Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé, samedi, sur la décision d’organiser une élection présidentielle anticipée le 7 septembre prochain au lieu du 12 décembre 2024. Sur sa candidature pour un deuxième mandat, le Président Tebboune a laissé planer le suspense. L’organisation d’une élection présidentielle anticipée a été annoncée le 21 mars, sans explications officielles.
Lors d’une entrevue accordée aux représentants de la presse nationale, le chef d’État a assuré qu’avancer le scrutin de trois mois était «purement technique». «J’ai déjà donné certaines raisons sur cette question, et il y a même eu ingérence d’étrangers qui ont émis leurs propres spéculations à ce sujet», a-t-il indiqué. Et d’expliquer : «Les raisons sont purement techniques et n’ont aucune incidence sur l’échéance ni sur son déroulement», a-t-il poursuivi. De plus, «décembre n’est pas la date réelle de l’élection présidentielle. En effet, suite à la démission du défunt Président (Abdelaziz Bouteflika) en 2019, le président du Conseil de la nation, le défunt Abdelkader Bensalah, a pris le pouvoir et a fixé une date pour l’organisation de l’élection. Cependant, l’organisation de l’élection n’était pas possible à ce moment-là, et le rendez-vous électoral a été reporté une fois de plus». «Décembre n’est pas la date officielle à laquelle nous organisons habituellement les élections en Algérie. Le reste n’est que philosophie et conjectures qui varient selon les parties qui nous soutiennent ou qui s’opposent à nous», a encore expliqué le Président Tebboune, estimant que le mois de septembre est «le moment propice pour la tenue de ce rendez-vous électoral, car coïncidant avec la fin des vacances d’été et le début de la rentrée sociale pour de nombreux Algériens à l’intérieur et à l’extérieur, qui pourront ainsi exprimer leur voix». La dernière présidentielle, remportée par le Président Tebboune avec 58% des voix mais marquée par une forte abstention, a eu lieu le 12 décembre 2019. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission en avril de la même année sous la pression de l’armée et du mouvement populaire -Hirak- . Il a également commenté les informations relayées par certains médias qui tentent de lier l’organisation d’élections anticipées à une crise au sommet du pouvoir, tandis que d’autres évoquent un départ imminent du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, du pouvoir. A ce propos, il a répondu : «Ceux-là sont des personnes malades qui continueront à chercher à perturber la stabilité du pays en diffusant des rumeurs». «Ce qui émane de ces personnes est normal, car elles n’ont pas assimilé les leçons que leur ont enseignées les Algériens qui sont conscients et ont un amour sincère pour la patrie», a-t-il poursuivi. Interrogé sur sa candidature pour un deuxième mandat lors de la prochaine élection présidentielle, il a laissé planer le suspense. «Avant l’heure, c’est pas l’heure», a-t-il répondu. «Je pense que ce n’est pas le moment approprié pour répondre à cette question, car il y a encore un programme que je suis en train de mettre en œuvre», a indiqué le Président Tebboune, âgé de 78 ans, soulignant qu’il reste plus 5 mois avant le scrutin présidentiel. Le corps électoral sera convoqué le 8 juin prochain. Par ailleurs, le président de la République a mis en avant la possibilité pour les membres de la communauté nationale à l’étranger de s’inscrire sur des listes électorales provisoires au niveau des consulats algériens, à partir de la semaine prochaine. «La communauté nationale à l’étranger pourra, à partir de la semaine prochaine, prendre attache avec les consulats pour s’inscrire sur des listes électorales provisoires», a-t-il fait savoir, rappelant dans ce sens «le rôle des consulats dans l’élaboration de ces listes avant leur intégration dans les listes officielles». Il a également assuré que «le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a pris la décision d’établir des listes provisoires pour le corps électoral au niveau consulaire en prévision des prochaines échéances, à condition que ces listes soient prises en considération lors de la révision périodique du corps électoral». Il a rappelé, dans ce contexte, que la période légale pour la révision précitée, interviendra après la signature du «décret fixant la date de convocation du corps électoral, avant l’entame de la révision des listes électorales».
Inflation, dinar, PIB, salaires, agriculture…
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l’Etat œuvrait à réduire le taux d’inflation à moins de 4%, en vue de préserver le pouvoir d’achat du citoyen. Lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux, diffusée samedi soir, le Président Tebboune a souligné l’impératif «de réduire le taux d’inflation, qui oscille actuellement entre 7% et 8%, à 4% au maximum». La lutte contre l’inflation figure parmi les trois axes auxquels s’attèle l’Etat pour augmenter le pouvoir d’achat des citoyens, avec l’axe social qui prévoit l’augmentation des salaires et l’institution de l’allocation chômage, ainsi que « la défense de la valeur du dinar algérien », a indiqué le président de la République.
