Les nouveaux ministres ont pris leurs fonctions: De nouvelles compétences à l’épreuve du terrain

0
663
Photo Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie

Le remaniement ministériel opéré dimanche par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a débouché sur la réduction du nombre de départements ministériels, avec toutefois l’implication de nouvelles compétences notamment dans le secteur économique tout en maintenant les ministres de souveraineté à leurs postes respectifs.

Le remaniement du Gouvernement de Abdelaziz Djerad aura touché principalement le secteur économique, alors que le nombre des départements a été ramené, pour des raisons d’efficacité, à 34 ministères, à travers la fusion et la suppression de certains départements.

A cet effet, les ministères de l’Energie et des Mines ont été fusionnés et confiés à Mohamed Arkab qui remplace ainsi Abdelmadjid Attar qui était à la tête du ministère de l’Energie depuis juin 2020. Le Président Tebboune a également nommé Mohamed Bacha à la tête du ministère de l’Industrie, en remplacement de Ferhat Ait Ali Braham, tandis que le secteur de la Numérisation et des Statistiques a été confié à Hocine Cherhabil en remplacement de Mounir Khaled Berrah. L’ancien directeur général de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL), Tarek Belaribi a été promu au poste de ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et succède Kamel Nasri, nommé en juin 2020. Ce dernier a changé de portefeuille puisqu’il est désormais chargé du ministère des Travaux publics et des Transports, en remplacement de Farouk Chiali.

Le président de la République a en outre confié le secteur des Ressources en eau à Mustapha Kamel Mihoubi qui remplace Arezki Berraki, de même que Mohamed Ali Boughazi, nommé ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail familial à la place de Mohamed Hamidou. Mme Dalila Boudjemaa, qui avait occupé pendant plusieurs années le poste de directrice générale de l’Environnement, a été promue ministre de l’Environnement, un portefeuille qu’occupait Nassira Ben Harrats, alors que le secrétaire général du gouvernement, Yahia Boukhari a été maintenu.

En tout, sept ministres, trois ministres délégués et un secrétaire d’Etat ont quitté le gouvernement. Il s’agit de Abdelmadjid Attar, Ferhat Ait Ali Braham, Mounir Khaled Berrah, Farouk Chiali, Arezki Berraki, Mohamed Hamidou, Nassira Ben Harrats, outre Hamza Al Sidi Cheikh (ministre délégué chargé de l’environnement saharien), Aissa Bekkai (ministre délégué chargé du Commerce extérieur), Bachir Youcef Sehairi (chargé de l’Industrie cinématographique) et Mohamed-Cherif Belmihoub, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la prospective. Lors de la dernière réunion du gouvernement, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad a notamment rappelé aux membres de l’exécutif la nécessité de respecter le calendrier de mise en œuvre des mesures du plan de relance économique. Il a insisté plus particulièrement sur l’importance à accorder aux mesures qui ont un effet de levier sur l’efficacité des politiques publiques, telles que la numérisation des activités financières, la simplification des procédures pour la création d’entreprises et l’investissement ainsi que la rationalisation de l’utilisation des ressources.

Les modalités de mise en œuvre des mesures de ce plan de relance se déclinent en trois phases selon un calendrier modulé visant à prendre des mesures urgentes à cet effet. Il convient de rappeler que le plan de relance économique avait fait l’objet d’une large concertation lors d’une rencontre ayant regroupé les membres du gouvernement, les partenaires économiques et sociaux, et qui a été marquée par la forte participation de l’expertise nationale.

Les conclusions et recommandations issues de cette rencontre ont fait l’objet d’une consolidation, en tenant compte des directives du Président de la République, émises lors de cette rencontre et des différentes réunions du Conseil des ministres, et constituent ainsi le plan d’action du gouvernement pour la relance économique fixant les urgences et les échéances. Dans ce cadre, le Premier ministre avait chargé les membres du gouvernement de mettre en place au niveau de leurs départements ministériels respectifs un dispositif de suivi permanent et rigoureux de ce plan de relance.

Il demeure entendu que le gouvernement veillera d’une manière permanente au suivi de l’état d’avancement de ce plan de relance, ainsi que de son évaluation en réunions du gouvernement et en Conseils interministériels, et rendra compte au Président de la République, d’une manière périodique en Conseil des ministres, de son exécution.

A ce propos, le Premier ministre a chargé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, de mettre en œuvre un plan de communication à l’effet de rendre compte à l’opinion publique du niveau de réalisation des actions inscrites à l’indicatif de chaque département ministériel.

M. Djerad avait affirmé que la consécration du nouveau Plan de relance économique permettra de venir à bout des situations d' »impasse » qui perdurent, relevant que ce plan devra préserver le caractère social de l’Etat.

Il avait assuré que les délais de mise en œuvre du nouveau Plan seront fixés selon les priorités, les coûts nécessaires, les incidences, les acquis, les risques et les difficultés liées à sa mise en œuvre et ce à travers la prise de mesures urgentes à des effets immédiates.

