L’épidémie de Covid-19 continue de faire des morts en Algérie à cause du variant Delta, affirme à Sputnik le Pr Mostefa Khiati,même si les médias en parlent peu à cause des incendies de forêt qui ont accaparé leur attention.
Pour lui, le risque de nouvelles vagues encore plus violentes «est bien réel» et il faudrait s’y préparer dès maintenant. Depuis le 9 août, les incendies de forêt qui ont ravagé 26 wilayas (régions), notamment celle de Tizi-Ouzou, en Kabylie, ont fait disparaître des radars des médias la crise sanitaire liée au Covid-19 qui défrayait la chronique les semaines précédentes en Algérie à cause d’une propagation fulgurante du variant Delta.
En effet, le manque de médicaments, mais surtout d’oxygène, dans les hôpitaux a causé la mort de beaucoup de patients qui souffraient de détresse respiratoire. Des photos et des vidéos ont montré des scènes où des infirmiers s’arrachaient des bouteilles d’oxygène, au bord d’un camion de ravitaillement, pour alimenter leurs patients. Les hôpitaux des wilayas les plus touchées étaient saturés et dans l’incapacité de recevoir plus de malades. Dans ce contexte, un élan de solidarité sans précédent a été organisé par les citoyens et certaines associations, à l’intérieur du pays et au sein de la diaspora, notamment en France, pour acquérir des concentrateurs, voire des générateurs et des unités de production d’oxygène médical, au profit des hôpitaux et des cliniques publics. Jeudi 19 août, les autorités sanitaires françaises ont classé l’Algérie et le Maroc comme zones rouges, concernant la situation épidémiologique en lien avec la Covid-19. Ainsi, les ressortissants non vaccinés doivent présenter un motif impérieux pour se rendre en France, en plus de la présentation d’un test PCR dans les 48 heures précédant leur embarquement et un test antigénique systématique à leur arrivée sur le territoire français. Où en est la situation actuellement? Les hôpitaux sont-ils toujours saturés et dans l’incapacité d’assurer une prise en charge complète des malades?
Y a-t-il un plan public pour remédier au manque d’oxygène dans les hôpitaux? Quel est l’état d’avancement de la campagne de vaccination? Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le professeur Mostefa Khiati, médecin-chercheur ainsi que président et fondateur de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM) en Algérie.
Un malheur en cache un autre
Selon le Pr Khiati, «alors que la crise sanitaire du Covid-19 faisait rage, le drame des incendies de forêt [dont la plus grande partie sont d’origine criminelle, selon les autorités, ndlr] qui ont touché le nord du pays, en particulier la Kabylie, puis le lynchage, l’assassinat puis la destruction de son corps par le feu d’un bénévole accusé à tort d’être un pyromane, Djamel Bensmaïl, ont tellement choqué et scandalisé les Algériens que ceux-ci ont complètement oublié la question de l’épidémie. Or, bien qu’elle soit peu présente dans les colonnes des médias, la situation sanitaire liée au Covid-19 est encore préoccupante et loin d’être maîtrisée». Et d’informer que «ces derniers jours, un taux de près de 30 décès était enregistré par jour, alors qu’avant ce chiffre était compris entre six et 12 décès. Ce taux élevé de mortalité reflète en réalité une situation épidémiologique encore préoccupante».
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