Sur instruction du président de la République: Un nouveau mécanisme pour contrôler l’action du gouvernement

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Les membres du gouvernement sont désormais soumis à l’obligation de résultats en vertu d’une nouvelle instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui les a mis sous le contrôle d’un nouveau mécanisme qui sera mis en place prochainement.

Ainsi, le Président Tebboune a ordonné la mise en place d’un mécanisme de contrôle de la mise en œuvre sur le terrain des décisions du gouvernement dans tous les domaines en concrétisation des solutions aux préoccupations des citoyens. Il a mis l’accent, par ailleurs, sur l’impératif de faire le distinguo entre l’extension urbanistique des villes et les zones d’ombre dans les régions pauvres et les villages. Il faut dire qu’avec cette nouvelle démarche, les membres du staff gouvernemental sont désormais devant leur responsabilité afin que l’opinion publique puisse se rendre compte du travail accompli dans chaque secteur. Cela traduit la volonté du président de la République d’aller de l’avant dans l’action du gouvernement qui, faut-il l’admettre, n’a pas été à la hauteur des aspirations et des attentes des citoyens, d’où la nécessité de rectifier le tir et se remettre en cause pour repartir du bon pied. Cela au moment où les ministres ont été destinataires d’une nouvelle directive émanant du Premier ministre dans laquelle il les a instruits pour l’observation «stricte» d’un certain nombre de directives quant à l’élaboration des textes législatifs et réglementaires initiés par des départements ministériels, voire ceux présentés en réunion du gouvernement, manquent de maturation et de concertation intersectorielle, ce qui se répercute sur leur qualité, tant sur le plan de la forme que du fond, et amène le gouvernement à demander leur réexamen, et parfois les renvoyer pour développer une nouvelle approche du dispositif envisagé. Pour M. Djerad, cette situation appelle la nécessité d’accorder «une attention particulière à la qualité» des textes législatifs et réglementaires, durant toutes les étapes du processus normatif, «d’autant plus que ces textes constituent l’instrument par excellence» d’encadrement et de mise en œuvre des politiques publiques, en premier lieu, le programme du président de la République et le plan d’action du gouvernement, visant notamment la «consolidation de l’Etat de droit, la préservation des droits et de la dignité des citoyens, ainsi que la clarté des dispositifs juridiques produits». Le Premier ministre a relevé que tout projet de texte transmis au secrétariat général du gouvernement doit préalablement faire l’objet d’une «large concertation» au sein du secteur initiateur, en y impliquant notamment les secteurs et institutions concernés, des experts, et éventuellement des représentants de la société civile concernés par les implications du projet de texte, pour s’inscrire pleinement dans la cohérence de l’action gouvernementale.

L’exposé des motifs de tout texte initié, a ajouté M. Djerad, doit comprendre les éléments de son étude d’impact, qui précise, notamment  l’ancrage juridique du texte et son articulation au sein du dispositif juridique déjà en vigueur, l’objectif escompté, la prise en charge, par les dispositions proposées, de la problématique traitée, ainsi que son impact sur le public ciblé, l’incidence économique, financière et sociale du texte et les modalités de sa mise en œuvre, et éventuellement l’échéancier y afférent. Tout texte, transmis par le secrétariat général du gouvernement aux départements ministériels pour avis et enrichissement, doit faire l’objet d’examen «minutieux» par leurs services compétents. Les observations et propositions relevées doivent être transmises dans «les meilleurs délais» au secrétariat général du gouvernement et au secteur initiateur, a instruit le chef de l’Exécutif. Les projets de textes législatifs, de décrets présidentiels et exécutifs, soumis à examen au secrétariat général du gouvernement, doivent être présentés, lors de la première réunion de coordination, par les secrétaires généraux des ministères initiateurs, a-t-il encore insisté. Les départements ministériels et institutions doivent veiller à leur représentation «adéquate» aux réunions de coordination tenues au niveau du secrétariat général du gouvernement. Selon l’instruction du Premier ministre, les départements ministériels et institutions invités doivent être représentés par un cadre de rang de directeur général ou directeur central au moins, suffisamment imprégné par l’objet du projet de texte examiné, accompagné, le cas échéant, de fonctionnaires chargés du dossier, habilité à se prononcer, si nécessaire, sur les questions objet de divergence et devant continuer à assister à toutes les étapes d’examen du texte. Le Premier ministre a indiqué que tout projet de texte programmé pour examen en Conseil des ministres ou en réunion de gouvernement doit faire l’objet d’une dernière lecture de validation au niveau du secrétariat général du gouvernement, en présence du secrétaire général du ministère initiateur, et le cas échéant, les secrétaires généraux des ministères directement concernés par le texte ou ayant émis des réserves quant à son contenu. Cette procédure est également applicable à tout autre projet de texte à présenter directement à la signature.

