Déclaration de politique générale: Ouyahia répondra aujourd’hui aux députés

0
1097

Après quatre jours de débat consécutifs, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia sera aujourd’hui face aux députés pour répondre aux interrogations qu’ils ont posées lors du débat général autour de la déclaration de politique générale du gouvernement.

Le chef de l’exécutif devrait, à ce propos, apporter les éclaircissements nécessaires quant aux préoccupations soulevées par les membres de l’APN, notamment en ce qui concerne les problèmes liés au développement local, aux attentes des citoyens et la nécessité de consolider le processus de réformes et s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures. Lors du débat, les députés de la majorité parlementaire ont estimé que « la valorisation des efforts du Gouvernement implique la poursuite des réformes dans les domaines du développement local, la levée des entraves bureaucratiques et la lutte contre la corruption, dans le cadre de la loi et de l’indépendance de la justice ». Se disant convaincu par la déclaration de politique générale, le député Lezhar Chebili (RND) a affirmé que « c’est un bilan satisfaisant dans l’ensemble », citant le montant des crédits alloués aux plans communaux de développement (PCD), ayant augmenté de 60 Mds Da à 100 Mds Da. De son côté, le député Ahmed Menai de la même formation politique a plaidé pour « l’accélération » de la cadence des projets de développement au profit des régions frontalières, faisant référence au projet de transformation du phosphate d’El Aouinat, générant, a-t-il dit, des recettes estimées à 2 Mds USD/an et 12.000 postes d’emploi permanents, outre ses avantages sur les wilayas limitrophes de Tébessa. Les députés du FLN se sont dits favorables à « davantage de réformes en vue de s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures » et à « la révision du marché national local » dans le but de sa réorganisation et de la lutte contre la fraude. Pour sa part, le député Slimane Saadaoui (FLN) a évoqué « un choc financier » révélé dans la déclaration de politique générale, citant les indicateurs économiques annoncés par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, concernant les dettes liées à l’investissement (49,7%), la dette intérieure (36%), la production pétrolière (moins de 13% contre 10% de revenus seulement) et les réserves de change (138 Mds USD), ajoutant que « les échecs dans la gestion sont une vérité à dire en toute franchise et loin de toute offense à l’égard des responsables ».  Les députés du RCD ont exprimé, de leur côté, plusieurs critiques au Premier ministre et aux membres de son gouvernement, qualifiant les chiffres avancés dans la déclaration d' »incorrects » et ne reflétant pas la réalité. Le député Fetta Sadat (FFS) a évoqué, quant à elle, « l’absence du principe de séparation des pouvoirs », alors que le député Hamdous Mohamed a abordé, pour sa part, « les restrictions aux libertés et l’exode des cerveaux vers l’étranger », outre « l’absence d’une politique réelle et saine à même de garantir la dignité aux citoyens ». D’autres députés ont souligné la nécessité de pallier les insuffisances relevées dans plusieurs secteurs économiques en vue de réaliser une relance économique diversifiée et durable, saluant par la même occasion, les réalisations accomplies dans plusieurs domaines. A ce propos, la députée Saloua Laloui du parti du Rassemblement national démocratique (RND) a salué les réalisations accomplies lors des deux dernières décennies, dans plusieurs secteurs, en têtes desquels le secteur de l’Agriculture, relevant toutefois, l’impératif dégel de certains projets, notamment ceux revêtant un caractère prioritaire. Nora Labiod, de la même formation politique, a valorisé la teneur de la Déclaration de politique générale du gouvernement, qu’elle a qualifié d' »exhaustive », en ce sens, a-t-elle dit, qu’elle a apporté des éclaircissements autour des différents aspects de la vie politique, économique et sociale dans le pays. Après avoir noté « une réelle volonté politique de relancer l’économie nationale », la même députée a appelé à consentir davantage d’efforts pour concrétiser une croissance économique diversifiée et non tributaire des recettes issues du secteur des hydrocarbures. Elle a mis en exergue, dans ce cadre, la nécessité d’œuvrer à une relance des autres secteurs, à l’instar des secteurs de l’agriculture et de l’industrie, d’intensifier les efforts visant la lutte contre la bureaucratie, aux fins de facilitation de l’investissement hors-hydrocarbures et de la modernisation de la gestion dans les différents secteurs économiques. Mme Labiod a plaidé, à cette égard, pour des actions pour lutter contre le chômage, notamment dans les milieux des jeunes et de faciliter leur réinsertion dans la vie professionnelle. Le député Ahmed Taleb Abdellah du Parti des Jeunes (PJ), n’a pas remis en cause, pour sa part, les efforts consentis ces dernières années dans différents domaines, déplorant, toutefois, la dépendance du pays aux hydrocarbures. Il a mis en garde, à cet égard, contre la dégradation du pouvoir