Les produits phytosanitaires à usage agricole sont soumis, avant leur mise sur le marché national, à une homologation délivrée par le ministère de l’Agriculture suite à plusieurs procédures de contrôle. L’importation des ces produits est également soumise à l’obtention d’une autorisation technique préalable délivrée par l’autorité phytosanitaire nationale.
C’est ce qu’a indiqué le directeur de la protection des végétaux et des contrôles techniques auprès de ce ministère, Moumen Khaled, dans un entretien accordé à l’APS.
Selon ce responsable, la demande d’homologation doit notamment comprendre un certificat attestant que ce produit est homologué dans le pays d’origine, une fiche descriptive de la matière active et du produit commercial contenant toutes les données scientifiques et techniques relatives à l’identification, aux caractéristiques physico-chimiques de la matière active et du produit.
Cette demande doit également comprendre un dossier comportant les résultats toxicologiques et épidémiologiques de la matière active et du produit commercial, ainsi qu’un dossier biologique comportant les résultats de l’efficacité du produit.
La Commission interministérielle d’homologation examine les demandes d’homologation. Cette Commission est composée des ministères chargés de l’Industrie, du Commerce, de l’Environnement, de la Santé, du Travail et de l’Enseignement supérieur.
Cette commission est relayée par un Comité biologique composé des instituts techniques du ministère de l’Agriculture, qui sont chargés d’expérimenter les pesticides sur le terrain pour une période de deux ans, détaille-t-il.
C’est sur la base des expérimentations que la commission interministérielle d’homologation donne l’autorisation pour l’utilisation des pesticides.
16 tonnes de produits phytosanitaires importés refoulée pour non-conformité depuis janvier
D’après M. Moumen, les pesticides homologués doivent être utilisés sur des cultures, des insectes et contre des maladies précises et à des doses également bien définies.
Le même responsable précise que l’importation des produits phytosanitaires est soumise à l’obtention d’une autorisation technique préalable délivrée par l’autorité phytosanitaire nationale.
D’autre part, un contrôle de conformité est exercé aux frontières avec prélèvement d’échantillons à des fins d’analyse.
En cas de non de conformité du produit après analyse, l’agent de l’autorité phytosanitaire aux frontières prend des mesures d’interception notifiées à l’importateur.
A titre d’exemple, fait-il savoir, pour la période allant depuis janvier 2018, sur 772,5 tonnes de produits phytosanitaires importés, une quantité de près de 16 tonnes a été refoulée pour non conformité.
- Moumen a fait état d’un travail d’encadrement et d’accompagnement des agriculteurs qui est mené régulièrement par les organismes de ministère de l’Agriculture, notamment les instituts techniques, pour leur inculquer le mode d’usage du produit selon les normes pour lesquelles il a été homologué.
Dans ce sens, il a insisté sur l’importance de respecter les délais d’emploi des pesticides avant la récolte (un délai minimal autorisé entre le dernier traitement et la récolte): il y a des traitements qui doivent s’arrêter une semaine avant la récolte pour certains produits, et de trois jours pour d’autres.
Un travail de sensibilisation s’effectue également et qui porte aussi sur la nécessité de respecter les délais d’emploi avant la récolte. L’objectif principal est d’éviter l’accumulation des résidus, a signalé M.Moumen.
D’autre part, se référant au Centre national de toxicologie, M. Moumen affirme qu’aucun cas d’empoisonnement causé par des pesticides n’a été enregistré jusqu’à maintenant. Il a fait savoir que l’opération de la mise en place d’organes de contrôle rigoureux est en cours.
Evoquant l’affaire de refoulement de produits agricoles exportés vers le Canada et la Russie, le même responsable affirme que ce refoulement est dû au non respect de la chaîne de froid: « Il y a des opérateurs qui ne respectent pas la chaîne de froid », regrette-t-il.
Selon ce responsable, le groupe de travail chargé d’œuvrer à la réalisation du développement durable des exportations agricoles, installé lundi dernier par le ministre du Commerce, permettra d’accompagner les exportateurs dans les filières agricoles.
Pour rappel, le ministre du Commerce, Said Djellab s’est exprimé sur cette affaire de refoulement de ces produits. Selon lui, « des petites opérations de refoulement peuvent se produire », mais reste toute de même surpris qu’une si imprudente situation a pu se produire.
En effet le ministre a expliqué à la presse à l’issue d’une séance d’audition devant la Commission des finances et du budget à l’Assemblée populaire nationale (APN), que « l’exportateur doit être au courant de toutes les procédures exigées dans le cadre d’une opération d’exportation y compris les exigences du marché vers lequel il souhaiterait exporter sa marchandise ».
Le ministre a annoncé avoir instruit ses services de « collecter toutes les informations nécessaires sur l’affaire », afin d’en connaître les détails et les circonstances. « J’ai ordonné aux services du ministère du Commerce de collecter les informations nécessaires concernant l’exportateur et de définir les causes du refoulement de la marchandise », a-t-il déclaré.
Selma Dey