Les leçons du taux de participation de l’élection présidentielle du 07 septembre 2024: Les défis socio politiques de l’Algérie 2025/2030 comme facteur de mobilisation pour le développement, sont la   restructuration du système partisan et de la société civile

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Selon  le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE),pour plus de 24 millions d’électeurs inscrits,  le taux de participation préliminaire à l’élection présidentielle, qui s’est déroulée samedi 7 septembre 2014 en Algérie , étant passé de 4,56% à 10h, 13,11% à 13h , 26,45% à 17h  a  atteint 48.03% à la fermeture des bureaux de vote à 20h00  contre 39,88% lors de la  précédente élection présidentielle de 1999, il faut le reconnaître , un taux relativement faible , cela n’étant pas  propre à l’Algérie, et devant en plus comptabiliser les bulletins nuls et le nombre de voix par  rapport aux inscrits de chaque candidat .

 1.- Les partis politiques dont la fonction est déterminante comme intermédiation politique, sociale et économique  ont actuellement un impact limité pour la mobilisation des citoyens, rendant urgent la  restructuration  du système partisans et la société civile officielle  bénéficiant  pourtant d’un budget de ‘l’Etat conséquent  et que seules  deux institutions tiennent  l’Algérie , l’ANP et les forces de sécurité dans toute leur composante,   pour la stabilité et la  défense du territoire  et sur le plan économique Sonatrach  qui avec les  dérivées comptabilisées dans la  rubrique hors hydrocarbures pour 67% en 2023 selon les statistiques gouvernementales officielles,   représentent 98% des recettes d’exportation en devises du pays  . Cependant,  la méfiance vis-à-vis du politique n’est pas propre  à l’Algérie   avec une méfiance accrue des citoyens vis-à-vis du politique  du fait que les vieilles recettes de mobilisation ne portent plus ,voyez le cas de la crise politique actuelle en France et même le pays dit le plus démocratique , les USA ont un taux de participation moyen . Pour l’Algérie, par le passé, les différents taux de participation aux différentes élections locales ou nationales  sont biaisés  car  étant gonflés par l’administration. Il faut reconnaître pour le taux de participation annoncé  traduit  une  relative neutralité de l’administration ce qui permet d’avoir un taux proche de la réalité : Cependant , le constat est la  méfiance de citoyens vis-à-vis des partis tant du pouvoir que de l’opposition,  avec une société civile éclatée. Enjeux de pouvoir internes, crise économique, sociale et culturelle et, enfin, contraintes externes de plus en plus pesantes rendent urgent  une véritable stratégie nationale d’adaptation au phénomène total des nouveaux enjeux géostratégiques    et des nouvelles mutations économiques  mondiales nous orientant  vers un monde multipolaire  et un nouvel ordre mondial  où toute Nation qui n’avance pas recule forcément , n’existant dans toute société  de situation statique( voir  valeur et croissance-  ouvrage du professeur Abderrahmane Mebtoul -Office des Publications Universitaires – Alger 1983-120 pages-  :la théorie de la  thermodynamique  appliquée à l’analyse de la société ). Ce qui m’amène à aborder l’urgence , à la lumière du taux de participation de l’élection présidentielle du 07 septembre 2024, d’une restructuration  du système partisan et de la société civile sur des bases nouvelles car  un  système partisan et une société civile doivent être au service du citoyen. Or pour  la majorité, leur présence se fait d’une manière formelle et ostentatoire lors des élections meublant le vide, impuissant presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappent la majorité d’entre elles, de la défiance nourrie à leur égard et à l’endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles ont une faible capacité aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national.  Et la question stratégique est la suivante : Ira-t-on vers un réel changement salutaire en réorganisant la société, du fait des bouleversements géostratégiques mondiaux annoncés entre 2025/2030/2040, ou simplement du replâtrage différant les tensions sociales inévitables à terme grâce à la distribution passive de la rente ? Ce sont là des raisons suffisamment importantes pour envisager sérieusement de réorganiser le système partisan pour qu’il puisse remplir la fonction qui est la sienne dans tout système politique démocratique, devant laisser le soin au marché et non à l’administration  la création de partis artificiels,  de mesurer le poids de chaque Parti  fonction du nombre de ses adhérents réels.. D’où l’urgence de sa restructuration loin des injonctions administratives. En effet, le discrédit qui frappe les formations politiques doit laisser la place à des formations crédibles non créés artificiellement supposant une appréciation objective du statut et du rôle qui doivent être les leurs dans une société qui ambitionne de rejoindre le rang des sociétés démocratiques et afin de mobiliser la société d’autant plus que pour les années à venir, les réformes différées pour une paix sociale fictive, transitoire, seront très douloureuses. Quant à la société civile, force est de constater qu’elle est éclatée y compris certaines confréries religieuses qui avec la désintégration sociale et une jeunesse parabolée ont de moins en moins d’impacts contrairement à une vision du passé.. Comme pour les partis, excepté une centaine se manifestent que sur instrumentalisation, la majorité vivant du transfert de la rente et non sur la base des cotisations de leurs adhérents. C’est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et rendent impératif une réflexion qui dépasse le simple cadre de cette contribution. En raison de la jeunesse très grande de la société civile, des conditions historiques qui ont présidé à sa naissance et des événements tragiques qu’a connus notre pays et auxquels elle a été directement ou indirectement associée, la question qui touche à sa mobilisation doit être traitée avec une attention et une vigilance soutenues. Héritière, dans une certaine mesure, des anciennes organisations de masses du parti unique – puisqu’elle y puisera une partie substantielle de ses cadres et de ses militants – elle va littéralement exploser dans les tous premiers mois qui ont suivi l’avènement du multipartisme. Paradoxe : malgré un contexte sécuritaire particulièrement difficile et dissuasif, dans les années 1990, elle va connaître, à l’instar du système des partis, un développement intensif et débridé durant la décennie écoulée. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l’ouverture démocratique, elle reflétera les grandes fractures survenues dans le système politique national Ainsi la verra-t-on rapidement se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes, trois au niveau de la sphère réelle et une dominante dans la sphère informelle. Le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l’unique des pouvoirs publics sont des sociétés civiles appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. Pour la majorité des partis légaux déconnectés de la société ,  leurs impacts pour le taux de participation aux élections de 2000 à 2024 a été relativement faible Nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l’appendice de partis islamiques légaux. Nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Pour ces trois premières sociétés civiles, comme pour les Partis , leurs impacts pour le taux de participation aux dernières élections de 2000 à 2024 a été relativement faible. Et enfin nous avons une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante avec des codifications précises formant un maillage dense et sans son intégration, non par des mesures bureaucratiques autoritaires, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile. Car lorsqu’un Etat veut imposer ses propres règles déconnectées par rapport aux pratiques sociales, la société, enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner avec ses propres organisations. La dynamisation de la société civile afin d’en faire un instrument efficace d’encadrement de forces vives et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans la société n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif qui le compose ne soit pas au service d’ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses.

