La Banque d’Algérie a initié, durant l’année 2018, une large offensive en direction des banques pour le développement de l’inclusion financière aux fins d’une meilleure mobilisation des ressources financières dans un contexte marqué par l’objectif de diversification de l’économie.
Dans ce sens, les banques ont été appelées à se mobiliser plus efficacement aux fins de la bancarisation de la liquidité monétaire thésaurisée et de sa canalisation vers les objectifs de financement de l’économie. L’enjeu est aussi la réduction de la liquidité monétaire en circulation dans l’informel et l’instauration de la confiance avec la clientèle épargnante dans un cadre d’une relation bancaire professionnelle et sereine. Dans ce sens, les banques ont été appelées à « se secouer » pour se conformer à leurs obligations en matière de publicité et de vulgarisation des conditions de banque afin de mettre en confiance les épargnants potentiels. En effet, en raison d’une interprétation, souvent abusive et non fondée, des dispositions de la loi régissant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, certains guichets bancaires ont été à l’origine de refoulement de capitaux de manière arbitraire et sans justifications réglementaires. Cette interprétation restrictive que font certaines banques des dispositions réglementaires est constatée notamment en matière d’ouverture de comptes, d’acceptation des dépôts et de délais exagérés de mise à disposition des fonds. En conséquence, cette attitude a desservi les objectifs de l’inclusion financière et a généré, auprès des épargnants potentiels, un phénomène d’incompréhension et même de désaffection à l’égard des banques. Ce qui a été parmi les facteurs de la persistance de la sous-bancarisation. En effet, la circulation fiduciaire hors banques représente une certaine proportion de la masse monétaire (M2), évaluée à près de 33%, soit 4.675 milliards de dinars à fin 2017 se répartissant en encaisses transactionnelles et thésaurisation pour un montant estimé entre 1.500 et 2.000 milliards de dinars auprès des entreprises et ménages, alors que le reste représente la circulation fiduciaire dans l’économie informelle, soit un montant allant entre près de 2.680 et 3.200 milliards de DA. Les mesures de drainage des ressources financières ne concernent pas seulement la monnaie nationale mais également les devises thésaurisées dont les détenteurs font face à de différentes contraintes liées à l’ouverture des comptes, à l’alimentation et au fonctionnement de ces comptes et à la justification de l’origine des fonds. Ces différentes contraintes n’ont pas permis le développement de l’inclusion financière à travers la collecte de cette épargne devises qui constitue un apport certain de par le nombre de comptes actifs (4,7 millions de comptes), de par le montant de l’épargne constituée (l’équivalent de près de 5 milliards de dollars) et de par le potentiel qu’elle pourrait receler. Par ailleurs, pour élargir l’éventail des produits et services bancaires touchant l’ensemble des segments de l’économie, dans le cadre d’une intermédiation bancaire et financière organisée et adaptée, le Conseil de la monnaie et du crédit a approuvé le règlement relatif aux conditions d’exercice, par les banques et établissements financiers, des opérations bancaires relevant de la « finance participative » portant sur les produits financiers conformes à la Charia. Ce règlement définit les règles applicables aux produits dits participatifs ne donnant pas lieu à perception ou versement d’intérêt. Il s’agit des produits appelés Mourabaha, Moucharaka, Moudaraba, Ijara, Istisna’a, Salam ainsi que les dépôts en comptes d’investissement. Quant aux objectifs de ce règlement régissant cette activité spécifique des banques classiques universelles, il visent à prendre en charge les particularités de ce mode de financement et de collecte de ressources, à répondre au mieux aux attentes, actuelles et futures, des opérateurs économiques, à renforcer l’inclusion financière en contribuant à la mobilisation de l’épargne, en général, et particulièrement à celle circulant en dehors du circuit bancaire, selon la même source. L’autre mesure-phare de l’année est la décision du Conseil de la monnaie et du crédit d’augmenter le capital minimum requis des banques et des établissements financiers. Ainsi, le capital minimum requis des banques a été doublé pour passer à vingt (20) milliards de DA contre dix (10) milliards de DA, tandis que le capital minimum requis des établissements financiers passe à 6,5 milliards de DA contre 3,5 milliards de DA, sachant que la précédente décision d’augmentation du capital minimum exigé date de décembre 2008. A travers cette mesure, il s’agit de mettre à niveau en matière de réajustement du montant du capital par rapport au seuil minimal réglementaire datant d’une décennie, et de donner à la place bancaire et financière un signal fort en termes de renforcement de son assise financière et de sa stabilité. Ce qui confère aussi aux banques et établissements financiers une capacité plus conséquente en matière d’intervention dans le financement de l’économie nationale.
En dépit de l’augmentation de la liquidité bancaire, le déficit de la balance des paiements demeure élevé
Dans le sillage de la mise en œuvre du financement non conventionnel, la liquidité bancaire s’est nettement améliorée durant cette année en passant de 1.380,6 milliards de dinars (mds DA) à fin décembre 2017 à 1.500 mds DA à la fin octobre 2018. Quant aux crédits à l’économie, ils ont enregistré une hausse au 1er semestre 2018 en s’établissant à 9.408 mds DA à fin juin 2018 contre 8.880 mds DA à fin décembre 2017. Sur le plan des finances extérieures, une baisse a été enregistrée dans le déficit du solde global de la balance des paiements, qui est passé à 7,93 milliards de dollars à la fin juin 2018 contre un déficit de 11,06 milliards de dollars à la fin juin 2017. Mais les réserves de change de l’Algérie se sont amenuisées en baissant à 88,6 milliards de dollars à fin juin 2018 contre 97,33 milliards de dollars à fin décembre 2017. Ainsi, en dépit de la remontée du prix moyen du pétrole à près de 71 dollars durant le 1er semestre 2018, en contexte de baisse des quantités exportées, le déficit du solde global de la balance des paiements (et corrélativement l’érosion des réserves de change) demeure encore relativement élevé. Dans ce sens, des efforts supplémentaires d’ajustement sont nécessaires pour rétablir les équilibres macroéconomiques afin d’assurer la viabilité de la balance des paiements et de limiter l’érosion des réserves officielles de change à travers un vaste programme de réformes structurelles.
N.I