L’Algérie deviendra-t-elle fournisseur majeur de l’Europe en gaz ?: Les experts confirment la possibilité mais sous conditions

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De forts indicateurs se sont apparus dans l’intérêt de l’Algérie pour devenir un acteur énergétique majeur dans la région et à sécuriser l’approvisionnement en gaz du continent européen, compte tenu de la situation géopolitique sur la scène mondiale actuelle.

Le plus important de ces indicateurs est probablement le projet qui repose sur une interconnexion entre l’Espagne et la France avec des gazoducs qui acheminent le gaz algérien de la péninsule ibérique au cœur de l’Europe, plus précisément vers l’Allemagne, après que ce projet ait été remplacé par un veto français il y a des années, empêchant le transit du gaz algérien à travers son territoire… Etant donné que ce projet est soutenu par l’OTAN, et sera décidé en juin prochain lors d’une réunion de ses Etats membres à Madrid, le veto de Paris, qui a empêché le transit du gaz algérien de l’Espagne vers son territoire en 2019, va disparaître définitivement, ce qui permettra au gaz algérien de s’étendre vers le nord, mais aussi vers d’autres pays européens. Ce projet signifie que l’Algérie pompera plus de quantités de gaz vers l’Europe, mais les découvertes annoncées par la Société nationale et ses partenaires doivent être développées compte tenu de la baisse de la production ces dernières années et de la croissance importante de la consommation interne qui a fortement affecté le processus d’exportation.

Au milieu de ces événements, le ministère de l’Énergie a annoncé la reprise des pourparlers sur le gazoduc transsaharien, qui reliera le Nigeria, le Niger et l’Algérie à l’Europe, qui apportera des quantités supplémentaires de gaz du cœur du continent africain à travers Algérie, une étape qui permettra à l’Algérie, selon les observateurs, de renforcer sa position sur le marché européen de l’énergie, que ce soit en tant que source de gaz ou en tant que pays majeur par lequel transite cette substance venue d’Afrique destinée l’Europe. L’un des avantages du tracé de cette ligne est que l’Algérie dispose d’une infrastructure presque prête à transporter du gaz, s’étendant jusqu’à Tamanrasset, Il ne reste que la partie qui relie la frontière avec le Niger et la ville de Tamanrasset, en plus de cela, elle ne traversera que 3 pays le Nigeria, le Niger et l’Algérie, avant d’arriver dans le vieux continent. Les discussions sur un gazoduc pour acheminer le gaz algérien de l’Espagne vers le cœur de l’Europe, ainsi que sur le gazoduc transsaharien, ont coïncidé avec l’annonce du retour de Sonatrach en Libye après son départ il y a 11 ans en raison des conditions de sécurité dans ce pays. Entre autres, les discussions sur le gazoduc pour acheminer le gaz algérien de l’Espagne vers le cœur de l’Europe, ainsi que sur le gazoduc transsaharien, ont coïncidé avec l’annonce du retour de Sonatrach en Libye, après 11 ans, en raison des conditions de sécurité dans ce pays voisin. Selon un communiqué de Sonatrach, jeudi dernier, le retour de cette société en Libye ne signifie pas seulement la reprise de son activité dans les champs précédemment découverts et pour lesquels elle détient des licences, mais étendra son activité à de nouvelles opérations de recherche et d’exploration et au développement d’autres partenariats via ses multiples filiales. Sonatrach a annoncé la signature d’un contrat de partage de production pour le champ de Kafra dans le nord du Niger, dans lequel la Société nationale a fait une importante découverte de pétrole en 2018 et l’a consolidée en 2019. Selon un communiqué de Sonatrach, samedi dernier, les réserves prouvées du champ de Kafra s’élèvent à 400 millions de barils de pétrole, et il a été découvert par l’intermédiaire de sa filiale BVI SIPEX, qui détient des licences d’exploration et d’exploration pétrolières et gazières également en Tunisie, et en Libye en plus du Pérou. Dans ce contexte, l’économiste Nabil Djemaa estime que l’Algérie a une opportunité historique pour devenir un garant dans la sécurisation du gaz pour le continent européen, et en même temps cette carte gazeuse peut être utilisée pour amender le partenariat «inéquitable», de l’accord avec l’Union européenne. Et d’ajouter «l’Algérie n’a pas été opportuniste avec les Européens, en particulier l’Espagne, car malgré la multiplication par 6 des prix du gaz, les prix des contrats sont restés les mêmes, et l’Algérie a préféré les contrats à long terme, au lieu des prix élevés circonstanciellement. Nabil Djemaa a appelé à l’utilisation de la carte gaz pour la révision du l’accord de partenariat avec l’Union européenne, puisque l’Algérie approvisionne l’Europe de manière garantie et à un prix contractuel raisonnable». De son côté, l’expert économique Abderrahmane Aaya a expliqué que la transformation de l’Algérie en un acteur majeur de la sécurisation de l’approvisionnement en gaz de l’Europe passe par une augmentation de la production par des investissements massifs dans le secteur et un changement du modèle énergétique local. Dans une déclaration à la presse, l’expert a indiqué que Sonatrach a besoin de plus d’investissements pour augmenter la production de gaz et se concentrer davantage sur le gaz liquéfié, qui se caractérise par son prix élevé, sachant que l’Algérie est un leader mondial dans sa production.

M. W. Benchabane