Le poids des BRICS+ au sein de la nouvelle reconfiguration géostratégique mondiale

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Nous devrions assister à une nouvelle configuration internationale, s’orientant vers un monde multipolaire, avec les impacts du conflit en Ukraine, le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite et le poids croissant des Brics composés actuelles de cinq pays, étant prévu  de  nouvelles adhésions  en  Afrique du Sud, cette dernière assumant  la présidence des BRICS depuis le 1er janvier 2023, succédant à la Chine, qui  accueillera le sommet des  BRICS dans la province de Gauteng du 22 au 24 août selon  le ministre à la Présidence, Mondli Gungubele. Les données de cette présente contribution reprennent les données internationales officielles dont celles du FMI et de la Banque mondiale.

1 -Le  PIB des Brics en 2021 est le suivant :

– le Brésil, 1608 milliards de dollars de PIB pour une population de 2140 millions ;

– la  Russie 1750 milliards de dollars de PIB pour une population  de 143 millions ;

– l’ Inde, 3250 milliards de dollars de PIB, pour une population de 1,4 milliard ;

– et  l’ Afrique du Sud, 420 milliards de dollars de PIB, pour une population  de 59 millions

– la Chine 18460 milliards de dollars de PIB pour une population de 1,4 milliard, et des réserves de plus de 3300 milliards de dollars  *.

Nous avons au total pour 2021 un PIB  des Brics de  25.498 milliards de dollars, la Chine représente 72,54%, étant largement leader. Ensemble. Les BRICS représentent  45% de la population de la planète et  près du quart de sa richesse. Paradoxe, ayant été  à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années

2 – Les candidatures des nouvelles adhésions  selon la formule proposée par la Chine, le  Brics+,  en Afrique du Sud en été prochain,  pour l’année 2021,  sont les suivantes :

-l’Algérie a un PIB  de 163 milliards de  dollars et une population de 44 millions d’habitants  350/400 milliards de dollars entre 2023/2025,

 – l’Arabie saoudite a un PIB de 844 milliards de dollars et une population de 36 millions ;

–  les Emirats arabes unis ont  un PIB  de 415 pour une population de 10 millions ;

–  l’Iran a un PIB  de 360 milliards de dollars et une population  de 88 millions ;

–  l’Egypte a un PIB de 404 milliards de dollars et une population  de 110 millions ;

–  l’Argentine a un PIB  de 487 milliards de dollars et une population  de 46 millions ;

– le Mexique a un PIB  de 1273 milliards de dollars  et une population de 127 millions ;

– le Nigeria a un PIB de 441 milliards de dollars et une population  de 213 millions.

Avec les nouvelles adhésions, nous aurons un accroissement de population  de 674 millions d’habitants qui s’ajoutent à ceux des  Brics  et un rajout au PIB   de 6551 milliards de dollars  passant  de 25% en 2022  à  environ  30%  du PIB mondial. Mais pour l’instant entre 2022 et 2023,  les USA, et  l’Europe y compris la Grande-Bretagne,  pour moins d’un milliard d’habitants accaparent, sur un PIB mondial de 100.000  milliards de dollars en 2022,  environ 40% du total 

3 -Le poids des Brics remet  en cause l’architecture actuelle des relations internationales. D’une manière générale, l’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale, qu’il ne peut y avoir de développement global sans le développent et la prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde ( voir  contribution Pr A. Mebtoul- parue  le 30 mars 2023 au niveau international -Paris pour l’Europe et  Dakar pour l’Afrique , sur ce même sujet,  dans Finantial –Afrik). C’est sous l’impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision. Mais c’est pour échapper à la dépendance de l’hégémonie du dollar que les BRICS ont décidé de créer une nouvelle banque de développement à travers la contribution des banques centrales des BRICS, une partie des réserves de devises étrangères pourrait être concentrée, de même, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international, on pourrait concentrer des fonds pour servir à la construction des infrastructures dans les BRICS. Les avantages de la Nouvelle Banque de développement tournerait autour de trois axes directeurs : premièrement de mieux utiliser leurs devises étrangères afin de réduire le risque d’inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères, et de mieux servir leurs économies réelles; deuxièmement, les bénéfices que la Banque de développement pourraient tirer de l’investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les banques centrales pourraient tirer de l’achat de bons du Trésor des pays développés, et l’investissement dans les infrastructures pourrait stimuler la demande intérieure de ces pays, entraînant la croissance économique; troisièmement, la Nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar, bien qu’en baisse mais dominant dans les transactions internationales suivi de l’euro. En somme, la création de la Nouvelle Banque de développement traduit la volonté des BRICS d’une rénovation de leur gouvernance interne. La stratégie des Brics est de favoriser le co- développement, notamment en Afrique, se fondant sur le respect du choix souverain du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie culturelle, ce continent, possédant des richesses  importantes dont la population  en 2022 avoisine 1,4 milliard d’habitants,  expliquant les rivalités des grandes puissances notamment entre les USA et la  Chine, dont le projet de la route de la Soie,  où le  PIB devrait passer de 2 980  milliards de dollars en 2022   à 4 288,08 milliards de dollars en 2027,  loin de ses potentialités. Le continent  est  caractérisé par  la faiblesse de son intégration  qui est de l’ordre de 11/12 %, étant utopique  de parler d’une Afrique des  Afriques, rendant nécessaire  des sous intégrations régionales afin de   dynamiser  de  la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf  afin de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés. En conclusion,  comme l’a souligné le président de la République, pour consolider sa position stratégique, l’Algérie doit doubler son PIB de 350/400 milliards de dollars entre 2023 et 2025, étant en 2022 selon le FMI à 193 milliards de dollars. Pour cela, l’Algérie doit   mener  de profondes réformes structurelles, avoir  une économie diversifiée,  pour  avoir une influence sur les décisions internationales   au sein des zones de libre-échange ; qu’elle soit , arabe, Afrique, Europe,   et au sein des BRICS  et  être concurrentielle  où siègeront  au sein des Brics+   deux  grands  producteurs d’hydrocarbures, plus de 10  millions de barils de pétrole/j à savoir la Russie de l’Arabie saoudite. Il  faut donc être réaliste, chaque pays défend ses propres intérêts,  car   dans  pratique des  relations internationales et surtout économiques,  n’existent pas  de sentiments, mais que des intérêts et l’Algérie entend défendre ses propres intérêts.

A. M.