La Palestine est déjà considérée comme un Etat sur le plan juridique, a affirmé le professeur et chercheur au Centre de droit international de l’Université libre de Bruxelles (ULB), François Dubuisson, soutenant que la reconnaissance ou non d’un Etat palestinien est un débat qui n’a pas lieu d’être.
« En réalité, l’Etat palestinien existe déjà sur le plan juridique », a-t-il affirmé samedi à la télévision belge (RTBF), relevant qu’au sein des Nations unies, « la Palestine, à quelques exceptions près, a pratiquement les mêmes prérogatives qu’un pays membre ». »Quand on entend les hommes politiques, on a souvent l’impression qu’il faut créer un Etat palestinien. Or, cet Etat a été déclaré en 1988″ depuis Alger, a-t-il souligné. En 1993, a-t-il poursuivi, « la Palestine a mis cette proclamation entre parenthèses avec les accords d’Oslo en pensant que les négociations allaient déboucher sur une solution et donc, sur la souveraineté d’un Etat palestinien. Voyant qu’ils avançaient vers une impasse, les Palestiniens ont réactivé à la fin des années 2000, début 2010, les démarches plus unilatérales pour se faire reconnaître internationalement ». Et pour cela, pas besoin de frontières clairement définies. Selon lui, la campagne de reconnaissance « a connu un franc succès puisque la Palestine a été reconnue comme Etat observateur au sein des Nations unies, comme Etat membre au sein de l’Unesco et est devenue membre de la Cour pénale internationale. Soit toute une série de prérogatives que seul un Etat peut avoir en droit international. »Pour ce juriste, l’enjeu aujourd’hui est de mettre en place des mesures effectives qui rendront possible l’existence véritable de la Palestine sur le terrain. « La Cour internationale de Justice a clairement indiqué que les frontières auxquelles a droit la Palestine sont les lignes définies en 1967 », a-t-il rappelé. Cependant, « puisque le processus de colonisation a continué en dépit de la conclusion des accords d’Oslo en 1993, la solution à deux Etats devient de plus en plus difficile à appliquer sur le terrain », a-t-il déploré, faisant remarquer qu’aujourd’hui, environ 800.000 colons sont installés sur des territoires palestiniens, et en particulier en Cisjordanie occupée, confrontée à une agression militaire sioniste d’une grande ampleur, visant son annexion.