Réévaluation de la monnaie nationale
S’agissant de la réévaluation de la monnaie nationale, le président de la République a assuré qu’elle se fera à travers des mesures économiques, y compris les mécanismes de taux de change au niveau de la Banque centrale, soulignant que le rôle de cette mesure était de réduire la valeur des importations et soutenir ainsi le pouvoir d’achat. Il a précisé, dans ce cadre, que la valeur du dinar avait baissé dans un contexte particulier et dans des «circonstances illogiques marquées par l’injection de fonds via la planche à billets, dont nous subissons aujourd’hui les répercussions».
Projets d’investissement
Ces mesures seront accompagnées d’une augmentation du volume des investissements dans le pays, a indiqué le président de la République qui s’est félicité du nombre important de projets inscrits au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), estimés à près de 6000 projets d’investissement, dont «la moitié a été lancée». La plupart de ces projets devraient se concrétiser à l’horizon 2026, ce qui permettra de générer des richesses, en plus d’un nombre important de postes d’emploi, a ajouté le président de la République, notant l’afflux d’un nombre considérable d’opérateurs étrangers vers l’investissement en Algérie, au vu de la stabilité dont elle jouit.
Le PIB à 400 milliards $ en 2026
La concrétisation de ces projets est de nature à augmenter le niveau du revenu dans l’économie nationale, le PIB devant atteindre 400 milliards de dollars en 2026, selon le président de la République qui prévoit un maintien du taux de croissance à ses niveaux actuels en 2026 et 2027. A cet effet, il a relevé la concordance des chiffres avancés par les institutions financières et économiques internationales, à l’instar de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) avec les chiffres officiels algériens, concernant le taux de croissance estimé à 4,2% en 2023, ce qui se veut «une reconnaissance de la part des instances internationales». «Cela signifie que nous sommes sur la bonne voie», a poursuivi le président de la République, estimant que les indicateurs prévisionnels de l’économie nationale à moyen terme confirment que l’Algérie est en phase de devenir une économie émergente.
Augmentation des salaires
Cette richesse produite par l’économie permet de financer les augmentations de salaires prévues, d’autant plus que l’Etat, après avoir augmenté les salaires de 47%, complétera les 53% restants pour atteindre une augmentation totale de 100% d’ici à 2026/2027. Répondant à une question sur la Haute commission nationale des recours liés à l’investissement qu’il a récemment installée, le président de la République a affirmé que les décisions de cette commission seront «exécutoires», ajoutant qu’elle constitue l’une des mesures prises pour rassurer les investisseurs et éliminer les obstacles administratifs afin d’accélérer la réalisation des investissements. Le président de la République a également remercié à cette occasion «l’ensemble des investisseurs nationaux intègres, à l’instar du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), qui ont fait confiance à leur pays».
Stabilité des prix des prix des produits
Le président de la République a indiqué que les citoyens «affichent de manière générale leur satisfaction de la disponibilité et des prix» des produits, et ce grâce aux mesures prises à l’avance par les pouvoirs publics en vue de réguler le marché des produits de large consommation, y compris la viande dont le programme d’importation a été lancé quatre mois avant le Ramadhan. A cela s’ajoutent les initiatives de vente directe, du producteur au consommateur sans intermédiaires, selon le président de la République qui a renouvelé ses remerciements aux représentants des commerçants algériens et au Conseil du renouveau économique algérien (CREA) pour leurs efforts et leur adhésion à la stratégie du ministère du Commerce visant à stabiliser les prix. Il a également formé le vœu de voir le marché maintenir la même tendance stable «tout au long de l’année», faisant état d’une abondance de production de différents produits de consommation, notamment agricoles.
Sécurité alimentaire
Evoquant le dossier de la sécurité alimentaire, le président de la République a estimé que l’approche adoptée dans ce domaine doit donner l’initiative aux professionnels eux-mêmes, loin du mode administratif centralisé. «Je ne crois pas que le ministère de l’Agriculture doit contrôler, depuis la capitale, la production agricole à Tamanrasset, Djelfa ou El Ménéa», a-t-il dit. «L’agriculture exige l’esprit d’initiative et l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) doit prendre les choses en main avec l’aide de l’Etat, notamment à travers la création de coopératives», a-t-il déclaré.
«Les privés sont la base du développement du secteur agricole»
Le président de la République a affirmé que «les privés sont la base du développement du secteur agricole et que le ministère intervient pour l’orientation et l’organisation de l’activité agricole». Il a déploré, dans ce cadre, l’absence de statistiques agricoles précises, d’où la préparation du lancement du recensement général de l’agriculture (RGA), soulignant que l’absence de données exactes incite l’Etat à importer certains produits en fonction de la capacité financière du pays et non en fonction des besoins ou du niveau de la demande. En revanche, le président de la République a salué le haut niveau atteint dans plusieurs wilayas du pays dans le domaine de la production agricole et animale, estimant que certaines wilayas ont obtenu des résultats qu’il a qualifiés de «miracle», à l’instar de celles d’El Oued, de Biskra et de Boumerdès. Il s’est aussi félicité du niveau technique élevé adopté par un nombre important d’investisseurs dans divers filières.
