Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres se dit « préoccupé » par des informations selon lesquelles l’Iran aurait dépassé les limites autorisées d’uranium faiblement enrichi.
Il « est au courant des informations selon lesquelles la République islamique d’Iran aurait dépassé les limites de son stock d’uranium faiblement enrichi prévu par le Plan d’action global commun (JCPOA) », a déclaré lundi son porte-parole, Stéphane Dujarric, et se montre « préoccupé » à ce titre.
Il a ajouté que si cette information se vérifiait, elle « n’aidera ni à préserver le plan (JCPOA) ni à sécuriser les bénéfices économiques tangibles pour le peuple iranien. Il est essentiel que cette question, comme les autres liées à l’application de l’accord, soit gérée par le mécanisme établi par le JCPOA ». Selon l’agence de presse officielle IRNA, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a fait savoir lundi que le stock d’uranium faiblement enrichi avait dépassé la limite autorisée des 300 kilos.
M. Zarif, qui s’exprimait à Natanz, une ville du centre de l’Iran qui abrite certains sites nucléaires, a de plus jugé que les signataires européens du JCPOA avaient pris des mesures « insuffisantes » pour garantir les intérêts iraniens prévus dans l’accord, duquel les Etats-Unis se sont retirés en mai 2018. Le chef de la diplomatie iranienne a ensuite déclaré dans un tweet que Téhéran n’avait pas violé cet accord multinational conclu à Vienne en juillet 2015.
l’Iran dépasse la limite autorisée pour le stock d’uranium enrichi
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a affirmé lundi que l’Iran avait dépassé la limite imposée à ses réserves d’uranium enrichi par l’accord de 2015 sur son programme nucléaire, en ripostant au durcissement des sanctions américaines prises ces derniers jours contre son économie, ont rapporté des médias locaux.
« Sur la base des informations en ma possession, l’Iran a dépassé la limite des 300 kilos » d’uranium faiblement enrichi, a déclaré M. Zarif, cité par l’agence Isna. « Nous avions annoncé ce franchissement de la limite à l’avance », a ajouté M. Zarif, a ajouté la même source.
« Nous considérons que c’est notre droit d’agir ainsi dans le cadre de ce que permet l’accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 », a souligné encore le ministre iranien. Le franchissement de ce seuil autorisé de 300 kilos a également été confirmé à Vienne par une source diplomatique. En riposte à la décision du président américain Donald Trump de sortir son pays unilatéralement de ce pacte en mai 2018 et de réimposer des sanctions contre l’Iran, Téhéran avait annoncé le 8 mai qu’elle ne se sentait plus tenue par deux seuils fixés par l’accord.
Il s’agit de celui imposé à ses réserves d’eau lourde (130 tonnes) et celui limitant son stock d’uranium faiblement enrichi (300 kilos). L’Iran a menacé aussi de reprendre, à partir du 7 juillet, des activités d’enrichissement d’uranium à un taux supérieur au degré maximal fixé par l’accord (3,67%) et de relancer son projet de construction d’un réacteur à eau lourde à Arak (centre) si les autres Etats encore parties à l’accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) ne l’aident pas à contourner les sanctions américaines.
Le mécanisme de troc conçu par les Européens pour aider l’Iran à contourner les sanctions américaines ne fait pas l’affaire mais témoigne malgré tout d’une prise de distance bienvenue entre le Vieux Continent et Washington, a estimé lundi Téhéran. Vendredi, à l’issue d’une réunion de crise destinée à tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, l’Union européenne a indiqué que ce mécanisme, baptisé Instex, était enfin « opérationnel » et que les premières transactions étaient « en train d’être traitées ».
« Le dispositif Instex que les Européens ont décidé d’utiliser, bien qu’il ne réponde pas aux exigences de la République islamique, ni aux obligations des Européens, a une valeur stratégique en ce qu’il montre que les alliés les plus proches des Etats-Unis sont en train de se distancer de l’Amérique dans leurs relations économiques », a affirmé, dans ce contexte, M. Zarif.
« Cela aura certainement des effets à long terme », a ajouté le ministre dans un discours retransmis par la télévision d’Etat. Le chef de la diplomatie iranienne a appelé, en outre, à la suppression du dollar du commerce extérieur, soutenant que cette mesure serait un moyen efficace de contrecarrer l’impact des sanctions américaines visant son pays. « Washington envisage de nuire à l’économie iranienne en perturbant les marchés des devises étrangères », a-t-il relevé, ajoutant que l’Iran et certains autres pays essaient de réduire leur dépendance au dollar pour éviter des dommages économiques. L’Iran et la Turquie ont mené 35% de leurs échanges commerciaux bilatéraux avec leur propre devise, a-t-il fait savoir.