Un panel de six personnalités a été choisi par le chef de l’Etat: Le dialogue, seul moyen de sortie de crise

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 Le Panel de personnalités nationales appelé à conduire le dialogue national inclusif a affirmé, jeudi à Alger, que ce dialogue constitue le seul moyen à même de garantir une sortie pacifique de la crise, à la hauteur des aspirations du peuple algérien.

A cet égard, l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Karim Younes, a déclaré que les personnalités en question ont fait savoir que leur participation à cet effort collectif pour sortir de cette crise découlait de leur « engagement devant la nation et au peuple », soulignant que le dialogue national était « le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes ». Il a indiqué dans ce sens, que « nous insistons, en tant que commission, sur le fait que ce dialogue auquel a appelé le Chef de l’Etat, doit intervenir en réponse aux revendications légitimes du peuple, sorti manifester pour revendiquer une Algérie démocratique et nouvelle, comme le souhaitaient nos aïeuls, artisans de la Révolution de Novembre ». Ce Panel de personnalités, composé de Mme Fatiha Benabbou, M. Lalmas Smaïl, M. Lazhari Bouzid, M. Abdelwahab Bendjelloul et M. Benaïssa Azzedine, a fait savoir qu’il était « conscient de l’ampleur du blocage politique que vit le pays actuellement », mettant en avant toutes les précédentes initiatives pour un dialogue. Ces personnalités ont tenu à souligner qu’elles n’étaient pas représentantes du Hirak populaire, ni ses porte-parole, affirmant avoir accepté cette mission « en toute liberté ». Les membres du Panel des personnalités appelées à conduire et à mener le dialogue national ont mis l’accent sur l’impératif pour l’Etat de prendre des mesures d’apaisement à même de créer un climat devant conduire nécessairement à un dialogue sincère qui exprime les vœux et les revendications populaires et qui mènerai à l’organisation d’une élection présidentielle transparente, régulière et libre dans les plus brefs délais ». Parmi les mesures auxquelles elles ont appelé: « la libération de tous les détenus du hirak », « la levée de toutes les formes de pression sur les médias », et « la garantie de toutes les conditions et les facilitations à même de permettre aux citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels dans les manifestations et les rassemblements pacifiques ». Lors de cette rencontre, plusieurs questions relatives aux revendications populaires dont celles liées au Gouvernement ont été évoquées, a fait savoir M. Karim Younes. Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a fait part de sa « disponibilité » à prendre des mesures d’accompagnement et d’apaisement en réaction aux préoccupations soulevées par le Panel. En réaction à une sollicitation des membres du Panel sur les mesures d’accompagnement et d’apaisement qu’il y a lieu de prendre, le chef de l’Etat a fait état de sa disponibilité à œuvrer pour inviter la justice à examiner la possibilité d’élargissement des personnes, dont l’interpellation s’est faite en lien avec le déroulement des marches populaires, à envisager l’allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité pour garantir la liberté de circulation dès lors que cet allègement ne porte pas préjudice à l’impératif de préserver l’ordre public, et la protection des personnes et des biens lors des marches populaires ».

Parmi les mesures auxquelles elles ont appelé: « la libération de tous les détenus du hirak », « la levée de toutes les formes de pression sur les médias », et « la garantie de toutes les conditions et les facilitations à même de permettre aux citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels dans les manifestations et les rassemblements pacifiques »