Les projets d’arrêtés doivent être transmis au secrétariat général du gouvernement, pour examen de leur conformité à la législation et à la réglementation en vigueur, préalablement à leur signature. De façon générale, il devra être tenu compte, dans l’élaboration des projets de textes, de la nécessité de simplifier leur rédaction, de faciliter les procédures administratives exigées et de privilégier le recours aux technologies de l’information et de la communication dans leur mise en œuvre. L’observation de ces directives et orientations devra permettre d’améliorer «sensiblement» la qualité des textes législatifs et réglementaires, d’en assurer «l’intelligibilité et l’effectivité», et d’apporter «la fluidité et l’efficacité» requises au processus «normatif, d’autant plus que le pays s’est lancé dans des réformes institutionnelles et juridiques profondes, qui impliquent le lancement de nombreux chantiers législatifs et réglementaires et leur aboutissement dans les meilleurs conditions et délais, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la Constitution révisée. Le Premier ministre avait fustigé, dans l’une de ses précédentes sorties sur le terrain, les bureaucrates qui entravent la mise en œuvre du programme du président de la République et du plan d’action du gouvernement, soulignant, à ce propos, l’importance de lutter contre ce phénomène. Il avait souligné aussi l’impératif d’atteindre un taux important d’exécution du programme du président de la République, précisant qu’à travers un suivi quotidien des décisions, on atteindra peut-être un taux d’exécution acceptable de 60 à 70% de ce programme. Parmi les premières priorités, le Premier ministre a cité l’adoption d’une approche globale pour «une intervention rapide dans les zones d’ombre» et la définition d’un calendrier de travail pour l’exécution du programme destiné à ces régions, car l’Algérie nouvelle, c’est à la fois un mécanisme, des moyens et un nouveau mode de gestion, a-t-il soutenu. Il a annoncé, par la même occasion, le renouvellement prochain du cadre éthique applicable à l’ensemble des agents publics pour la prévention des conflits d’intérêt, précisant que le gouvernement procèdera, dans les prochains jours, au renouvellement du cadre éthique applicable à l’ensemble des agents publics, cadres et fonctionnaires de l’Etat, pour prévenir les conflits d’intérêt, soulignant que la charte en vigueur dans l’Administration et les entreprises publiques visait la moralisation des relations dans ces milieux. Mettant l’accent sur l’impérative moralisation de la vie politique, M. Djerad a exhorté les ministres et les walis à combattre toutes les formes de corruption et les corrupteurs, qui sapent les efforts actuels. A ce propos, il a affirmé que la lutte contre la corruption, sous toutes ses formes, et la bonne gestion des deniers publics étaient de nature à renforcer la confiance entre le citoyen et l’Etat. Plaidant pour une rupture totale avec les pratiques des anciens gouvernements qui ont conduit, a-t-il dit, à des dérives graves et inacceptables, M. Djerad a insisté sur la rationalisation des dépenses et la rigueur dans la gouvernance des affaires de l’Etat. Pour rappel, lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait dressé un bilan plutôt mitigé de l’action du gouvernement pour l’année écoulée et a donné des instructions à l’effet de relancer les secteurs ayant un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, en passant à la vitesse supérieure à l’entame de l’année en cours. Le chef de l’Etat n’avait pas manqué aussi l’occasion de faire part de son mécontentement en ce qui concerne la gestion par certains walis des zones d’ombre, insistant sur l’impératif de faire la distinction entre les différents programmes de développement local, soulignant par la même certaines initiatives positives, telles que l’approvisionnement en eau et en gaz par voie de réservoirs dans certaines régions frontalières.

  1. Benslimane