Sur deux jours de débat, les participants à la rencontre gouvernement-walis ont eu à décortiquer plusieurs thèmes liés à la gestion des collectivités locales et au rôle qui sera désormais confié aux élus locaux pour leur permettre de libérer les initiatives et booster les investissements.
Ainsi, les leviers financiers et budgétaires favorisant un développement socio-économique local équilibré et durable, les enjeux majeurs de la stratégie de la sécurité alimentaire et hydrique, les défis à relever en matière d’économie locale, la modernisation des services publics de proximité et la gestion urbaine durable sont autant de sujets qui ont été longuement débattus lors de cette rencontre placée sous le thème « les collectivités locales: locomotive du développement national ». Intervenant à cette occasion, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a affirmé que les orientations données par le président de la République constituent une feuille de route pour accélérer la cadence du développement local et conférer davantage d’efficacité à la mise en œuvre des politiques publiques. Il a précisé que cette rencontre périodique visait à « garantir une coordination continue et une synergie à même de conférer davantage d’efficacité à la mise en œuvre des politiques publiques et de répondre aux aspirations des citoyens, des aspirations placées au centre des préoccupations du président de la République », a-t-il dit, en voulant pour preuve « les orientations judicieuses données aujourd’hui par le président de la République dans son discours pour accélérer la cadence du développement local, en tant que levier du développement national, lesquelles orientations serviront de feuille de route que chacun d’entre nous, à son niveau de responsabilité, veillera à mettre en œuvre ». Et de souligner que « la réalisation d’un équilibre en matière de développement entre les différentes régions du pays est l’un des fondements sur lesquels repose l’approche de développement décidée par le président de la République et que les collectivités locales s’attèlent à mettre en œuvre à travers un vaste programme de rattrapage dans les zones d’ombre avec une enveloppe de plus de 341 milliards de dinars ». Ce programme a permis de réaliser « plus de 29.000 projets, soit l’équivalent de 98,7% », a-t-il précisé, ajoutant que « les efforts consentis ont permis d’atteindre des indicateurs exceptionnels au profit de près de 6,2 millions d’habitants, notamment le raccordement de plus de 580.000 habitations au réseau d’eau potable et de plus de 100.000 habitations au réseau électrique, outre la réhabilitation et la rénovation de 9.000 km de routes et l’ouverture de 5.000 km de pistes dans ces régions ». Il a expliqué que « ces projets réalisés dans un laps de temps relativement court ont révélé l’écart de développement considérable qui a été comblé », insistant sur la nécessité de « prendre les mesures nécessaires pour éviter pareils dysfonctionnements à l’avenir et garantir une répartition équitable des programmes de développement local, notamment en étant constamment à l’écoute des citoyens et en consacrant les principes de la démocratie participative ». « Après que les dix wilayas du Sud ont entamé leur processus de développement, la création des sept wilayas déléguées a permis de lancer une nouvelle dynamique de développement visant à combler les lacunes et à assurer une meilleure prise en charge des préoccupations de leurs habitants, notamment grâce aux enveloppes budgétaires allouées dans la loi de finances 2025 », annonçant, par là même, « le début de l’installation des quatre nouvelles circonscriptions administratives, dont le Conseil des ministres a approuvé la proposition de promotion cette semaine, afin qu’elles puissent, à leur tour, tracer leurs propres repères en matière de développement ». Le ministre a affirmé que son secteur « contribue au renforcement continu de la cadence de développement local et à la prise en charge des préoccupations exprimées par les citoyens, notamment à travers le programme de soutien au développement socioéconomique des collectivités locales financé au titre du budget de l’Etat, ainsi que les programmes d’équipement financés par le biais du Fonds de solidarité et de garantie des collectivités locales », rappelant qu »’une enveloppe globale de 728 milliards de dinars a été allouée lors du quinquennat 2020-2024, ayant permis d’enregistrer plus de 63.374 opérations de développement de proximité ».
A ce propos, il a fait savoir que les autorités locales s’employaient à « renforcer l’offre foncière » et à « la mettre à la disposition de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) », tout en « poursuivant l’assainissement du portefeuille d’investissement des projets inscrits dans le cadre de l’ancien système juridique, dont le suivi est assuré par une commission sectorielle de haut niveau ».
