À l’occasion du 63e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, l’Algérie met en lumière des avancées stratégiques dans le domaine de l’eau, notamment avec la réalisation de cinq grandes usines de dessalement, illustrant une volonté politique forte de garantir la sécurité hydrique face aux défis climatiques.
Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources naturelles, l’Algérie renforce sa résilience en matière d’approvisionnement en eau potable grâce à la mise en service de cinq nouvelles stations de dessalement d’eau de mer, dont quatre ont été inaugurées en 2025 par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit des unités de Koudiet Draouche (El Tarf), Cap Djenet (Boumerdès), Fouka (Tipaza) et Cap Blanc (Oran). La cinquième station, située à Tighremt-Toudja (Béjaïa), sera inaugurée prochainement. Chaque usine dispose d’une capacité de 300.000 m³ par jour, portant à 42 % la part de l’eau dessalée dans la couverture des besoins nationaux, contre 18 % auparavant. Réalisées en un temps record, moins de 26 mois, ces infrastructures portent à 19 le nombre total de stations en activité et font passer la capacité de production nationale de 2,2 à 3,7 millions de m³/jour, soit de quoi subvenir aux besoins de 15 millions de citoyens. Ce développement positionne désormais l’Algérie au premier rang africain et au deuxième rang dans le monde arabe en matière de capacité de production d’eau dessalée. Fait marquant : ces réalisations ont été conçues et construites exclusivement par des entreprises algériennes, en particulier des filiales des groupes Sonatrach et Cosider. Une première historique qui témoigne d’un savoir-faire local en pleine maturité. « Grâce à la volonté des hommes, du simple ouvrier au plus haut cadre, le défi a été relevé », avait déclaré le président Tebboune à Oran en février dernier. « Nous voici au stade des grandes réalisations en un temps record et avec les technologies les plus modernes », avait-il ajouté, saluant l’autonomie technique acquise.
Des infrastructures stratégiques et solidaires
En parallèle, l’Algérie a massivement investi dans la construction de barrages et la mise en place de réseaux d’interconnexion hydrauliques, assurant une distribution équitable de l’eau entre les régions. Le pays dispose actuellement de plus de 80 barrages, avec une capacité de 8,3 milliards de m³, qui devrait atteindre 12 milliards de m³ d’ici 2030. Les transferts Sud-Sud et Sud-Nord ont permis de structurer un réseau hydraulique intégré, renforçant la solidarité hydrique nationale. Le taux de raccordement à l’eau potable atteint désormais 98 %, plaçant l’Algérie parmi les pays les mieux équipés du continent en matière d’accès à l’eau.
Une stratégie de long terme et durable
Pour poursuivre cette dynamique, six nouvelles stations de dessalement seront lancées à partir de 2026 dans les wilayas de Skikda, Jijel, Tizi Ouzou, Chlef, Mostaganem et Tlemcen, avec une capacité identique de 300.000 m³/jour. L’objectif est d’atteindre un taux de couverture supérieur à 60 %, tout en préservant les nappes phréatiques. Par ailleurs, l’Algérie ambitionne de développer localement les technologies de dessalement, notamment les membranes d’osmose inverse, et de recourir aux énergies renouvelables pour alimenter ces installations. Une démarche durable et souveraine qui comprend également la valorisation de la saumure issue du dessalement, en particulier dans l’industrie minière, pour l’extraction de lithium, élément clé de la transition énergétique mondiale. Avec ces projets d’envergure, l’Algérie affirme une souveraineté hydrique maîtrisée, portée par une vision stratégique claire, un effort d’investissement soutenu et une montée en puissance de ses capacités industrielles nationales.
Hakima Halimi