18 éme vendredi: Le peuple ira jusqu’au bout  de ses convictions, n’en déplaise à ses ennemis

0
807
18ème vendredi de manifestation contre le système. Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie

 

Le peuple algérien continue de revendiquer un changement radical du régime et une alternative démocratique.

La mobilisation n’a pas fléchi en dépit des tentatives d’affaiblissement visant l’essoufflement du mouvement. Pour le 18e vendredi consécutif, les appels à occuper pacifiquement les rues se sont multipliés. Et pour cause, ce passage «surprenant et inédit» du discours de chef d’état-major de l’ANP, le général Ahmed Gaïd Salah, mettant en garde «toute personne portant un autre drapeau autre que celui du l’emblème national». En effet, le dernier discours prononcé par le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, sonnant comme une «provocation et une menace», est inquiétant. L’homme, de facto, le plus fort du pays, incarnant à la fois la réalité du pouvoir qui ordonnait dans un passé récent la protection des marches, a mis en garde, à l’occasion de son dernier discours contre «les tentatives d’infiltration des marches» par une «minorité» qui, selon lui, brandissent des drapeaux autres que l’emblème national. «Il m’appartient également en cette occasion d’attirer l’attention sur une question sensible, à savoir la tentative d’infiltrer les marches et porter un autre emblème national par une infime minorité», a-t-il souligné. Le ton menaçant dont a usé le général contre le port de tout emblème autre que le drapeau national durant les marches, a provoqué un tollé et a suscité de vives réactions.  Cependant, le chef d’état-major qui n’a pas donné de précision sur les emblèmes «mis en cause» a averti aussi que des «ordres et instructions fermes ont été données aux forces de sécurité afin de faire respecter strictement les lois en vigueur et de faire face aux individus qui essayent d’attenter à nouveau aux sentiments des Algériens à propos de ce sujet sensible et délicat». Le 18e vendredi de l’insurrection populaire s’annonce difficile. Les barrages filtrants de la Gendarmerie nationale mis en place sur le tronçon autoroutier ont été comme il fallait s’y attendre renforcés et l’accès à la capitale a été plus difficile que par le passé aux citoyens. La mise en garde du chef d’état-major de l’ANP a suscité surtout de l’inquiétude et provoqué surtout de la colère au sein des populations qui, en plus des slogans politiques portés sur les pancartes, continuent de véhiculer des messages de l’union rejetant ainsi tout endoctrinement de division. Plusieurs arrestations ont été effectuées par la police hier à Alger, aux abords de la Grande Poste, point de ralliement de la grande manifestation hebdomadaire contre le régime. Une vingtaine d’hommes, essentiellement des jeunes, ont été interpellés par les nombreux policiers en civil ou en tenue, déployés dans les rues autour de la Grande Poste, dans le centre de la capitale algérienne. Les personnes interpellées ne portaient ni drapeaux ni pancartes. Les policiers ont récupéré les pièces d’identité et les portables, avant de les fouiller et de les faire monter dans des fourgons. Des témoins ont fait état d’interpellations dans les rues adjacentes dès 6h du matin. Deux fourgons pleins ont déjà quitté les lieux en début de matinée en direction de postes de police et d’autres véhicules les ont remplacés. Durant plusieurs vendredis, la police a procédé à des arrestations matinales avant de relâcher les manifestants en fin de journée à plusieurs kilomètres du centre de la capitale. Depuis le 22 février, les Algériens sortent chaque vendredi massivement dans les rues, notamment à Alger, pour réclamer un changement du « système » politique en Algérie. Les manifestations, pourtant strictement et totalement interdites dans la capitale depuis 2001, ont été jusqu’ici largement tolérées par la police, débordée par le nombre et qui se contente habituellement de contenir le défilé dans un périmètre défini.Les forces de l’ordre ont reçu des consignes afin de s’assurer qu’aucun autre drapeau que « l’emblème national » ne sera brandi dans les manifestations, avait annoncé mercredi le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah, véritable homme fort du pays, en allusion au drapeau berbère très présent dans les défilés.

Moussa O