Il a, dans ce sens, mis en avant « les progrès accomplis dans la réalisation de zones de micro-activités au titre d’un programme national pilote financé par le Fonds de solidarité et de garantie des collectivités locales, lequel mettra à disposition une superficie globale de 433 hectares pour recevoir les petits et moyens projets ». S’agissant de la relance du secteur de l’agriculture, l’un des piliers de la politique de diversification de l’économie nationale hors hydrocarbures, M. Merad a réaffirmé « la mobilisation des autorités locales pour atteindre des résultats concrets en termes d’augmentation de la production, notamment dans les filières stratégiques, et parachever les structures complémentaires de stockage et de commercialisation ». A cet égard, un « programme national a été approuvé pour la réalisation de 30 silos de stockage de céréales et la construction de 350 centres de stockage de proximité d’une capacité totale estimée à 17,5 millions de quintaux de céréales, sachant que les premières structures seront livrées dès la semaine prochaine et au début de la nouvelle année afin que la totalité soit opérationnelle avant le lancement de la prochaine campagne moisson-battage », a-t-il fait savoir. Concernant le renforcement de la sécurité hydrique, M. Merad a indiqué que les projets inscrits dans ce cadre « font l’objet d’un suivi continu au niveau local afin qu’ils soient livrés dans les délais impartis en vue d’améliorer l’approvisionnement des citoyens en eau potable ». S’agissant de la maîtrise de l’expansion urbaine et de la garantie d’un cadre de vie de qualité, il a relevé que ces questions constituaient « l’un des principaux défis au niveau des grandes villes et des nouveaux pôles urbains », ce qui nécessite, a-t-il dit, « de réfléchir à la mise en place de mécanismes de gestion intelligente des villes pour une meilleure maîtrise de l’expansion urbaine et à l’adaptation des outils d’urbanisme ». Le ministre a, par ailleurs, mis l’accent sur « l’importance de redoubler d’efforts et d’introduire de nouvelles méthodes de gestion pour répondre aux ambitions des citoyens en matière de développement », insistant sur « l’adoption de solutions intelligentes en s’appuyant sur les start-up qui ont démontré des compétences et un potentiel prometteurs ». Lors de son allocution, le président de la République a annoncé la mise en place, à partir de 2025, d’un nouveau système de gestion des collectivités locales incarnant la véritable démocratie et élargissant les prérogatives des élus, soulignant que les collectivités locales étant « le socle de l’Etat », la révision des codes communal et de wilaya s’impose afin que ces textes puissent concrétiser la volonté du peuple au niveau local. Le président de la République a indiqué que « le temps est venu de réviser les codes communal et de wilaya pour bâtir des institutions démocratiques et non démagogiques, en conférant davantage de prérogatives aux élus locaux ». Evoquant certains volets de la profonde révision prévue des codes, communal et de wilaya, en termes de prérogatives, de moyens alloués et de classification des communes, le président de la République a précisé que « la gestion de certaines infrastructures sera confiée à l’Etat au lieu des communes pour ne pas les accabler financièrement ». Parmi les dispositions contenues dans la nouvelle version du code, figure celle qui consiste à « conférer au président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) la qualité d’ordonnateur, afin que l’élu local soit un responsable investi des pleines prérogatives ». Le chef de l’Etat a affirmé, à ce propos, que l’Algérie a réussi à « asseoir une gouvernance basée sur l’équité en matière de développement et la rigueur dans la gestion des deniers publics », citant différents volets en lien avec la dimension locale, à l’instar des réformes dont ont bénéficié les zones d’ombre, notamment la création d’emplois et l’accompagnement des artisans. Tous les responsables, du Président au plus simple fonctionnaire public sont au service du peuple, a insisté le président de la République, soulignant l’impératif « respect, par tous les responsables locaux, du code de bonne conduite administrative relatif à l’accueil des citoyens, en particulier des jeunes, pour écouter leurs préoccupations ». Le président de la République a en outre insisté sur la nécessité de mettre à profit cette rencontre gouvernement-walis pour « répondre, dans les meilleures conditions, aux exigences du développement local durable » et « consolider les acquis réalisés grâce aux efforts de l’Etat visant à promouvoir la vie sociale et à améliorer le cadre de vie des citoyens », soulignant, par ailleurs, l’impératif de lutter contre la bureaucratie à travers « la numérisation globale qui est sur le point d’être généralisée ». Concernant le dossier relatif au dessalement de l’eau de mer, le président de la République a indiqué que l’Algérie « mettra en service cinq stations de dessalement avant le mois de Ramadhan », appelant les walis à « adhérer au système d’exploitation des eaux usées dans toutes les wilayas » et à « accorder une attention particulière à ce plan ». Le président de la République a, dans ce cadre, salué la flamme patriotique qui anime les jeunes algériens. « Il se leurre celui qui croit que l’Algérie est une proie facile dont on peut s’emparer avec un hashtag. Les Algériens ont l’esprit de résistance dans l’âme », a-t-il soutenu, insistant sur la nécessité de « se montrer à la hauteur des attentes des jeunes ». Le président de la République n’a pas manqué de mettre l’accent sur l’importance de protéger les jeunes contre les risques de certains fléaux, appelant le gouvernement à élaborer une stratégie nationale multidimensionnelle de lutte contre la drogue et les substances psychotropes durant le premier trimestre de 2025 en associant l’ensemble des acteurs à son élaboration.