Les défis du futur président suite à l’annonce de l’élection présidentielle fixée le 07 septembre 2024 sont nombreux et suppose une nette volonté politique d’accélérer les réformes tenant compte à la fois des nouvelles mutations mondiales et des mutations internes devant concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.
Force et de reconnaitre que La gestion volontariste depuis l’indépendance politique, les enjeux internes et les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : la faiblesse d’une véritable stratégie nationale de développement. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive – parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti à une transition économique allant vers une économie de marché productive à finalité sociale qui traîne en longueur. Du fait du bouleversement géostratégiques qui s’annone inéluctablement, pour éviter toute marginalisation, il s’agira d’avoir une planification stratégique, afin de relever le niveau de la croissance économique et donc le niveau de production et de productivité par le renouveau de la gouvernance et notamment la restructuration notamment du secteur public et la dynamisation du secteur privé productif, loin des aléas de la rente des hydrocarbures qui échappe à la décision interne , mais ne devant pas être utopique de levier pour une économie diversifiée rentrant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux
1.-. Les réformes de la transition socio-économique renvoient à la refondation de l’Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face aux mutations tant internes que mondiales. La refondation de l’Etat passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Le passage de l’État de « soutien » à l’Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat. L’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs, car la gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Cela suppose de poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat largement influencé par les effets de nouvelles mutations mondiales dont la transition énergétique, numérique ( attention aux cyber attaques,) des effets du réchauffement climatique et de la recomposition du nouveau pouvoir économique, politique et militaire mondial à travers un monde multipolaire en devenir. Il y a urgence dans cette trajectoire de refondation de l’Etat de se poser cette question : est-ce que les formations politiques algériens sont dans la capacité aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, évitant les logiques d’affrontement, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national ? En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d’acteurs qui s’y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché. Quant à la société civile dans l’implication de la gestion des affaires de la cité, sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe dans ses relations à la société rendent impérative une réflexion collective à ce propos. Dans cet ordre d’idées, l’Etat doit encourager la création d’associations dans des secteurs qui sont porteurs mais qui restent vierges et complètement ignorés du mouvement associatif ; de faire de ce cadre un instrument efficace d’encadrement de forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans l’œuvre de redressement national. Mais cette politique n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et que si les associations qui le composent ne soient pas au service d’ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses. Sollicitée à maintes reprises, et à l’occasion d’échéances parfois cruciales, cette dernière manifeste souvent sa présence d’une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Elle est scindée en quatre segments : une société civile principal interlocuteur de l’Etat, ; une société civile appendice des partis islamiques légaux ; une société civile dite démocratique nombreuse, mais atomisée et minée par de rivalités de leadership et enfin une société civile la plus nombreuse, la plus active, collant avec la société, une société civile informelle.
2.Les exigences d’un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives déclencherait alors une dynamique de complétions positives et rendront la maîtrise des groupes plus faciles pour la centralité politique nationale, donc d’aller vers une réelle décentralisation à ne pas confondre avec déconcentration autour de six à sept grands pôles économiques régionaux.. Cellule de base par excellence, la commune a été régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit frappés de caducité. L’objectif central de la démarche est de transformer la commune « providence » en « commune entreprise ». Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation qui hypothèquent la cohésion sociale. L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale, car il n’existe nulle part dans le monde un Etat ultra libéral. Comme je l’ai démontré dans un ouvrage paru à l’Office des Publications Universitaires (OPU Alger 1983) « valeur, prix et croissance économique», en référence à la théorie de la thermodynamique, le monde est en perpétuel mouvement. Même la pierre et notre univers (avec le réchauffement climatique influences géostratégiques sur la cartographie géographique mondiale) que l’on croit inerte se décomposent lentement à travers les décennies et les siècles. La société n’échappe pas à cette règle ou les mouvements culturels ( qui seront prépondérants entre 2030/2040), économiques, sociaux, politiques avec des acteurs n’ayant pas toujours les mêmes objectifs, engendrent des transformations soit positives ou négatives. Le temps ne se rattrape jamais en économie que l’on peut définir comme la maîtrise et le gain du temps et toute Nation qui n’avance pas recule forcément.. C’est dans ce cadre que le défi du futur président sera de mettre en œuvre une véritable stratégie d’adaptation face à ce monde turbulent et instable. En ce XXIème siècle, avec l’émergence du nouveau pouvoir économique mondial ,l’influence diplomatique repose sur une économie forte. Dans ce contexte , Il n’est plus permis d’ignorer la nécessaire adaptation de l’Algérie dont son devenir est dans l’espace euro-méditerranéen et africain son espace naturel. Aussi les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des replâtrages organisationnels, nécessitent d’analyser les relations dialectiques réformes et les segments de la production de la rente ( Sonatrach) et celui de sa redistribution ( système financier), bouleversent des intérêts, les gagnants de demain n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui.. Or tout projet étant porté par forcément des forces sociales, souvent avec des intérêts différents, en démocratie les urnes la population tranchant sur le projet de société, où la minorité politique se soumet à la volonté de la majorité, tout en restant une force de propositions. Comment ne pas rappeler que de 1974/2023, j’ai eu l’honneur de coordonner plusieurs ouvrages pluridisciplinaires, d’une brûlante actualité ayant abordé les réformes politiques, sociales et économiques, fruit d’un travail collectif à la rédaction duquel ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en économie et en sciences politiques des universités d’Oran et d’Alger (Casbah Editions deux volumes 520 pages sous le titre réformes et démocratie- 2005) . A cette époque j’avais donné plusieurs conférences suite à la création de l’association nationale de développement de l’économie de marché ADEM fondée en 1992( agrément ministère intérieur 63/92) que j’ai eu l’honneur de présider de 1992 à 2015, aux universités de Annaba, de Constantine, de Tizi Ouzou, de Béjaïa , Mascara , Sidi Bel Abbès, Tlemcen, d’Oran, à l’Académie militaire Interarmes de Cherchell, à l’Ecole supérieure de Guerre, à l’IMPED Institut militaire de prospective , conférence devant le Commandement de la Gendarmerie nationale, des cadres de la direction de la sûreté nationale DGSN ainsi que de nombreuses conférences au niveau international (USA /Europe) dont la rencontre devant la majorité des ambassades accrédités en Algérie à l’invitation de l’ambassade de l’Union européenne, et ce afin pour expliquer notre démarche. Privilégiant uniquement les intérêts supérieurs du pays, notre souci est l’alternance démocratique tenant compte de notre authenticité, afin d’arriver à une économie diversifiée hors-hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales avec l’avènement de la quatrième révolution économique mondiale 2024/2030/2040. ( voir nos interviews 2017/2020 à /AfricaPresse Paris, l’autre à l’American Herald Tribune « Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges)..
En résumé la solution du redressement national se trouve en le retour de la confiance en les institutions de la république, dans le rassemblement tenant compte des différentes sensibilités, l’unanimisme étant source de décadence, pour faire face tant aux défis internes qu’aux tensions géostratégiques externes grâce au dialogue productif privilégiant uniquement l’avenir de l’Algérie. Les objectifs stratégiques du futur président de la République est d’asseoir les bases d’une économie émergente horizon 2030 sous réserve de profondes réformes, et l’Algérie selon la majorité des institutions internationales en a les potentialités. Pour cela elle a besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’un même projet, d’une même ambition et d’une même espérance concilier la sécurité nationale , l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.
A.M