Un projet de production de poudre de lait
Evoquant le sujet des fermes pilotes occupant une superficie de 164 000 hectares, le président de la République a rappelé la récente décision de l’Etat d’orienter ces fermes vers la culture de produits spécifiques tels que les huiles végétales, l’arboriculture fruitière ou l’intensification de la production céréalière. Il a fait état, dans ce sens, d’un accord prochain avec un «partenaire arabe respecté» dans le cadre d’un projet de 100 000 têtes de bétail, ce qui permettra la production de poudre de lait pour la première fois en Algérie, dans la wilaya d’Adrar, soulignant que «l’avenir appartient à l’agriculture saharienne» en Algérie. La valeur de la production agricole nationale s’élève à 35 mds/usd, soit 18 % du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 5% pour le secteur industriel, a indiqué le président de la République.
Le PIB de l’Algérie va dépasser 400 milliards $ en 2026
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, prévoit que le PIB de l’Algérie dépasse les 400 milliards de dollars en 2026. «Le PIB de l’Algérie va dépasser 400 milliards de dollars en 2026», a-t-il dit, lors de l’entrevue périodique qu’il a accordée aux représentants des médias nationaux, qui a été diffusée, samedi soir, à 22h00 sur les chaînes de télévision et de radio nationales.
Les salaires seront doublés entre 2026 et 2027
Dans un extrait publié sur la page Facebook de la présidence de la République, le Président Tebboune a annoncé que les salaires seront doublés entre 2026 et 2027. «On est à 47%, on va rajouter les 53%», a-t-il précisé. Il est revenu sur la décision relative à la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 7 septembre prochain. En réponse à une question sur les Algériens en situation irrégulière à l’étranger, le président de la République a affirmé que cette question sera traitée dans deux mois au plus tard. Lors de cette entrevue, le chef de l’Etat a également abordé la question palestinienne. «Il est temps que la Palestine deviennent membre à part entière des Nations unies», a-t-il déclaré.
Khenchela, Tissemsilt, Tizi-Ouzou, les prochaines visites du Président Tebboune
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, samedi soir, qu’il effectuera «des visites de terrain dans les wilayas de Khenchela, Tissemsilt, Tizi- Ouzou et probablement Djanet». «Le programme de ces visites n’a pas encore été fixé, mais, si Dieu le veut, je m’y rendrai, et d’autres visites dans d’autres wilayas pourraient s’ajouter, à l’instar de Constantine, Batna et Tiaret», a-t-il dit, lors d’une entrevue accordée aux représentants de la presse nationale.
«Ma visite en France est toujours d’actualité»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias diffusée samedi soir, sa visite en France. «Ma visite en France est toujours d’actualité et ma rencontre avec le Président Macron sera un rendez-vous avec l’histoire, lors duquel nous penserons les choses de façon rationnelle et non émotionnelle», a indiqué le président de la République, en réponse à une question sur sa visite en France. Et d’ajouter : «Nous sommes aujourd’hui dans une phase de refondation des relations» entre les deux pays. «Un groupe travaille sur le dossier de la mémoire à laquelle nous ne renoncerons pas, tout comme nous ne cèderons aucun iota sur le devoir envers nos valeureux martyrs, que ce soit pour les martyrs de la résistance nationale ou ceux de la glorieuse Révolution de libération», a assuré le Président Tebboune. Le président de la République a salué «l’action positive de l’Assemblée nationale française, en reconnaissant le crime commis par Maurice Papon» contre des membres de la communauté algérienne en France le 17 octobre 1961, soulignant que cette reconnaissance constitue «un pas positif». Lors d’un appel téléphonique le 11 mars, le Président Tebboune et son homologue français «ont convenu, de la visite officielle du président de la République en France, qui aura lieu à la fin septembre, début octobre, la date officielle de la visite devant être fixée ultérieurement». La visite d’État du Président Tebboune en France avait été annoncée plusieurs fois puis reportée. Fin décembre 2023, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a précisé qu’elle dépendait du règlement de cinq dossiers. Dans une interview accordée à la chaine qatarie Al Jazeera, Ahmed Attaf avait énuméré, a ce propos, les dossiers de la mémoire, la mobilité, la coopération économique, les essais nucléaires français dans le Sahara algérien et celui de la restitution de l’épée ainsi que le burnous de l’émir Abdelkader. Par ailleurs et en réponse à une question sur les Algériens en situation irrégulière à l’étranger, le président de la République a affirmé que «cette question sera traitée dans deux mois au plus tard». «Je me suis engagé à régler la question, et tous les concernés verront leur situation régularisée, sauf en cas de contrainte sécuritaire ou juridique», a-t-il rassuré, affirmant que des instructions ont été données dans ce sens et le ministère de l’Intérieur « procèdera au traitement des dossiers».
Synthèse T. M. / Ag.