Transferts des joueurs à l’étranger:  Le modus operandi du Paradou

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 Au moment où pratiquement tous les pensionnaires de la Ligue 1 et ceux de la Ligue 2 avouent leur impuissance et leur incapacité à gérer financièrement leurs formations sans l’intervention de l’Etat, un club se démarque en parvenant à se prendre en charge et à s’autofinancer grâce aux ventes de ses joueurs.

Il s’agit, vous l’avez deviné, du Paradou AC. C’est un cas unique et exceptionnel de réussite chez nous non pas sur le plan des résultats sportifs (pas encore), mais plutôt dans la gestion professionnelle du groupe. En se lançant et en investissant dans la formation, il y a une dizaine d’années, les frères Zetchi savaient pertinemment qu’ils allaient en récolter les dividendes quelques saisons plus tard. Le temps leur a donné raison, puisque leur club exporte à présent  des joueurs talentueux, notamment vers l’Europe. Pourtant, le footballeur algérien évoluant dans le championnat local n’a pas vraiment la cote, ni d’ailleurs une bonne réputation extra-muros. Malgré ce handicap de taille, les dirigeants du Paradou sont parvenus petit à petit à placer leurs éléments en Europe et commencent à s’introduire dans ce marché pourtant réputé très fermé, où les agents font la pluie et le beau temps. Il faut dire que le modus operandi des dirigeants pacistes est simple. Il pourrait être considéré comme dévalorisant à première vue, mais visiblement il est efficace. Il consiste à prêter leurs joueurs une année. Le club preneur ne paye aucune indemnité de transfert, il s’engage seulement à assurer le salaire du joueur qui varie entre 15 000 et 20 000 euros. Ensuite, si le joueur fait ses preuves et il est transféré ailleurs, le Paradou récupère 70% de la vente et le club accueillant les 30% restants. C’est ce que nous apprend dans un entretien au site Get French Football News, l’ancien scout de Bordeaux, Laurent Calippe qui voulait transférer l’international du PAC Hicham Boudaoui chez les Girondins, cet été. L’on suppose que c’est ce qui s’est passé avec Ramy Bensebaini et Youcef Atal, prêtés respectivement à Montpellier et Courtrai avant d’être vendus à Rennes et l’OGC Nice. Hicham Boudaoui et Haithem Loucif devront également être prêtés en France ou en Belgique dans les jours à venir pour suivre probablement le même parcours que leurs anciens coéquipiers. Ayant été bien formés et avec leur talent, ils ne manqueront pas de sollicitations dans quelques mois. En tout cas, les dirigeants du Paradou espèrent les transférer définitivement pour remplir leurs caisses. C’est du gagnant-gagnant à tous les coups.

Ce n’est pas tout. Même les joueurs qui ne sont pas « exportables » pour le moment, sont prêtés localement aux grosses cylindrées du championnat comme l’USMA, le MCA ou encore la JSK, contre une belle somme d’argent. L’on cite le cas de Benguit qui a rejoint dernièrement l’EST pour 742 000 euros, ou encore Benkhelifa à l’USMA et bien d’autres qui font le bonheur des clubs de l’élite.

L’on comprend dès lors pourquoi jouer les premiers rôles en championnat n’intéresse pas vraiment le Paradou. On l’a constaté la saison écoulée où les Jaune et Bleu auraient pu facilement prétendre au titre, mais ils n’ont pas vraiment montré une réelle envie d’aller le chercher. Le fait que le club n’ait pas une assise populaire explique peut-être leur détachement.  Apparemment le PAC est né pour faire des affaires et il s’en contente pour le moment.

Ali Nezlioui