Aucune mesure ne sera appliquée sans étude préalable et sans une large concertation / La protection des couches sociales défavorisées demeure une priorité de l’Etat

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En affirmant hier que la révision de la politique sociale de l’Etat ne sera pas précipitée et ne sera pas appliquée de manière systématique et indiscriminée, le ministère des Finances aura remis les pendules à l’heure et apporté les clarifications nécessaires sur la politique des subventions.

Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait relevé récemment l’importance que les pouvoirs publics accordent à la préservation du pouvoir d’achat des catégories sociales les plus défavorisées et, dans cet ordre d’idées, les efforts que l’Etat consent chaque année, dans ce cadre, sur le plan budgétaire. Ainsi, le soutien de l’Etat aux ménages et à l’économie a représenté, sur la période 2012-2016, une part de plus en plus élevée avoisinant 27% du PIB en moyenne, alors que l’analyse de la structure des subventions, à partir des résultats de l’Enquête-consommation effectuée, a montré que les subventions profitent plus aux catégories les plus nanties qu’aux catégories de bas revenus. Dès lors, ce mécanisme généralisé de subventions, outre son coût excessif pour la collectivité, ne répond plus aux objectifs de réduction des inégalités et de protection des populations les plus vulnérables. Compte tenu de ce constat, le besoin de réformer le système de soutien des prix s’impose comme un impératif économique, souligne le ministère, précisant, toutefois, que s’il y a nécessité de revoir les dispositifs de soutien systématique en vigueur, la révision ne sera pas précipitée et ne sera pas appliquée de manière systématique et indiscriminée.  Dans tous les cas, poursuit le ministère des Finances, aucune mesure ne sera mise en œuvre sans étude préalable et sans une large concertation. En effet, l’objectif demeure la protection des catégories sociales les plus nécessiteuses en explorant toutes les options qui permettent d’opérer des transferts ciblés au profit des ménages les plus vulnérables.  Dans ce sens, le ministère fait savoir que le soutien des produits énergétiques (électricité, gaz, carburants…) absorbe 60% des ressources consacrées par les pouvoirs publics aux subventions qui ne passent pas par le budget de l’Etat, alors même que ce sont les catégories les plus favorisées qui en profitent le plus. C’est pourquoi, souligne-t-il, une révision éventuelle des prix concernerait d’abord ces produits (énergétiques) avec le souci constant de préserver le pouvoir d’achat des couches les plus démunies. Pour rappel, les transferts sociaux ont atteint 1.625 milliards de dinars en 2017 contre 1.239 milliards de dinars en 2010. Ce montant a été porté à 1.760 milliards de dinars durant l’exercice 2018, en hausse de près de 8% par rapport à 2017. Le taux des transferts sociaux avait atteint 22,8% du budget général de l’Etat sur la période 2000-2004, puis 24,5% sur la période 2005-2009, puis 25% du budget de l’Etat en 2010-2015 et 23% entre 2016 et 2017.Pour rappel, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait instruit le gouvernement de travailler « avec diligence et détermination » en vue de répondre aux attentes de la population, à faire progresser le processus de réforme et de modernisation du pays dans tous les domaines et à faire avancer la construction d’une économie de plus en plus diversifiée. Le chef de l’Etat avait également chargé le gouvernement d’accompagner ses efforts d’une communication dynamique, afin d’expliquer le véritable sens des réformes qui seront mises en route, à l’effet d’y faire adhérer la société, en cette phase où le pays est confronté à de nombreux défis. Le plan d’action du gouvernement qui s’inspire du programme du président de la République, s’appuie sur une politique d’intensification de la croissance, grâce à l’amélioration de l’environnement des affaires, à la promotion de l’investissement dans tous les secteurs, au soutien au développement agricole et rural, ainsi qu’à la valorisation du développement local. Dans le domaine social, le gouvernement compte poursuivre notamment la réforme du système national d’éducation et de formation ainsi que du système de santé et veillera également à la résorption du déficit en logements et à l’amélioration du cadre de vie de la population. Un accent particulier est accordé à la promotion de l’emploi, à la jeunesse et à la culture. La justice sociale et la solidarité nationale demeureront au centre de l’action du gouvernement. Ce plan intervient dans une conjoncture financière difficile exigeant une mobilisation, une solidarité, une cohésion et un dialogue continu entre le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques pour faire face à la crise induite par la chute des prix du pétrole. Pour ce faire, le gouvernement compte procéder à une profonde révision des méthodes de mise en œuvre budgétaire sur les plans central et local et mettre en place des mécanismes souples et efficaces à l’effet de suivre les programmes de développement et définir les priorités économiques. Il vise à changer le mode économique selon les exigences actuelles sans pour autant renoncer aux acquis sociaux réalisés pour garantir une transition souple vers un système économique moderne qui se libère progressivement de la dépendance aux hydrocarbures. Le gouvernement, tout en étant conscient qu’un consensus autour des questions nationales majeures facilitera grandement la réalisation des objectifs tracés dans son plan d’action pour la mise en œuvre du programme du président de la République, compte accélérer la cadence de réalisation des projets notamment ceux de logement et la relance du développement local à travers l’augmentation de l’enveloppe financière consacrée aux programmes des communes. Mettant en avant les tes tensions financières auxquelles fait face le pays, Ouyahia avait expliqué que la feuille de route qui lui a été tracée par le président de la République, vise à mobiliser des financements internes non conventionnels, maintenir le soutien à la croissance dans tous les secteurs, y compris l’industrie, les services et l’agriculture, préserver et rationaliser la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale. Le gouvernement, dira-t-il, ne ménagera aucun effort pour améliorer le cadre de l’investissement et cultiver des relations sereines avec les entreprises dans le cadre de la loi. En outre, il a assuré que la politique sociale de l’Etat sera maintenue par le gouvernement et toutes les entreprises établies en Algérie bénéficieront de facilitations et de soutiens sans aucune discrimination. Il a estimé que l’Algérie avait clos depuis 30 ans déjà le débat idéologique autour de la nature de son économie, une économie de marché à dimension sociale, précisant que le vrai défi réside dans l’amélioration de cette économie pour le bien-être du peuple algérien et pour préserver l’indépendance économique du pays.

T.Benslimane