelle politique nationale minière qui soit plus stable et durable et donc comme mesure principale, le projet de loi supprime les dispositions relatives au caractère stratégique des substances minérales et fossiles contenues dans la loi actuellement en vigueur (Loi N 14-05 du 24 février 2014 portant loi minière).Et ce afin de mettre fin aux obstacles bureaucratiques et diminuer la durée de traitement des demandes d’obtention des titres miniers, le texte propose des mesures permettant de promouvoir le partenariat dans toutes ses formes avec les sociétés privées nationales et étrangères afin notamment de garantir de financer les activités et le transfert de technologie.L’octroi du permis minier est accordé, selon le projet de loi, pour une durée maximale de 30 ans avec possibilité de renouvellement à plusieurs reprises autant que le permettent les réserves à exploiter, tandis que la durée du permis d’exploitation des carrières a été limitée à une durée maximale de 15 ans avec possibilité de renouvellement (article 100). Concernant le permis d’exploitation artisanale des mines et des carrières, il est accordé par l’Agence nationale des activités minières pour une durée maximale de 5 ans avec possibilité de renouvellement à l’opérateur exploitant à plusieurs fois consécutives et pour la même durée. Enfin les titres et licences minières délivrés ne confèrent pas à leur titulaire un droit de propriété sur le sol ou le sous-sol, conformément à l’article 59 du texte. La loi minière, contrairement à certaines propagandes ne brade pas le patrimoine national, tient compte de la forte concurrence internationale pour attirer les investisseurs, , et sous réserve de ne pas exporter le fer à l’état brut, cela n’est pas rentable selon nos calculs, s’inscrit dans le cadre d’une valorisation interne pour des produits à forte valeur ajoutée peut contribuer à réduire les importations de produits sidérurgiques évalués à environ 1,5 à 2 milliards de dollars par an , à améliorer l’intégration de l’économie nationale ( substitution à l’importation, dynamiser les exportations hors hydrocarbures et donc permettre des entrées en devises.( voir notre contribution dans le magazine international New African i Londres en anglais et français. Deuxième décision prise en conseil des ministres le 18 mai 2O25 par le président de la république concernant les commerçants du cabas, opérant dans la sphère informelle. En majorité des jeunes, ils importent à petite échelle des marchandises pour les revendre sur le marché local souvent dans une situation précaire, sans statut légal clair, ce qui les exposait à des saisies fréquentes de leurs marchandises aux ports et aéroports. Tenant compte de la réalité, le président de la république a décidé de mettre fin à cette précarité en ordonnant une régularisation globale et définitive des commerçants du cabas, ne devant plus être considérés comme des importateurs illégaux, mais bien comme des acteurs à part entière de l’économie nationale et ce leur attribuant un statut officiel d’agents économiques afin de leur permettre de bénéficier de droits sociaux et commerciaux reconnus par la loi, en particulier celle relative à l’entrepreneur individuel.La raison est que ces jeunes entrepreneurs au sens propre du terme jouent un rôle important pour l’approvisionnement de produits de consommation courante qui satisfont une demande solvable selon la loi du marché, en investissant leurs faibles moyens dans une activité souvent informelle, mais essentielle pour une grande partie de la population du fait de la faiblesse de la production nationale. Dans ce contexte, le président de la république a chargé le Premier ministre de mettre en place rapidement une commission spéciale qui aura pour mission de définir précisément les mécanismes d’activité des commerçants du cabas, notamment en déterminant quels produits ces jeunes pourront importer et ce en conformité avec les règles fiscales et commerciales du pays.
A suivre