Ligue 1 Mobilis:  Ces présidents qui refusent de mourir

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 L’on croyait que Said Allik et Moh Cherif Hannachi avaient fait leur temps à la tête de deux prestigieux clubs l’USMA et la JSK.

Ils ont animé les débats des années durant, pendant lesquelles ils ont occupé le haut  de l’affiche en étant les principaux acteurs de la scène footballistique. Des acteurs influents et puissants qui se sont partagé les titres et la notoriété. Un destin en commun dichotomique qui les opposait pour mieux les réunir dans le panthéon de la gloire. Ils pouvaient dès lors aspirer à une retraite dorée, loin du brouhaha des stades et ses tourments. Mais visiblement rester loin des feux de la rampe les rongeait sournoisement. Ils n’ont pas supporté la froideur acérée de la solitude et de l’ostracisme. Comme une addiction, l’envie de reprendre du service les consumait à petit feu. Une mise sur la touche insupportable. Il n’y a pas plus éprouvant, en effet, que de passer de la glorification au néant de l’indifférence. Tous les «grands » déchus de ce monde vivant dans la nostalgie et les regrets connaissent ce sentiment où se mêlent abandon, désarroi et ingratitude.Said Allik qui a sorti l’USMA du marasme pour en faire un modèle et que l’on surnomme toujours « le Général » dans les fiefs usmistes, a commis le sacrilège de renier son club de cœur pour aller offrir ses services à un rival. Dès que les nouveaux propriétaires du CRB l’ont sollicité, il n’a pas hésité à accepter de relever le défi, foulant du pied un pan de l’histoire avec les Rouge et Noir. Il n’y a plus d’amour indéfectible des couleurs dans le football, l’argent, les intérêts et le business ont pris le dessus. Dans ce monde impitoyable et cynique, il n’y a plus de place pour les sentiments. On est même prêt à faire un pacte avec le diable pour retrouver sa place au milieu de la photo. Les romantiques et les puristes sont déçus, voire choqués, mais Allik n’en a cure. Il entame une nouvelle expérience pour prouver (à qui ?), qu’il reste l’ingénieux gestionnaire capable de réussir n’importe où. Cela dit, il a pris d’énormes risques en s’engageant avec un club dangereusement menacé par la relégation. Mais pouvait-il faire autrement pour sortir de sa retraite forcée ? Il n’y avait que cette opportunité pour redevenir l’homme qu’il était. Si son ancien rival Moh Cherif Hannachi n’a pas été contacté par un autre club, du moins pour le moment, il aimerait bien en revanche que l’on se rappelle à son bon souvenir. Dernièrement, il a investi les plateaux de télévision pour s’adonner à l’un de ses sports préférés : la médisance. Il n’a épargné personne, ni ses successeurs à la tête de la JSK, ni ses ennemis de l’USMA. Evidemment, il a toujours le bon rôle dans l’histoire. Comme si le milieu du football n’avait pas assez de polémiques pour venir en rajouter une couche. Il est vrai que « plus on est de fous, plus on s’amuse ». Il manquait peut-être un protagoniste  pour donner plus de piquant et de dramaturgie à ce méli-mélo. Mellal, Serrar, Haddad, Kaci Said, Medouar, il ne manquait Hannachi pour que le cocktail soit plus explosif.«Il faut savoir quitter la table, lorsque l’amour est desservi, sans s’accrocher l’air pitoyable », dit la chanson. Mais apparemment Hannachi et Allik ne sont pas fans d’Aznavour.

Ali Nezlioui