2.-Ce qui m’amène à poser  la problématique de la refonte de l’Etat, devant éviter de référer aux intellectuels organiques aux ordres, selon l’expression du philosophe Gramsci, qui d’ailleurs n’ont aucun  impact  ni au niveau national, ni au niveau international, meublant certains médias, contre productif pour le pouvoir lui même, cela traduit la faiblesse  d’une élite agissante, capable d’élaborer des idées structurantes et peser par ses analyses sur les tendances et les choix majeurs qui fondent et marquent le lien social. Cela n’est pas propre à l’Algérie où nous assistons presque partout à travers le monde au discrédit du politique La logique des alliances et la sémantique des discours politiques  expriment souvent une sorte de désarroi intellectuel face à la transformation rapide de la société et particulièrement son rapport avec la société où grâce aux nouvelles technologies  les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant.. Or, tout discours politique doit coller avec la réalité et  les aspirations de la société algérienne en mutation, ce qui renvoie à la refondation de l’Etat. Le passage de l’État de « soutien » à l’Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la nation et l’Etat. L’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La compétence n’est nullement synonyme de postes dans la hiérarchie informelle, ni un positionnement dans la perception d’une rente. Son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées  afin  de réaliser une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité. La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique (changement de gouvernement ou de ministres). Elle passe par une nouvelle gouvernance, une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et donc une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité s’ils veulent mobiliser l’opinion. Il n’est plus permis grâce à une aisance financière, de continuer de dépenser sans compter, importer au lieu de privilégier la production locale se fondant tant sur l’entreprise locale ou étrangère créatrice de richesses impliquant une nette volonté politique  d’aller vers une économie de marché concurrentielle à finalité sociale. La bonne gouvernance implique des aménagements dans l’organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat largement influencé par les effets de la mondialisation dans le développement économique et social..  Les   exigences d’un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives déclencherait alors une dynamique de compétitions positives et rendraient la maîtrise des groupes loin de la centralité politique largement dépassée. L’autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement mais un acte qui renforce la bonne gouvernance en renforçant le rôle de la société civile et afin de transformer la commune « providence » en « commune entreprise » Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale. Ce qui implique une réelle décentralisation autour de six à sept grands pôles économiques régionaux, piloté par des chambres de commerce régionales regroupant entreprises publics, privées, banques, universités, centres de recherche, syndicats, réseaux de la  société civile , les autorités  centrales et locales servant de facilitateurs , de régulateur , étant   illusoire  de vouloir  fonder le développement sur des réseaux de l’administration. Cette décentralisation doit marquer l’ ’implication du citoyen dans le processus décisionnel en donnant un sens positif à l’action de l’Etat  dans son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. Les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des plâtrages organisationnels, impliquent d’analyser avec lucidité les relations dialectiques réformes, les segments de la production de la rente (Sonatrach) et celui de sa redistribution (système financier), les gagnants de demain n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui. Lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s’accroît, paradoxalement les réformes sont freinées  et l’on assiste à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère. Ce couple contradictoire rente/réformes traduisant des luttes  pour le partage de la rente, explique l’instabilité juridique et le manque de cohérence  dans la réforme globale.

