Documentaire: Le film sur les Sœurs martyrs Saâdane projeté dans les Universités de Constantine

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Le film documentaire sur le parcours des sœurs Fadila et Meriem Saâdane, œuvre de la réalisatrice Soraya Ammour qui relate des révélations inédites sur les tortures subies par les femmes algériennes durant la période coloniale dans la ferme Améziane de Constantine, sera projeté «prochainement» dans les universités constantinoises, a indiqué, hier, la réalisatrice du film.

La projection du film documentaire historique dans les universités de Constantine aura lieu dans le cadre d’un programme d’animation en cours d’élaboration de concert avec le secteur de l’enseignement supérieur, a précisé, Mme  Ammour qui a mis l’accent sur l’importance de ce genre d’initiative dans «l’enrichissement des connaissances historiques des étudiants et la stimulation de leur sens patriotique». L’œuvre, qui relate par la voix de la moudjahida Leïla Sedira (sœur de la martyre Nafissa Belakhal et fille du militant de l’Association des oulémas musulmans algériens, Laâroussi Belakhal), les tortures subies par les femmes algériennes dans la ferme Améziane, sera présentée aux étudiants des diverses facultés, selon un planning qui sera arrêté «ultérieurement», a fait savoir la réalisatrice du film. Ce film documentaire de 1h30, dédié au combat de ces deux héroïnes de la Révolution algérienne, mettra en avant les tortures subies à la ferme Améziane qui fut, avec la villa Susini à Alger, l’un des plus importants centres de tortures aménagés par l’administration coloniale durant la Guerre de Libération nationale en plusieurs unités spécialisées dans la répression de toute action et soutien à la lutte du peuple algérien pour son indépendance sera, selon Mme Ammour.

Le rôle de Fadila Saâdane, «l’une des premières femmes algériennes assumant des responsabilités de haut niveau», sera relaté dans le cadre de ce documentaire historique réservant une «large» séquence aux compétences de cette femme héroïne, parmi les rares qui ont décroché le baccalauréat durant la période coloniale, a précisé Mme  Ammour qui a insisté sur l’importance de «raconter tous ces faits» aux étudiants pour les motiver à servir leur pays dans n’importe quelles circonstances. Le parcours de sa sœur Meriem qui était infirmière sera découvert par les étudiants dans le cadre de cette œuvre qui se veut un témoignage «fiable» racontant le courage des femmes algériennes qui ont subies les pires des tortures pour que l’Algérie soit libre et indépendante, selon Mme  Ammour. Ce travail de recherche, lancé depuis 2016, a mis la lumière sur des séquences encore méconnues de la vie révolutionnaire de ces deux sœurs chahidate, mortes sur l’autel de la liberté, a ajouté la réalisatrice, précisant que plusieurs moudjahidine ont contribué par leurs témoignages à la réalisation de ce film documentaire. Fadila Saâdane, qui fut l’une des rares femmes à pouvoir assister aux réunions des chefs de zone de la Wilaya II historique, fut capturée lors d’un affrontement avec des soldats français qui prirent d’assaut la cache clandestine où elle se trouvait en avril 1960 et fut immédiatement transférée au centre de torture de la ferme Améziane, où elle subissait les pires tortures, selon les témoignages dévoilés dans ce documentaire. Sa sœur cadette Meriem, qui avait rejoint les rangs de la Révolution sera arrêtée et torturée à mort, et son corps affreusement mutilé fut jeté, le 22 juin 1958, avec celui de 52 autres militants constantinois, dans une grotte de Djebel Boughareb dans la commune Ben Badis (anciennement El Haria), selon les révélations de ce documentaire. La réalisatrice du film documentaire, projeté pour la première fois, samedi soir à la maison de la culture Malek-Haddad de Constantine, a indiqué que cette œuvre constitue un document historique à faire découvrir au maximum des citoyens, à l’école et à l’université, notamment pour servir de leçon aux générations sensés porter le destin de l’Algérie. Au centre-ville de Constantine, précisément à Coudiat, le lycée pittoresque, où Fadila elle-même était élève, porte le nom des sœurs martyrs Meriem et Fadila Saâdane, considérées pour des générations entières un symbole de sacrifice et d’engagement pour la patrie.

Benadel M. /Ag.