Une histoire de bananes       

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C’est un épisode de la vie économique nationale que les « moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre» : au début des années 80, le président de la République d’alors avait initié le fameux PAP, programme anti-pénurie qui devait noyer le marché national de toutes sortes de produits superflus. Alors nous eûmes des vitrines submergées d’appareils-photo de dernière génération, d’électroménager,  de noix, de fromage hollandais, de jouets et…de bananes à profusion que les Algériens achetaient par cartons entiers. Jusqu’au réveil brutal de la fameuse crise de 1986 où le baril de pétrole atteignit son plus bas niveau, obligeant au serrage de ceinture.  Aujourd’hui, plus de trente ans après, nous vivons une situation étrangement similaire et à écouter le ministre du Commerce annoncer que 90.000 tonnes de bananes ont été autorisées à l’importation afin de freiner l’incroyable inflation qui a marqué ce fruit, on se dit que nous sommes au même point puisque l’économie nationale a fonctionné au rythme du prix du baril et non sur la base de plans savamment conçus, susceptibles de relancer des secteurs vitaux dont essentiellement l’agriculture. Plus clairement, manquons-nous à ce point de bananes pour que le ministre en fasse un sujet des préoccupations? Cela fait plus de deux mois que le fruit a atteint des prix vertigineux et il a été boycotté tout simplement, que ce soit par la « plèbe», les couches laborieuses mais aussi par les autres, ceux qui en avaient les moyens mais refusaient de l’acheter à 800 dinars le kilo par principe.  Au final, seuls quelques rares marchands le proposent et l’Algérien ne s’en est pas porté plus mal en refusant le diktat des importateurs. C’est dire que la banane demeure le dernier souci des consommateurs confrontés à la flambée d’autres produits autrement plus nécessaires, l’ail, la pomme de terre et tout le reste. Faut-il encore autoriser l’importation de tonnes d’ail chinois?