En résumé, La leçon à retenir au vu du taux de participation  est  que le  président  Abdelhamid Tebboune ne doit pas grand chose aux différents Partis   ainsi que certains segments  de civile qui l’ont soutenus ce qui lui donne  une marge de manœuvre large pour constituer le futur gouvernement  dont l’objectif numéro 1   sont l’accélération des  réformes pour relancer la machine économique   Comment  ne pas rappeler qu’entre 1980//2024 ,  j’ai eu l’honneur de de coordonner  des ouvrages pluridisciplinaires,  ,ayant abordé les réformes politiques, sociales et économiques, et ce afin d’expliquer notre démarche de la transition fondée sur l’alternance démocratique tenant compte de notre riche  anthropologie culturelle, fruit de travaux collectifs  auquel ont contribué des  spécialistes en anthropologie, en sociologie, experts miliaires, en économie et en sciences politiques, et parallèlement  ayant donné plusieurs conférences  devant le parlement européen , à l’Université de Clemson-Caroline du Sud -USA , au siège de l’Unesco , devant les ambassadeurs accrédités à Alger, au siège du  ministère des affaires étrangères Algérie, à  l’Académie Inter-Armes de Cherchell, – à l’Ecole Supérieure de Guerre, à l’ Institut miliaire IMPED -MDN , devant les cadres de la DGSN et de l’Etat – major de la gendarmerie nationale ,aux universités de Annaba, Constantine, de Tizi Ouzou, Bejaia , de Sid Bel -Abbès, Tlemcen, d’Oran et à l’école nationale d’administration d’Alger (ENAà  -Voir Ouvrage collectif toujours d’une brulante actualité sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul -les enjeux de l’Algérie : réformes et démocratie 2 volumes Casbah Edition Alger- 2005 (520 pages e t e Maghreb face aux enjeux géostratégiques  Harmattan Paris 2017/2018 ).  Dans  tous ces ouvrages et conférences, j’ai mis l’accent, évitant tant l’autosatisfaction que la critique gratuite, que le défi de l’Algérie  horizon 2030 sera essentiellement économique avec des stratégies d’adaptation face au nouveau monde.  L’Algérie, pays  à fortes potentialités, peut   devenir entre 2028/2030 ,sous réserve de profondes réformes et elle a les potentialités,  un pays pivot  facteur de la sécurité des espaces méditerranéens et africains. La solution est essentiellement interne  et il  appartient aux citoyens algériens et eux seuls de réaliser cette espérance. Les Algériennes et les Algériens tenant compte  avec force de l‘unité nationale, veulent vivre leurs différences dans la communion et non dans la confrontation. L’Algérie qui traverse une phase cruciale de son histoire a besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance : un développement harmonieux conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale.  

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