d’achat et l’accroissement du phénomène de trafic de devises qui détruit l’économie nationale et entrave la concrétisation d’une relance économique diversifiée et durable. A son tour, Fatima Saidi, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a déploré la dépendance totale de l’économie nationale aux recettes des hydrocarbures, et ce en dépit des efforts consentis par le Gouvernement dans ce sens. Saluant les efforts déployés par l’Etat dans les différents domaines, la députée du FLN, Hendia Merouani a appelé à la nécessité d’encourager l’investissement productif notamment en agriculture qui est, estime-t-elle, « une réelle alternative économique » à même d’apporter une importante valeur ajouté à l’économie nationale. Devant les députés, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est longuement efforcé à défendre e bilan de son gouvernement pour les cinq dernières années, tout en évoquant le contexte actuel marqué par de nombreux défis, notamment aux plans économique et sécuritaire. Ouyahia a indiqué, à cet égard, que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution, tout en mettant en garde contre d’éventuels « dérapages », et évoqué une Conférence nationale de consensus sans précédent pouvant proposer un amendement « radical » de la Constitution. Tout en se félicitant du déroulement pacifique des manifestations enregistrées vendredi dans plusieurs wilayas du pays, a appelé à la « vigilance pour éviter tout dérapage » pouvant survenir au cours de ces manifestations, d’autant plus, a-t-il dit, qu’elles ont eu lieu suite à des appels anonymes sur les réseaux sociaux. « Jusqu’à présent ces manifestations sont pacifiques mais elles pourraient revêtir un autre caractère demain », a prévenu le Premier ministre, observant qu’un « aperçu de ces possibles dérapages a été donné à travers des appels aux élèves des écoles à prendre part aux manifestations. Commentant le contenu des slogans scandés lors des manifestations, appelant notamment au changement, M. Ouyahia a affirmé que l’élection présidentielle du 18 avril prochain sera l’occasion pour le peuple algérien de faire son choix « en toute liberté et en toute souveraineté ». « Chacun a le droit de défendre un candidat ou de s’opposer à lui, mais c’est l’urne qui tranchera de façon pacifique et civilisationnel », a-t-il fait valoir. Revenant sur la Conférence nationale de consensus que le président Bouteflika, dans sa lettre de candidature à l’élection présidentiel, s’est engagé à convoquer s’il était réélu pour un autre mandat, M. Ouyahia a précisé que cette conférence serait « une première dans l’histoire de l’Algérie », qu’elle serait ouverte à « tous » et constituerait un espace pour faire des propositions en vue « d’opérer un changement dans le pays, y compris à travers un amendement de la Constitution pouvant être radical ». « C’est une main tendue sincèrement par le président Abdelaziz Bouteflika » aux forces politiques, sociales et économiques du pays « sans exclusion » afin de « débattre librement, de dégager une plateforme politique, économique et sociale, et de proposer aussi une réforme constitutionnelle à la hauteur de leurs attentes », a-t-il ajouté. « Nous pouvons être d’accord, comme nous pouvons diverger, mais nous sommes tous les enfants de l’Algérie qui a souffert de la tragédie et l’Algérie est en droit aujourd’hui de vivre en paix et dans la stabilité, le peuple algérien ne doit pas perdre les fruits de la stabilité qui est le résultat de sa volonté lorsqu’il a choisi la paix et la réconciliation nationale », a-t-il souligné. Dans son argumentaire en faveur de cette conférence, M. Ouyahia a expliqué que face aux défis et aux enjeux, l’Algérie est interpellée pour « redoubler d’efforts et approfondir ses réformes », à travers une « jonction féconde des énergies dans le respect des diversités d’opinions ». Enumérant les défis et enjeux auxquels l’Algérie est confrontée, il a cité, au plan interne, « l’importante progression » réalisée dans le domaine du développement ,notamment humain, les « ambitions légitimes » des jeunes générations, les « exigences intégrales » d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste, ainsi que la nécessité de développer davantage une économie diversifiée et compétitive, fournissant à l’Etat les ressources nécessaires pour la pérennité de la politique nationale de justice sociale et de solidarité nationale. Au plan externe, le Premier ministre a mentionné l’instabilité, les foyers de tension, de terrorisme et de crime transnational qui persistent dans le voisinage immédiat, ainsi et les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale en général et les facteurs de bouleversement qui s’accumulent sur le marché international des hydrocarbures. Passant en revue l’état de mise en oeuvre du programme du président Bouteflika pour la période 2014-2018, M. Ouyahia a affirmé qu’il est marqué par des « avancées majeures dans tous les domaines » grâce à « la continuité et la persévérance dans la démarche ». Le Premier ministre a évoqué aussi une « véritable renaissance nationale » au cours de ces 20 dernières années.