Ces décisions seront exécutées de manière urgente et sans plus tarder avant la fin de l’année en cours, a-t-il expliqué, ajoutant que lesdites décisions devront venir à bout des situations d’impasse qui perdurent.

Il a relevé, dans ce sens, l’existence de mesures à court terme, avant fin 2021, visant à se préparer au changement structurel de l’environnement socioéconomique afin de réaliser l’efficacité et la compétence socioéconomique. Ces réformes doivent inclure des mécanismes anticipatifs efficaces en vue de la prise en charge des effets secondaires potentiels devant résulter de ces mesures, notamment en ce qui concerne le pouvoir d’achat des citoyens, a-t-il insisté.

Les réformes et les stratégies de développement à moyen terme (avant fin 2024) portent sur la mise en œuvre et le parachèvement des opérations de transition nécessaire. M. Djerad a affirmé que le plan en question devra préserver le caractère social de l’Etat et le pouvoir d’achat des citoyens notamment les catégories les plus vulnérables.

Rappelant que le Président Tebboune avait tracé les contours du Plan de relance économique et défini son cadre basé sur « l’égalité des chances pour tous », le Premier ministre a souligné que ledit plan est axé sur « le renforcement de la primauté de la loi, l’égalité des chances, la participation dans l’élaboration des politiques, la réalisation de la viabilité financière, le renforcement des entreprises et l’augmentation du niveau de l’enseignement ». Le nouveau Plan s’articule autour du renforcement du rôle du secteur privé et de la société civile pour contribuer au processus de développement, sur la base de l’engagement vis-à-vis des valeurs du travail et de dévouement.

Le plan est basé également sur la substitution des produits fabriqués localement à ceux industrialisés, afin de mettre un terme à l’épuisement des réserves de change, le développement du tissu des entreprises nationales en accordant un intérêt particulier aux PME, notamment les micro-entreprises et les start-up et la valorisation des capacités humaines créatives et innovatrices y compris celles résidant à l’étranger. Le Plan prévoit, également, la révision de la règle 49/51 et l’annulation du Droit de préemption en le remplaçant par la dérogation préalable du gouvernement.

Le Premier ministre a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de l’opération de la transition énergétique et environnementale, en œuvrant à la promotion de l’industrie de transformation des produits énergétiques. Au volet fiscal, le gouvernement a mis la lumière sur les différentes reformes à réaliser, à l’instar de la réhabilitation du service public, l’élargissement de la base fiscale, la mobilisation des ressources et la numérisation de l’administration fiscale, ce qui permettra de lutter efficacement contre la fraude fiscale, ajout le Premier ministre.

Dans le même cadre, il indiqué que la question du foncier industriel qui constitue l’une des plus importantes entraves auxquelles font face les investisseurs, sera résolue dans l’objectif de rationaliser le déploiement régional du développement industriel et l’exploitation du foncier économique. Par ailleurs, un intérêt particulier devra toujours être accordé au développement agricole et rural et aux industries alimentaires, outre à la valorisation des ressources halieutiques dans le souci de garantir la sécurité alimentaire. Il s’agit également de développer une véritable industrie pharmaceutique afin de garantir la couverture des besoins des citoyens en matière de médicaments efficaces de qualité.

Le Premier ministre a fait savoir qu’il sera procédé, en outre, à la promotion et au renforcement des activités économiques à forte valeur technologique basées sur le savoir, au soutien aux petites entreprises, l’encouragement des start-up dirigées par les jeunes diplômés et la promotion du rôle du secteur du BTP, au vu de son rôle prépondérant dans le renforcement du développement économique et la résorption du chômage.

M. Djerad a réitéré l’engagement du gouvernement à œuvrer à l’amélioration du climat d’affaires et ce à travers la facilitation des procédures relatives à la création d’entreprises, l’accès au foncier, aux crédits et aux services publics de qualité et la réforme et la modernisation du système bancaire constituant une pierre angulaire de la réussite de toute réforme économique, outre la modernisation de l’administration et la lutte contre la bureaucratie.

Parmi les autres objectifs du plan de relance, le Premier ministre a fait état de l’examen des règles de défense commerciale à travers la révision des accords économiques et commerciaux « préjudiciables au pays » et la réorientation de l’appareil diplomatique au service des intérêts économiques et de développement vitaux du pays devant renforcer la création d’une agence de coopération et de développement à même d’améliorer les conditions d’accès des opérateurs algériens aux marchés internationaux, notamment africains, outre l’attraction des investissements étrangers et la promotion du marché algérien. M. Djerad a affirmé que les recommandations précieuses issues de la conférence nationale sur le plan de relance économique devront être introduites à ce plan car étant « un document référentiel » pour les prochaines années et devant tracer les contours d’un changement profond du mode économique nationale exigeant une forte mobilisation de tout un chacun et à tous les niveaux afin de booster la cadence des réformes économiques.

T. Benslimane