Béjaïa: La résidence universitaire 1000 lits rebaptisée du nom de la cité du 19 Mai 1956

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La résidence universitaire des 1000 lits, l’une des plus anciennes structures d’hébergement estudiantin à Béjaïa a été rebaptisée, jeudi, du nom de la cité du 19 Mai 1956 à l’occasion de la commémoration de la date éponyme qui a vu des dizaines d’étudiants et de lycéens et collégiens rejoindre le maquis à l’appel de l’Union général des étudiants musulmans algériens (UGEMA).

La date a coïncidé avec une grève générale des élèves du moyen et du secondaire en réaction à la mort voire l’assassinat d’un de leur camarade, Madjid Brahmi, âgé à peine de 15 ans, brûlé vif, dans l’incendie qui a visé son domicile familiale, se trouvant au village de Bouberka, dans la circonscription de Toudja, à 35 km à l’ouest de Béjaïa. Lui, ses parents et sa sœur, ainsi que 23 autres habitants du hameau ont péri dans et par le feu, allumé par l’armée coloniale française, en signe de représailles contre les villageois, accusés de soutenir la Révolution et d’abriter des moudjahidine dans leurs demeures. Parmi les victimes se trouvait également l’épouse de l’illustre moudjahid, feu Mohand Arab Debbouz, rapporte Arif Sahellia, camarade de classe de Madjid, inscrits tous deux, alors, à l’école du village de Toudja, «l’ecole Maurice-Donanin». Il ne fallait pas tant pour mettre le feu aux poudres et pousser les jeunes de la région et d’ailleurs à prendre les armes. La nouvelle qui a parcouru toute la wilaya de Béjaïa comme une traînée de poudre, a vite fait d’atteindre et d’affecter les lycéens, qui, dans un geste unanime et spontanée, s’étaient résolus à adhérer au credo de l’UGEMA qui stipulait qu’ils (les étudiants) ne pouvaient pas «faire de meilleurs cadavres avec plus de diplômes». En dans les esprits, avant ce drame, étaient déjà bien agités tant les crimes commis par la soldatesque coloniale étaient insoutenables et n’épargnaient aucune couche de la société. «Je m’en souviens comme si cela datait d’hier», se rappelle le moudjahid Hakimi Athmane, alors potache au lycée de Béjaïa (l’actuel Ibn Sina). «De retour de vacance, on a été accueilli comme des malpropres ou des brigands. Les surveillants nous traitaient de tous les noms en affirmant que nous étions les amis de fellagas. Et c’était suffisant non seulement pour faire grève, mais pour rejoindre le maquis», a-t-il ajouté. «L’horreur était devant nous», a confié à la presse en 2021, feu Djoudi Attoumi, officier de l’ALN et écrivain de la Révolution, emporté récemment par la crise sanitaire de la Covid-19, qui a estimé que la machine de la résistance s’était déclenchée parmi les masses juvéniles ne s’arrêtant qu’avec l’indépendance du pays. Aussi la rebaptisation de cette structure universitaire revêt une importance majeure, étant une symbolique pour rappeler aux nouvelles générations toutes les épreuves et les sacrifices consentis.

Saïd H.