 Il a également fait part de sa disponibilité à « faire prendre les mesures de nature à faciliter l’accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l’organisation des débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive ». Les membres du Panel ont également évoqué d' »autres préoccupations soulevées au niveau de la scène politique, lesquelles ont recueilli l’intérêt du chef de l’Etat qui s’est engagé à les prendre en charge conformément aux dispositions de la Constitution et aux lois de la République. La présidence de la République avait assuré, à ce propos, que les participants à ce dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatifs, réglementaires et organisationnels de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision. Dans cette optique, deux points seront au centre des discussions, à savoir l’Autorité électorale indépendante qui aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes ses étapes. Il s’agira de débattre et d’arrêter la configuration de cette Autorité et de fixer ses missions et attributions, son monde d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris, éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger, sachant que le chef de l’Etat avait indiqué que cet organe « pourrait prendre en charge, les prérogatives de l’Administration publique, en matière électorale et donc aura compétence sur toute le territoire national et disposera forcément de démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à l’étranger et disposera d’un budget propre de fonctionnement ainsi que d’autres crédits qui pourraient lui être alloués par l’Etat ». Le deuxième point sur lequel portera le dialogue, c’est le cadre juridique, car la mise en place de cet organe nécessitera l’adoption d’une loi spécifique, ainsi que l’adaptation, en conséquence, du dispositif législatif et réglementaire, notamment la loi électorale, qu’il conviendra de réviser pour y introduire toutes les garanties de régularité, d’impartialité et de transparence du scrutin. Concernant la conduite de ce dialogue, le chef de l’Etat a choisi de déléguer cette mission à un Panel de personnalités et ce pour plusieurs raisons, précisant qu’en premier lieu, il est apparu approprié de confier la conduite du dialogue au panel qui dispose de l’autorité morale et de la crédibilité nécessaires, à savoir des personnalités indépendantes, sans affiliation partisane, sans ambition électorale et qui émergent du fait de leur autorité morale et de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle. Ce choix constitue un gage de bonne foi et un geste d’apaisement de nature à tempérer les tensions politiques et constitue une garantie pour une participation large au dialogue politique et pour remédier à la crise de confiance, selon la Présidence pour qui l’attention doit être focalisée sur « l’essentiel et l’important », afin de s’entendre sur des mesures réalistes et pragmatiques qui font avancer le pays, pour sortir de l’incantation du départ de ce que certains appellent les symboles du pouvoirs, revendication au demeurant ambigüe dans sa signification et sa portée et qui présente des risques évidents de déstabiliser inutilement le fonctionnement normal de l’Etat et de ses institutions. Le panel de personnalités pourrait également proposer toutes les mesures qui concourent à apaiser les tensions et à rétablir la confiance autour du processus électoral et l’espoir est grand que ce dialogue puisse aboutir à un accord politique qui constituera la feuille de route de la prochaine élection présidentielle et aura toute la liberté pour arrêter l’ordre du jour et enrichir son contenu, a-t-on assuré. 

L’autre fondement sur lequel repose la démarche des pouvoirs publics est le rétablissement de la confiance des citoyens en leur Etat et ses institutions

Le dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible et le panel de personnalités pourra inviter toute partie qu’il estime nécessaire pour la conduite de sa mission, notamment les partis politiques, les organisations socioprofessionnelles, les personnalités nationales, les représentants de la société civile, y compris ceux du mouvement populaire. De ce fait, la Présidence rassure que l’Etat, y compris l’institution militaire, ne sera pas impliqué dans ce processus et que le panel aura le choix d’organiser le dialogue comme il l’entend, selon les formes qui lui paraissent les plus adaptées: dialogue préparatoire avec les forces politiques et citoyennes pour recueillir leurs suggestions, contacts bilatéraux et/ou rencontre multilatérale de concertation, comme aboutissement des consultations préliminaires et qui déboucherait sur l’adoption d’une feuille de route consensuelle. Le chef de l’Etat avait indiqué que les recommandations et les textes issus du processus de dialogue seront pris en compte. De même qu’il fera en sorte que toutes les conditions matérielles et logistiques soient réunies pour favoriser un climat de calme et de sérénité. L’autre fondement sur lequel repose la démarche des pouvoirs publics est le rétablissement de la confiance des citoyens en leur Etat et ses institutions. Dans ce cadre, la conduite du processus de dialogue et de concertation sera confiée à un panel de personnalités nationales dont le parcours honorable et la crédibilité peuvent être un gage de succès du dialogue politique. Tout le monde étant conscient qu’il y a une crise de confiance, l’intérêt national oblige le chef de l’Etat à poursuivre sa mission et sa mission l’amène à rechercher des solutions acceptables et c’est la raison pour laquelle il est apparu approprié de confier la conduite du dialogue à un panel de personnalités qui disposent de l’autorité morale et de la crédibilité nécessaires. Ces personnalités seront indépendantes, sans affiliation partisane, sans ambition électorale et qui émergent du fait de leur autorité morale et de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle. Le chef de l’Etat souhaite que l’attention soit focalisée sur l’essentiel et l’important, afin de s’entendre sur des mesures réalistes et pragmatiques qui font avancer le pays. Il a, dans chacun de ses discours, salué la maturité politique et le civisme du peuple et maintes fois souligné que l’aspiration légitime au changement a été pleinement entendue et qu’elle se trouve désormais au cœur des préoccupations de l’Etat. Concernant la date du prochain scrutin présidentiel, les pouvoirs publics considèrent qu’il est souhaitable qu’elle soit la plus rapprochée possible, en raison des conséquences néfastes d’une prolongation de la situation actuelle sur le fonctionnement des institutions, sur l’économie et sur l’état des relations internationales. La prochaine élection présidentielle revêt un caractère déterminant pour l’avenir de notre pays et constitue l’amorce d’un processus de rénovation institutionnelle et politique, attendu par tous, et qui sera engagé par le président de la République élu.

T. Benslimane